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Teahupo’o : Derrière la vague, des hommes, une nature et une culture à préserver.

A l'occasion de l'inauguration officielle de la Billabong Pro 2015, le maire de Teahupo’o avait invité le ministre des sports et son équipe à voir ce qu’il y avait derrière cette vague cristalline de renommée mondiale. Visite de la zone de Rahui, découverte des richesses naturelles et culturelles, Gérard Parker avait voulu rappeler à tous que derrière la vague, il y a une population, une nature et une culture riche qu’il est important de préserver pour les générations futures.


La vague qui marque la fin de la route.
La vague qui marque la fin de la route.
TEAHUPO’O, le 14 août 2015. Le maire de la commune de Teahupo’o en poste depuis un an, Gérard Parker, était aux côtés du président du Pays lors de la cérémonie d’ouverture de la Billabong Pro Tahiti, une compétition d’envergure internationale. Malgré la pluie, il était important d’accueillir les visiteurs, comme la culture polynésienne sait si bien le faire.
 
Même si personne, ni rien, n’est irremplaçable, la billabong Pro Tahiti reste le ‘fleuron’ du World Tour, grâce à la qualité exceptionnelle de la vague, grâce à un environnement à couper le souffle et surtout grâce aux habitants de Teahupo’o qui permettent aux visiteurs d’apprécier la destination de manière unique.
 
L’occasion était trop belle, Gérard Parker a voulu profiter de la présence du ministre des sports René Temeharo pour lui faire découvrir avec passion ‘son district’, en lui faisant part des grandes lignes des actions en cours et en partageant avec le ministre et son équipe, un ma’a Tahiti authentique au delà du fameux PK 0.

Gérard Parker a conduit la visite de manière passionnée
Gérard Parker a conduit la visite de manière passionnée
Le premier arrêt a consisté à visiter la zone où un ‘Rahui’ a été instauré. La zone pour cette interdiction de pêche n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle correspond à une zone de reproduction pour les poissons. Un programme financé par l’Europe a pour mission d’accompagner la population dans la mise en place de ce Rahui.
 
Le Tavana a également évoqué la problématique de la centaine de personnes qui habitent au delà du PK 0 ‘le bateau initialement prévu pour ces gens est utilisé par les pompiers’ ou encore les problèmes d’approvisionnement en eau par des citernes spécifiques placées en hauteur. Il a également emmené ses invités à Faaroa, sur les lieux de l’accident qui avait coûté la vie à une touriste et à Raiponi son guide polynésien héroïque, un endroit d’une beauté impressionnante, rappelant qu’à Teahupo’o la nature est puissante et omniprésente et que la prudence est de mise.

La zone dangereuse de Faaroa
La zone dangereuse de Faaroa
Gérard Parker a ensuite tenu a montrer les richesses naturelles de la côte du ‘Fenua Aihere’, avec sa végétation luxuriante, ses cascades magnifiques, ses cours d’eau se déversant dans la mer, son océan d’un bleu-vert profond se jetant contre les falaises escarpées, évoquant dans sa langue avec passion, entre autres, la légende de Vaipoiri.
 
Lors du déjeuner, les convives ont évoqué la renommé internationale de la vague, le fait que certaines personnes locales ou étrangères ‘se font de l’argent’ sans que la communauté n’en profite réellement, mentionnant les récents buzz mondiaux du type ‘homme en feu’ à Teahupo’o ou ‘motocross à Teahupo’o’, pas très en phase avec le côté naturel et tranquille de la zone, en partie sans route de ceinture.

René Temeharo, Gérard Parker et Cécile Tiatia
René Temeharo, Gérard Parker et Cécile Tiatia
Gérard Parker au micro de Tahiti Infos :
 
Il y a la vague mais aussi des gens derrière, des choses que tu voulais partager avec Mr le ministre Temeharo ?
 
« Exactement. Il a la vague, le sport du surf qui est mondial. Je voulais aussi montrer ce qu’il y a dans la continuité. Il y a le Rahui qui a été mis en place avec en même temps une partie culturelle. ‘Te Pari’ que nous venons de voir, a été classé depuis 1935 ! Il y a plein de chose à trouver encore, plein de choses à mettre en place. »
 
Le Rahui est une richesse ancestrale, c’est utile de la réhabiliter ?
 
« Le terme Rahui est lié au sacré, au tabu. On a essayé de travailler sur le PGEM, quand on parle de PGEM, des aires marines protégées, les gens ne font pas attention. Ils disent que ce n’est pas un terme qui leur correspond. ‘Au temps des guerriers on parlait de Rahui’. Mais au niveau des textes on est obligés d’accompagner le dossier, le Rahui n’existe pas. »
 
« Aujourd’hui, le Rahui de Teahupo’o est international, il a été homologué à Marseille, pour que tout le monde sache qu’il y a un Rahui à Teahupo’o. On a travaillé avec les pêcheurs, cette zone là est une zone de reproduction, on a fait des recensements. Il y a des reproducteurs qui vivent dans la passe et de l’autre côté du récif. Quand les juvéniles arrivent, ils vont sur le platier pour y grandir. »
 
Le Rahui est respecté ?
 
« A Teahupo’o oui. Mais certains pêcheurs de l’extérieur viennent encore piller. Ce sont des jeunes qui ne comprennent pas encore, car on ne donne pas assez d’explications dans la famille. Quand les parents en parlent, c’est là que le tabu est respecté. »
 
Malgré cette vague qui attire beaucoup de monde, la commune manque parfois de moyens ?
 
« Une centaine d’habitants vivent au Fenua Aihere. Leur seul moyen d’accès est le bateau. On a fait un recensement, les gens ne veulent pas de la route. Il faut malgré tout mettre un service en place au niveau éducation, sécurité. L’ancienne équipe communale avait mis à disposition un bateau mais malheureusement la nouvelle équipe a repris le bateau pour les pompiers, alors que le bateau avait été financé par l’état pour les gens du Fenua Aihere. »
 
La richesse, c’est cette nature ?
 
« Voilà. On vit encore dans cette nature. Une équipe de recensement est actuellement en train de travailler à recenser Marae et autres richesses du passé. Ils ont trouvé plein de choses. Le sport cela se passe au contact de la nature. Je voulais montrer tout cela à Mr Temeharo car nous avons des projets de beach soccer. Je sens qu’il est très attaché à cette vie là. »
 
« Le but de cette visite était d’une part de montrer au gouvernement notre zone de Rahui et aussi de lui montrer qu’il y a un voilier échoué justement dans cette zone. Je n’ai pas les moyens de l’enlever alors j’essaye de frapper à la porte du gouvernement. On a réussi à trouver des moyens européens à travers le programme INTEGRE pour les balises ainsi que pour le recensement culturel à terre. »
 
« Personnellement, je suis très attaché à cette culture du Fenua Aihere. Plus longtemps on pourra la préserver et mieux ce sera. On ne sait pas ce qui arrivera avec nos enfants qui ont un autre mode de vie, une autre façon de faire, on espère qu’ils feront les bons choix. Merci à tous. »

Caroline Vieux, du programme européen INTEGRE
Caroline Vieux, du programme européen INTEGRE
Caroline Vieux du programme européen INTEGRE :
 
Comment décririez vous votre mission ?
 
« Je suis coordinatrice du programme européen INTEGRE pour la Polynésie française. C’est un programme qui a financé le balisage que vous venez de visiter. On travaille actuellement avec le service de la culture pour faire des prospections archéologiques et ethnobotaniques côté terre de ce Rahui, pour pouvoir éventuellement étendre le Rahui à la terre. »
 
Apparemment il y a beaucoup de choses ?
 
« C’est très riche, le village était situé dans cette zone là, il y a avait donc beaucoup d’habitants, beaucoup de possibilités de pêche, d’agriculture. »
 
Travailler dans ce genre de zone sans route cela vous inspire quoi ?
 
« C’est agréable. C’est sauvage. Les gens vivent directement de la pêche, de l’agriculture. On voit malgré tout dans les montagnes beaucoup d’espèces envahissantes, l’homme est quand même passé par là. On a plus les forêt primaires d’avant, hélas. »
 
Le Rahui est bien accueilli ?
 
« Le procès Intègre est participatif. Il vise à appuyer le développement durable de la Polynésie. On Travaille sur trois sites, Taiarapu ouest, Opunohu et Raiatea. Ce sont les acteurs eux mêmes qui nous proposent des projets à financer. La commune de Teahupo’o a commencé cette démarche de gestion participative et de mise en place du Rahui il y a quelques années maintenant. L’idée c’était un peu d’accompagner ce projet dans sa phase de concrétisation. »

Une eau bleu-vert et une végétation luxuriante
Une eau bleu-vert et une végétation luxuriante

Le balisage a été financé par le programme européen INTEGRE
Le balisage a été financé par le programme européen INTEGRE

Teahupo’o : Derrière la vague, des hommes, une nature et une culture à préserver.

Rédigé par SB le Vendredi 21 Août 2015 à 07:46 | Lu 1300 fois