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Tahiti Pearl Regatta: Manche 2 – Bora-Bora – Taha’a, aux caprices de l’alizé


Tahiti Pearl Regatta: Manche 2 –  Bora-Bora – Taha’a, aux caprices de l’alizé
On ne l’attendait pas. L’alizé d’Est tendance Nord Est s’est invité à la Tahiti Pearl Regatta 9ème du nom à l’occasion du parcours entre Bora-Bora et Taha’a. Fort d’une dizaine de noeuds allant se renforçant, il a pris un malin plaisir à tester le sens marin des régatiers en brouillant les cartes tout au long des 22 milles du parcours, et en redistribuant en permanence le jeu entre les partisans d’une route au plus près des récifs coraliens, et ceux partis au large. Adonnantes, refusante, sautes de vent au passage des sommets, inversion des courants… rien n’aura été épargné aujourd’hui aux 40 équipages en lice, pour le plus grand bonheur des tacticiens et navigateurs constamment écartelés entre concentration et observation des fascinants paysages marins et îliens à chaque virement de bord renouvelés. Peu de changements dans la hiérarchie bien établie désormais en temps réel, mais de superbes empoignades dans chacune des trois classes, tant sur les phases de départ qu’en approche toujours délicate des passes d’entrée et de sorties de lagons.

Une navigation toute en subtilité
Si la manche d’hier s’est sportivement résumée à un long bord de portant quelque peu immuable, il en est allé tout autrement aujourd’hui à l’occasion du parcours retour depuis Bora-Bora vers Taha’a. Le vent d’est bien établi dès le levé du soleil, a imposé aux protagonistes une navigation toute en finesse et en intuition face à un flux allant fraîchissant accompagnée de sa longue houle. Bora-Bora que les 250 régatiers devaient quitter très tôt conformément au programme, après une (trop) courte nuit de fête et d’amitié polynésienne sur la plage de l’hôtel Méridien de Bora-Bora. Dès 8 heures 30 en effet, Georges Korhel et le Comité de course procédaient au lancement des trois groupes en lice, multicoques en tête. Le bord de dégagement vers une bouée mouillée au fond de la baie de Faanui constituait le premier volet d’une journée riche en phases tactiques cruciales et déterminantes pour chacun des groupes. Un long filet de vent descendu des montagnes délimitaient d’entrée les choix de routes et c’est groupé en milieu de baie que les voiliers choisissaient de s’extraire du lagon, au son des Toere et autres Pahu massés sur des pirogues pour les saluer.


Tahiti Pearl Regatta: Manche 2 –  Bora-Bora – Taha’a, aux caprices de l’alizé
D’une passe à l’autre, la cavalcade des bateaux gîtés.
L’envoi des spis multicolores dans la lumière matinale de Bora-Bora était le prélude à un majestueux défilé des voiliers vers la passe de Leavanui, en bordure des récifs et des invraisemblables déclinaisons de couleurs des lagons. Les volages petites unités de la flotte, Speed Feet 18 en tête, étaient prompts à s’extraire du lagon et à affronter la houle naissante levée par le vent d’est. Pierre Cosso à la barre de son grand catamaran Outremer Ecofip démontrait lui aussi sa bonne connaissance des capricieux systèmes propres à Bora Bora et s’enfuyait rapidement aux basques de l’insaisissables Spirit, trimaran aux couleurs des îles Cook. Derrière, la bagarre faisait rage et Jean Pierre Basse, en quête pour son magnifique A 40 L’Agathe, d’une nouvelle victoire en temps réel, devait s’employer ferme pour faire sa place, et ce n’est pas une image, au soleil de Bora Bora, face à la puissance des Cyclades 50 AS EDT VOILE (Patrick Desfour) et Tahiti Temptation (Dominique Bayen), et autre Gib Sea 51. On l’a compris, les places étaient chères le long des récifs pour anticiper en premier les variations d’un vent bien établi en force, avec une douzaine de nœuds allant fraîchissant, mais dont l’inclinaison au Nord Est, après avoir fait disparaître tous les spis, défiait les tacticiens à coup de refusantes. La bataille des caps était engagée. Hervé Roncin à bord de son Oceanis 445 Distri Club Medical jouait sa carte maîtresse, la vitesse, en s’écartant du lit du vent. Il se mettait ainsi en mesure de passer le véloce et si marin Pogo 8,50 de Sylvain Delanchy Baroudeur, et de titiller jusqu’à la ligne d’arrivée mouillée passe de Paï Paï à Taha’a un Jean Pierre Basse très inspiré et parfaitement maître de ses trajectoires.

Les écarts, en ce second soir de régates, et, à la grâce d’Eole, se sont réduits au sein de chaque groupe. Le Speed Feet 18 Horo Horo de Gael Lamisse vire en tête du classement général provisoire des monocoques à mi-parcours de ce millésime 2012 de la TPR. Un autre Gaël, Duclaux celui-là, place son Cat 33 Makatea en première place des Multicoques. Le leadership du groupe Pro est tenu par l’Oceanis 445 Distri Club Medical de Hervé Roncin.

Le saviez-vous ?
L’Apetahi est une fleur endémique à cinq pétales qui pousse exclusivement sur l’île de Raiatea, dont les sommets culminent à plus de 1 000 mètres. Espèce protégée, elle est devenue un symbole de la plus vaste des îles sous le vent.

Doyen
Le doyen de la Tahiti Pearl Regatta 2012 a… 83 ans. Il s’agit de Bill Gilbert, Australien bon teint, membre du très exclusif Royal Sydney Yacht Squadron, et dont le cursus régatier est l’un des plus fourni du pays.

Flo…
L’élégant Fridol 38 Idefix, plan André Maury n’est autre que le premier bateau à bord duquel Florence Arthaud a disputé sa première Route du Rhum en 1978.

Classement général provisoire : après deux manches
Groupe Multicoques
1- Olivier Houssin – Cuisine et dépendances (Catana 41)
2- Pierre Cosso - Ecofip sur Nusa Dusa (Outremer 45)
3- Gael Duclaux – Makatea (Cat 33)

Monocoques :
1- Gael Lamisse - Horo Horo (Speed Feet 18)
2- Hervé Roncin - Distri Club Medical (Oceanis 445)
3-Sylvain Delanchy –Team Baroudeur (Pogo 8,50)

Ils ont dit :

Jean Pierre Basse, L’Agathe
« Superbe journée ! très « fun », avec du vent soutenu. Un parcours non seulement magnifique mais tactiquement intéressant. Le bateau va vite. Nous sommes content de nos voiles, et nous avons bien navigué. Il fallait bien négocier les bascules avant l’arrivée et rester au plus près des récifs… »

François Mattot, Canelle
« Nous sommes heureux car nous avons eu beaucoup de vent et notre Gib Sea 51 a besoin de beaucoup d’air. Nous prenons un mauvais départ mais nous revenons bien. Le petit bord de dégagement ce matin a donné lieu à une belle pagaille. Il fallait être vigilant… »


Jean Luc Maire, Idefix
« Nous nous sommes bien défendus. Le bateau passait bien au près. Nous sommes à notre place en milieu de peloton. Le parcours du jour était superbe, très intéressant tactiquement, avec un beau départ un peu brouillon et une superbe arrivée… »

L’expression Tahitienne du jour :
Toere = instrument de musique fabriqué à partir d’un bois creux
Pahu = instrument de percussion
Pupu = groupe de musiciens percussionnistes

Le programme :

Sur mer :

Samedi 19 mai - manche 4 & 5
8h30 Raiatea Banana (5,7 MN)
12h30 Tour de Taha’a (19 MN)

A terre :

Samedi 19 mai, soirée des équipages
Motu Pearl Village, Taha’a
Cocktail, remise des Prix, repas, défilé des équipages, concerts by Raiatea Connection & Playful Robots, No Moon Party...
A 5h, pour les vaillants : Soupe à l’oignon ; Dresscode : «Déguisés» ; Mouillage : au nord du motu Céran

Crédit photo : Tor Johnson – Bertrand Duquenne

Rédigé par TPR le Vendredi 18 Mai 2012 à 17:24 | Lu 1447 fois