Tahiti Infos

Tacles en série entre Marama Vahirua et la Fédération


Les directeurs de la Fédération tahitienne de football menacent Marama Vahirua d'un carton rouge : une suspension de la fédération. Mais les ponts semblent déjà largement coupés entre la FTF et le meilleur joueur polynésien de sa génération.
Les directeurs de la Fédération tahitienne de football menacent Marama Vahirua d'un carton rouge : une suspension de la fédération. Mais les ponts semblent déjà largement coupés entre la FTF et le meilleur joueur polynésien de sa génération.
PAPEETE, le 24 mars 2017 - Rien ne va plus entre l'ancien professionnel de football Marama Vahirua et la Fédération tahitienne de football. Les deux camps ont rompu la discussion et s'interpellent maintenant par médias interposés, entre accusations de sabotage et menaces de suspension.

Une nouvelle affaire empoisonne les relations entre la Fédération tahitienne de football (FTF) et Marama Vahirua, ancien joueur professionnel tahitien ayant évolué au FC Nantes, à l'OGC Nice et au FC Lorient. Rappelons qu'après son retour au fenua en 2012, Marama Vahirua avait d'abord travaillé comme cadre technique pour la FTF avant de partir "à l'amiable" en 2014, déjà sur fond de polémiques, atténuées par les deux parties à l'époque. Deuxième épisode, à la chute de Reynald Temarii, le footballeur avait tenté de convaincre les présidents des clubs de l'élire président de la FTF en 2015 sur un programme de réformes, avant de renoncer face au manque de soutien. En parallèle, Marama Vahirua a ouvert sa propre structure, qui offre des stages de vacances aux jeunes joueurs polynésiens, mais qui n'est pas affiliée à la fédération…

Nouvel épisode de ce derby : deux reportages diffusés sur Polynésie 1ère. Marama Vahirua y assure que "certains membres de la fédération essaient de nous mettre des bâtons dans les roues pour bloquer notre projet, justement parce qu'on leur fait de l'ombre. Mais moi quand j'apprends ça, ça me dégoute, c'est un truc qui me met hors de moi, je ne comprends pas. Je suis là, soi-disant en concurrent de la fédération tahitienne."

Pression sur les sponsors

Les reportages traitent d'un projet de l'association Horizon Football no te Tamarii o te Fenua, parrainée par Marama Vahirua. Elle compte se déplacer au mini Mondial de football d'Orvault avec une équipe de dix enfants et quatre éducateurs, en catégorie moins de 12 ans. La révolte de Marama Vahirua concerne des soupçons de pressions de la FTF sur les sponsors de Horizon Football.

Mais la FTF n'a pas laissé passer la remarque, et, au lieu de demander un droit de réponse à nos confrères, elle a convoqué l'ensemble de la presse vendredi dernier. Le président de la FTF, Thierry Ariiotima, répond ainsi publiquement : i["Franchement, j'ai découvert qu'il partait en France ce soir-là parce que je regardais l'émission, et à aucun moment un membre de la Fédération tahitienne de football n'est intervenu auprès de qui que ce soit pour baisser le nombre de billets, ça ce n'est pas possible. […] Et jusqu'à aujourd'hui, je ne vois pas ce que la fédération a fait pour lui mettre des bâtons dans les roues. On a refusé son projet quand il est venu nous voir, mais après on l'a laissé travailler."]i

Contacté par Tahiti Infos, Marama Vahirua précise ce qu'il reproche à la fédération : "En fait, il y a une erreur de compréhension, aucun sponsor n'a annulé nos billets d'avions. Ce qu'il s'est passé, c'est par rapport aux collectes de fonds que nous avons faites pour pouvoir aller à Orvault, avec des ventes de gâteaux et de plats, mais aussi des démarches auprès des sponsors. Plusieurs de nos sponsors nous ont appris avoir reçu un appel de la fédération disant que je ne suis pas le référent, qu'il faut s'adresser à eux, et leur reprochant parfois de donner plus d'argent à Horizon Football qu'à la FTF. Les parents étaient en panique, pensant qu'on n'allait plus avoir assez de fonds pour le déplacement. Du coup, j'ai réagi au quart de tour, je ne comprends pas pourquoi on nous attaque gratuitement. Et je comprends très bien pourquoi celui qui a appelé les sponsors ne veut pas se dévoiler aujourd'hui. Mais tout est arrangé et on partira le 6 avril comme prévu."

La sélection pas si naturelle

Thierry Ariiotima attaque aussi Marama Vahirua directement sur ce projet de voyage en métropole : "Ils se sont inscrits au nom de la Sélection de Tahiti. Il faut qu'ils sachent qu'il y a des lois du Pays, des règlements à la FTF, et qu'aucun club ne peut utiliser le nom de Sélection de Tahiti sans avoir la délégation de la FTF, ce qui n'est pas le cas. Leur association n'est pas affiliée. Je fais appel à leur intelligence pour retirer le nom de sélection et mettre le nom de leur association. Sinon derrière, nous serons obligés, à la fédération, de prendre des sanctions, et je ne veux pas en arriver là." Des sanctions allant d'une suspension d'un an à une radiation à vie…

"Ce n'est pas moi qui ai dit à l'organisation du mini Mondial de mettre "sélection tahitienne"", lui répond le mis en cause. "On s'est enregistrés il y a un an, sous un autre nom, c'est l'organisation qui a mis ce nom de sélection, j'ignore pourquoi. Je n'ai aucunement la prétention de dire que je représente la Fédé ou toute la Polynésie. Mais voilà, on est en perpétuel dialogue de sourds avec la fédération, et dès qu'on veut parler il n'y a plus personne. Moi je dis : soit on travaille ensemble et la seule règle c'est l'avenir de nos jeunes, soit on travaille chacun de notre côté et on va finir par se marcher sur les pieds. Et je n'ai jamais dit avoir formé ces jeunes, en fait pour la plupart ils ont fait partie des stages que j'organise en période scolaire, mais ils sont souvent aussi en club."

Qui formera les meilleurs joueurs polynésiens ?

La fédération rebondit aussi sur une autre remarque du reportage selon lequel deux jeunes de l'association ont été "repérés" par le recruteur du club de Rennes : "C'est sûr qu'en Polynésie on a pas mal de joueurs qui peuvent être des diamants bruts, mais il faut les trouver. Or aujourd'hui, la Fédération tahitienne de football a des pôles d'excellence et des pôles techniques, on essaie de détecter les meilleurs. Et pour le moment, on n'a pas encore fait partir ces jeunes. Pourquoi ? Parce qu'il faut être très, très prudent, il y a une réglementation qui existe. Il faut attendre que le joueur ait 16 ans, sauf s'il a une famille à moins de 50 kilomètres du centre de formation où il irait. Donc aujourd'hui, c'est peut-être un peu prématuré de faire miroiter à des jeunes de 11 ans ou 12 ans qu'ils seront joueurs professionnels. Par contre, si c'est un déplacement de découverte, je pense que c'est une très bonne chose, mais simplement dans ce domaine."

Marama Vahirua conclut cette polémique par un message d'apaisement. "Aujourd'hui j'ai un message : pourquoi ne pas travailler ensemble ? Je suis prêt à faire un effort, j'attends qu'ils me contactent, parce que j'ai fait le premier pas il y a deux ans et ils m'ont pris pour un idiot, mais aujourd'hui je suis prêt à nouveau pour renouer le contact. Je n'ai pas envie de polémiquer, ça fait un an que je n'ai rien dit, mais aujourd'hui je ne pouvais pas laisser passer ces pressions. Les parents ont été en panique, on a eu peur de ne pas avoir assez d'argent après tous nos efforts. Mais je ne veux pas me mettre en conflit avec la fédération, ou dire que je suis la victime et qu'ils sont les méchants. On est tous là pour le football, on a le même but."


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 24 Mars 2017 à 19:34 | Lu 1688 fois