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Surf – Michel Bourez : Interview exclusive avant la Billabong Pro Tahiti

En marge du Rautirare Festival qu’il a parrainé, nous avons pu interviewer Michel Bourez avant le début de la 7e étape du circuit mondial, la Billabong Pro Tahiti, prévue à Teahupo’o entre le 11 et le 22 août 2017. Ironie du sort, Michel Bourez n’a jamais pu faire mieux que le round 5 (9e place) dans cette compétition pourtant à domicile. Riche de ses 9 années d’expérience sur le World Tour pourra-t-il faire mieux cette année ?


Michel Bourez, en marge du Rautirare Festival qu'il parraine
Michel Bourez, en marge du Rautirare Festival qu'il parraine
Michel Bourez a déjà marqué l’histoire du surf tahitien en enchainant 9 années avec l’élite mondiale du surf de compétition, en se qualifiant depuis 2009 dans le Top 32 qui participe aux 11 épreuves du championnat du monde professionnel proposé par la world surf league. Ses meilleures places furent une 5e place en 2014 et une 6e place en 2016. On peut dire qu’il est arrivé « à maturité » sous divers aspects.
 
Pour évoluer au plus haut niveau du classement du championnat du monde, il faut du talent, de la persévérance, un bon encadrement mais aussi de la chance car les qualifications se jouent parfois sur quelques dixièmes de points. On peut réaliser un total sur deux vagues moyen et se qualifier et on peut faire un super total et se faire éliminer. La compétition a un gros côté aléatoire et c’est aussi ce qui la pimente.
 
Michel Bourez, 13e au classement actuel, a obtenu cette année les places suivantes : 25e, 5e, 13e en Australie, 25e au Brésil, 3e à Fidji et 9e en Afrique du Sud. Arrivera-t-il cette année à conjurer le sort, lui qui n’a jamais atteint un quart de finale à domicile lors la 7e étape sur 11 du championnat du monde, la Billabong Pro Tahiti ? Il affrontera au round 1 Frederico Morais (12e WCT) et Ian Gouveia (26e WCT).
 
Michel Bourez a décidé cette année de dormir plus près du spot pour mieux gérer son temps de repos. Selon Pascal Luciani, relais local de la WSL, la compétition devrait démarrer ce vendredi car les conditions pourraient se dégrader ensuite en raison de la houle qui passerait de sud/sud-ouest à sud/sud-est, avec un vent d’est forcissant à 25 nœuds de mardi à vendredi prochain. SB

Michel Bourez aime Teahupo'o quand c'est "gros"
Michel Bourez aime Teahupo'o quand c'est "gros"
Parole à Michel Bourez :
 
L’analyse de ta première moitié de saison ?
 
« Pas incroyable, pas hallucinante, des hauts et des bas…Je ne sais pas…C’est difficile à dire, j’ai eu des moments difficiles après j’ai remonté la pente tout doucement. Je voulais arriver à Tahiti dans le top 10, je n’ai donc pas vraiment réussi à rentrer dans mes objectifs à la mi-saison mais bon, ce n’est pas grave, le plus important c’est la fin de l’année. On est à Tahiti, la compétition va commencer, on verra bien. »
 
Un regret pour Fidji que tu semblais pouvoir gagner ?
 
« Non, je n’ai pas de regret envers Fidji parce que j’ai tout donné. Je pense personnellement que je devais passer la série, les juges ont pensé le contraire. Avec la plupart des gens avec qui j’ai parlé, en regardant le replay, je pensais vraiment avoir gagné haut la main. Mais c’est comme ça, c’est la compétition, des fois ça passe, des fois ça casse. Wilko a fini par gagner la compet et a pu prendre la première place, tant mieux pour lui. C’est comme ça. »
 
Cette année pourrait être la bonne à Teahupo’o ?
 
« Oui, je l’espère, j’espère le meilleur. Maintenant, tout dépendra des conditions. Personnellement, j’aimerais vraiment que cela soit très gros parce que ce sont des conditions que j’apprécie beaucoup, parce qu’il faut se surpasser. On verra, en tous cas peu importe ce qui va arriver, je suis prêt. »
 
La gauche de récif de Fidji t’a mis en confiance ?
 
« Oui, j’avais déjà fait une 3e place à Fidji mais c’était dans de plus petites conditions, un petit deux mètres. Cette année, il y en avait presque le double. Le plus important pour moi, c’est que j’ai trouvé le bon modèle de planche pour les tubes. Je l’ai essayé il y a quelques jours à Teahupo’o et ce modèle Firewire est vraiment hallucinant. »
 
9e année sur le Tour, tu vises le titre plus que jamais ?
 
« C’est effectivement le but. Je suis calé dans ma vie, j’ai ma femme et deux enfants. Je suis bien physiquement, mentalement. Avec l’âge tout cela s’améliore (rires). Niveau planche, cela devient de mieux en mieux. Sur le Tour, je fais partie des anciens, j’ai donc plus d’expérience. J’espère vraiment faire mieux d’année en année. Le plus important, c’est de se rapprocher de la première place et ça il faudra commencer dès le début de saison. A partir de maintenant, c’est « on » »

Michel Bourez a déjà marqué l'histoire du surf tahitien
Michel Bourez a déjà marqué l'histoire du surf tahitien
Kelly Slater forfait peut laisser certaines ouvertures pour Teahupo’o ?
 
« C’est sur que Kelly Slater est toujours difficile à battre à Teahupo’o, son absence peut créer des ouvertures mais il y a John John, Medina…On a une dizaine de riders qui excellent dans les tubes. « Ace » Buchan qui est déjà sur place, Owen Wright aussi…Donc ce n’est pas parce qu’il n’est pas là que la compétition va être plus facile. C’est toujours dur. »
 
Que penses tu des nombreux nouveaux sur le Tour ?
 
« On a deux « rookies » qui ont fait deux finales cette année, (NDLR Connor O’Leary et Federico Morais), cela montre le niveau exceptionnel qu’il y a dans le Tour où des « rookies » font des finales dès la première année. Malgré l’ancienneté, on se rend compte que les nouveaux sont là pour tout fracasser. »
 
Tu as parrainé cette année encore le Rautirare Festival ?
 
« C’est à Mataiea que j’ai grandi, on a commencé ce projet avec Teva en 2010 et on continuera chaque année. Tant qu’on peut aider, on aide. On ne fait pas ça pour nous mais pour les jeunes avant tout. Pour que tout le monde puisse s’amuser, pour qu’on puisse crocher de futurs champions en beach soccer, en surf, en body board, en prone ou en paddle. On a de la chance d’avoir un cadre exceptionnel ici à Mataiea. Grâce à la mairie, à Tearii Alpha et Teva Zaveroni, on a pu faire un très beau Festival. »
 
Un sportif comme Teva qui s’investit pour la jeunesse et qui devient même conseiller municipal, cela t’inspire quoi ?
 
« Cela ne m’étonne pas du tout. Je suis là pour en parler parce c’est grâce à lui, c’est lui qui nous a pris sous son aile lorsqu’on était gamins. Il nous voyait surfer juste devant chez lui à Mataiea. Il a crée le Rautirare Surf Club pour nous, les enfants du quartier, alors qu’on essayait de se débrouiller avec des planches cassées. Il nous a pris sous son aile, il nous a emmenés aux compétitions, il nous cherchait des sponsors. C’est lui qui a fait que j’ai pu décoller. »
 
Un mot pour ton frère Kevin ?
 
« Pour moi, il fait partie du Top 5 des meilleurs surfeurs à Teahupo’o. Tu peux être le meilleur et ne pas forcément être bon compétiteur. Il y a beaucoup de stratégie à travailler, il faut garder son sang froid, gérer son stress, il faut travailler sur ses planches, c’est un tout. C’est mon boulot, c’est ce que je fais quotidiennement dans le milieu professionnel. Il a peu de temps avant chaque Trials pour optimiser tout ça, ce n’est pas facile. »
 
Tu lui donnes des conseils ?
 
« Depuis qu’il est revenu de France, on a pas mal surfé Teahupo’o ensemble. Je peux lui apprendre, je peux lui apporter quelque chose au niveau stratégie, mais au niveau surf, rien à dire, il est au top. »
 
Un dernier mot, un remerciement ?
 
« Un remerciement à tous les sponsors du Rautirare Festival, Opt, Vini, Air Tahiti Nui. On a cette chance là de pouvoir continuer à aider les jeunes grâce à eux, merci à eux de continuer de nous suivre. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Jeudi 10 Août 2017 à 14:59 | Lu 1321 fois