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Sommet Rio + 20 : Jacky Bryant et les maux bleus de l'Environnement


Sommet Rio + 20 : Jacky Bryant et les maux bleus de l'Environnement
Annoncé comme le signe apparent d’une « normalisation des relations entre le pays et l’Etat », le ministre de l’Environnement, Jacky Bryant a présenté, jeudi 14 juin, son prochain déplacement au Sommet international sur l’Environnement à Rio. La Conférence des Nations unies pour le développement durable se tiendra dans la capitale brésilienne du 20 au 22 juin prochains et le représentant de la Polynésie française y figurera au côté de la délégation nationale, dans le pavillon français. Le sénateur souverainiste Richard Tuheiava participe également à ce déplacement.
C’est dans ce contexte que nos représentants entendent avoir voix au chapitre, dans le concert des nations. Un déplacement que le ministre de l’Environnement entend consacrer à une démarche de communication, de « lobbying », pour sensibiliser aux particularités polynésiennes tant géologiques que politiques, comme collectivité d’outre-mer au sein des engagements de la France et de l’Union européenne.
Trois axes de communication sont définis : l’inscription de la Culture comme pilier du développement durable, aux côtés de l’Economie, du Social et de l’Environnement ; la présentation du Plan climat stratégique d’adaptation en Polynésie aux vraisemblables effets du changement climatique ; introduire le concept d’économie bleue, pendant polynésien, océanique, de l’économie verte des pays continentaux.

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« Nous étions à Apia au mois de septembre, dans le cadre régional. Mais à toutes les étapes et à tous les échelons, il faut que la Polynésie puisse être présente», commente le ministre de l'Environnement. « En même temps ça montre que nos relations avec l’Etat sont beaucoup plus apaisées, aujourd’hui. Cela simplifie notre démarche, au plan international, pour revendiquer le développement durable et apporter dans le débat le concept de monde bleu, à distinguer du monde vert qui concerne les Etats qui ont de grands espaces. (…) Il faut accrocher directement la notion de couleur à l’originalité de la configuration de nos îles. Faire état de notre réalité géographique, au-delà du caractère strictement polynésien : la région Pacifique dans son intégralité est animée par les mêmes considérations. C’est un travail de lobbying, de sensibilisation. Lorsque l’on arrive à l’échelon international, chacun vient avec son éclairage. Le rôle d’une délégation comme la notre est de porter un message qui consiste à relativiser la notion d’économie verte et promouvoir le fait que nous sommes dominés par un océan immense. (…) Le développement durable, pour les polynésiens, doit intégrer la notion d’exploitation rationnelle du milieu marin (…).»

Jacky Bryant, ministre de l'Environnement
Jacky Bryant, ministre de l'Environnement
Tahiti infos : Qu’attendez-vous concrètement de cette participation au sommet de Rio ?

Jacky Bryant : Deux niveaux. En premier lieu, dans les ateliers de réflexion, où l’on tentera de défendre, après avoir travaillé au plan régional et au niveau européen, la position forte que nous avons à l’égard de ce milieu qu’est l’océan Pacifique. C’est un gisement futur de développement, c’est un espace dans lequel nous avons aujourd’hui des activités organisées autour de la pêche, et qui pourra servir demain de garde-manger permettant de réduire notre dépendance alimentaire.
Ce travail là, il faut l’expliquer. Lorsque l’on se positionne à l’échelon international, chacun vient défendre ses propres intérêts. Et c’est dans le cadre de ces discussions que l’on s’enrichit de nos différences et que l’on modifie ensuite, petit à petit, les résolutions finales qui devront être débattues.


Tahiti infos : Une démarche de communication, de l’ordre de la sensibilisation ?

Jacky Bryant : Communication, lobbying, influence… Parce que c’est une nécessité. Nous serons dans un espace très formaté, et pour pourvoir y intégrer nos propres revendications, nous devons faire ce travail. Le verbe devra y jouer pleinement son rôle. Et lorsque l’on intègre une délégation nationale, cette action a une portée supplémentaire.

Tahiti infos : Dans vos démarches, vous évoquez la promotion à Rio de l’idée d’un Tribunal pénal international de l’Environnement.

Jacky Bryant : C’est une dimension nouvelle. Elle n’est pas à l’ordre du jour des travaux ; mais c’est un travail de lobbying à l’identique de celui que nous allons mener au sujet de la notion d’économie bleue. Il faut que l’on reconnaisse que les agressions sur l’environnement, sur le patrimoine naturel, est une responsabilité (…). Nous pensons qu’au même titre qu’un Tribunal pénal international existe pour sanctionner les crimes contre l’humanité, il faut introduire la notion de crime contre l’environnement. Nous souhaitons que l’existence d’un TPI Environnement soit, petit à petit, débattu dans les sommets sur l’Environnement.

Tahiti infos : Au plan local, une réflexion a été menée au sujet d’un Plan Climat Stratégique. Les conclusions de cette étude vous accompagnent à Rio. Mais concrètement, quels aménagements législatifs et réglementaires doit-on attendre et dans quel délai pour faire suite à cette réflexion ?

Jacky Bryant : Les ateliers du Plan Climat Stratégique ont été clôturés par des recommandations. A mon retour de Rio, je proposerai une communication en Conseil des ministres pour acter les résolutions. Ensuite nous allons transformer cet acte en Loi de pays avec le vice-président, qui a la responsabilité d’aménager un SAGE, un Schéma général d’aménagement du Pays, parce que notre statut prévoit cela. Le PCS sera un pilier à la construction de cette loi d’orientation pour le pays, avec un regard sur le bilan climatique.

Sommet Rio + 20 : Jacky Bryant et les maux bleus de l'Environnement

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 14 Juin 2012 à 14:01 | Lu 1443 fois