Tahiti Infos

"Sandre" : quand les failles de l'être humain sont mises en lumière…


"Sandre" ou monologue pour un homme dans la peau d'une femme assassine…
"Sandre" ou monologue pour un homme dans la peau d'une femme assassine…
PAPEETE, le 28 février 2017 - C'est une tragédie moderne, dans laquelle nous pouvons tous nous reconnaître, que présente la Compagnie du Caméléon au Petit théâtre de la Maison de la culture, du 3 au 12 mars. Écrite par Solenn Denis (Prix Beaumarchais 2013), cette pièce nous plonge dans l'intimité d'une femme assassine, magistralement interprétée par le comédien Erwan Daouphars.


"Ce qui est certain, c’est que je ne voulais pas faire de la peine aux gens. Mais j’ai tué quelqu’un. Une fois, j’ai tué quelqu’un, même si je ne suis pas folle." Attachez vos ceintures et embarquez pour un voyage sous tension dans les blessures de l'âme humaine, dans les chaos d'une vie qui s'est perdue. "Un spectacle qui ne vous quittera pas ; après l'avoir vu, je ne suis plus le même", assure Guillaume Gay, directeur de la Compagnie du Caméléon, qui ouvre nos consciences en programmant, depuis 2005, des pièces de théâtre toujours plus audacieuses. Avec "Sandre", le public local devrait encore sortir de sa zone de confort et avoir bien des surprises… "J'adore écrire des monologues et ici, c'est avec une certaine malice que je fais porter les paroles d'une femme par un homme. On oublie la notion de genre, c'est une figure neutre, ce qui donne encore plus de puissance aux textes, dans lesquels on retrouve plein d'humour et de facéties", explique l'auteur Solenn Denis, dont l'écriture a été récompensée par le Prix Beaumarchais 2013 (une récompense créée par Le Figaro pour primer le théâtre).

Également comédienne, la jeune femme de 34 ans a mis en scène "Sandre" avec son "conteur" Erwan Daouphars, qui joue le rôle de "passeur d'histoire". L'artiste, 42 ans, confie : "Solenn est prolifique, elle a écrit le spectacle en quatre jours. J'avais en outre envie de travailler avec un auteur vivant ; les pièces classiques sont intéressantes, mais, grâce à sa plume, l'approche est plus personnelle. C'est une création écrite pour moi, pour un homme, et c'est pour cela aussi que l'alchimie opère tout de suite." Solenn précise : "Je me suis inspirée d'un fait divers, mais ce n'est que le premier instrument de musique, j'en ai ajouté d'autres, un peu à la manière d'un chef d'orchestre."

La complexité de l'être humain en question

L'auteur Solenn Denis et le comédien Erwan Daouphars affichent une belle complicité.
L'auteur Solenn Denis et le comédien Erwan Daouphars affichent une belle complicité.
Elle poursuit : "Mes thèmes de prédilection sont l'amour et la famille, ils nous portent de la souffrance vers de belles choses, et vice-versa. Le protagoniste est un anti-héros. Je veux mettre en exergue le monstrueux dans l'humain, rendre le moche plus beau. En effet, c'est par les failles que la lumière peut pénétrer. J'ai besoin d'écrire sur la complexité de l'être humain et ses côtés à la fois sombres et fragiles." Du théâtre utile et universel donc, dans lequel nous pouvons tous nous reconnaître et qui est devenu la griffe du tandem. En effet, lorsque la Lyonnaise Solenn Denis et le Breton Erwan Daouphars se rencontrent en 2009 à Paris, ils décident de collaborer ensemble et créent leur collectif Denisyak, à Bordeaux.

Ils montent un premier spectacle baptisé "Stockholm", qui évoque le fameux syndrome éponyme. Basé aussi sur un fait réel, celui-ci relate l’affaire Natascha Kampusch, l'enlèvement d'une jeune femme autrichienne qui a été séquestrée par Wolfgang Přiklopil, technicien en télécommunications, du 2 mars 1998 au 23 août 2006, jour où elle s'est échappée. Une épreuve de 3 096 jours, qu'elle relate dans un livre. Solenn débute ensuite l'écriture de "Sandre" en septembre 2012 et les comédiens se retrouvent en résidence dès 2013. Très complices, ils construisent "leurs pensées à deux, couche par couche, et les polissent encore et encore". C'est donc avec beaucoup de maturité que leur deuxième réalisation est enfin dévoilée fin 2014. Présentée "l'été prochain" à Avignon et Rennes, elle n'a été jouée qu'une vingtaine de fois, car le duo est déjà sur une nouvelle mise en scène : "Spasme", avec des ados et pour des ados. "Sandre" est dans ce sens une pièce "neuve" que va découvrir le public tahitien à l'occasion des six représentations programmées au Petit théâtre. "Ni féministe, ni anxiogène", elle va nous emporter dans un tourbillon "d'émotions fortes", assurent encore Solenn et Erwan.

"Sandre" : quand les failles de l'être humain sont mises en lumière…
Infos pratiques

Du 3 au 12 mars
Les vendredis et samedis à 19h30 et les dimanches à 17h
Petit théâtre
À partir de 14 ans
Tarifs : 2 500 Fcfp (enfants moins de 12 ans) ; 3 000 Fcfp (enfants moins de 18 ans et étudiants) ; 4 000 Fcfp (adultes)
Pass famille : 10 000 Fcfp (valable uniquement les 3, 4 et 5 mars pour une même famille composée de 2 adultes + 2 enfants)
Billets en vente sur www.ticket-pacific.pf et à Carrefour Arue, Punaauia & Faa'a et Radio 1
Service de garderie : 1 000 Fcfp/enfant
Réservations : [email protected]


Rédigé par Dominique Schmitt le Mardi 28 Février 2017 à 17:26 | Lu 1802 fois