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Richard Tuheiava souhaite que la France discute du cas de la Polynésie à l'ONU


Richard Tuheiava devant le Comité de décolonisation le 9 octobre 2013 lors d'une précédente présentation (Photo d'archives).
Richard Tuheiava devant le Comité de décolonisation le 9 octobre 2013 lors d'une précédente présentation (Photo d'archives).
NEW YORK, le 26 juin 2015. Devant les représentants du comité spécial de la décolonisation de l'ONU ce vendredi à New York, Richard Tuheiava a demandé à l'organisation internationale une démarche pro-active pour "inviter la puissance administrante à venir à la table des négociations" en déclarant "les droits du peuple polynésien ne seront pas bafoués par la volonté de la Puissance occupante d’enrayer le processus".

L'exposé sur la situation de la Polynésie française prononcé par Richard Tuheiava ce vendredi à New York a posé sur divers aspects. En tant que pétitionnaire, il a regretté tout d'abord que la France, n’ait pas jugé utile de respecter les obligations qui lui incombent, en tant que Puissance administrante. L'article 73 e de la charte de l'ONU impose normalement à la France la transmission à l’ONU d’informations sur la Polynésie. "Ceci n’a malheureusement pas eu lieu depuis la réinscription de la Polynésie en 2013 sur la liste des territoires non autonomes", a expliqué Richard Tuheiava. Il a insisté également pour que soit publiée, comme document officiel de l'Assemblée générale de l'ONU, une évaluation du niveau d'autonomie actuel de la Polynésie mettant "en évidence les inconsistances du statut de dépendance de la Polynésie française au regard des principes internationaux s’appliquant à l’autonomie".

Richard Tuheiava est ensuite revenu sur les essais nucléaires menés par la France en Polynésie française qui "représentent l'équivalent de 720 bombes d'Hiroshima rejetées dans l'atmosphère, tandis que des engins équivalant à 210 bombes d’Hiroshima ont été testés dans le sous-sol des atolls polynésiens. Il n’est pas nécessaire d’être un savant spécialiste du nucléaire pour imaginer les effets dévastateurs de ces essais sur les populations mélanésiennes aujourd’hui et sur les générations à venir" a-t-il déploré. "Il s’agit aujourd’hui d’évaluer les dommages causés par 30 ans d’essais nucléaires menés par la Puissance occupante", a-t-il insisté.

Dans un autre registre, Richard Tuheiava a ensuite mis l’accent sur l’exploitation et le pillage des ressources naturelles polynésiennes, "qui représentent une menace pour l’intégrité des cinq millions de kilomètres carrés d’océan constituant la zone économique exclusive de la Polynésie". Il a jugé inacceptable que les redevances versées par dix compagnies aériennes pour s’acquitter de leurs droits d’atterrissage à Tahiti soient versées au Trésor de la France et non à la Polynésie. Il a souhaité que l’on "mette un terme à un statut politique abusivement appelé «autonomie», qui dans son essence n’est qu’une forme contemporaine de colonialisme".

Au final, le Comité de décolonisation de l'ONU a adopté une résolution, aux termes de laquelle il invite l’Assemblée à demander aux puissances administrantes de prendre "toutes les mesures voulues pour permettre aux peuples des territoires non autonomes d’exercer pleinement et au plus tôt leur droit à l’autodétermination, y compris l’indépendance".

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 26 Juin 2015 à 15:58 | Lu 2813 fois