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"Réparer les vivants", coup de projecteur sur les règles du don d'organe


Paris, France | AFP | vendredi 28/10/2016 - Le film "Réparer les vivants", qui entrecroise l'histoire d'un jeune homme victime d'un accident et celle d'une femme malade du coeur, pose la délicate question du don d'organes, dont les règles sont encore mal connues.

"Pourquoi on ne l'opère pas ?", "Il y a bien des gens qui sortent du coma...": les interrogations au début du film des parents du jeune Simon, en état de mort cérébrale après un accident de voiture, montrent bien la difficulté pour les soignants d'aborder le sujet avec les proches qui peinent encore à accepter la mort d'un être cher.

C'est pourquoi l'Agence de la biomédecine, l'établissement public qui gère les prélèvements et les greffes d'organes en France, veut inciter au maximum les gens à faire connaître leur volonté de leur vivant.

"Dans le film, le donneur est mineur, c'est donc aux parents de décider", a expliqué le Pr Olivier Bastien, chargé des prélèvements et greffes d'organes à l'Agence de la biomédecine, lors d'une conférence de presse à l'occasion de la sortie du film.

Mais pour les adultes, la loi stipule que l'on est donneur présumé, à moins d'avoir exprimé son refus, a-t-il rappelé, un principe que seulement 7% des Français connaissent.

"On respecte le refus des familles, à condition qu'on soit sûrs qu'ils aient compris les enjeux, mais ce n'est pas à la famille de donner son autorisation", a souligné Regis Queré, coordinateur de prélèvements d'organes à l'hôpital Necker à Paris.

Actuellement, pour signifier son refus au don d'organes, on doit s'inscrire sur le registre national des refus, en renvoyant un formulaire et une pièce d'identité par voie postale.

- 21.000 personnes en attente -
Seulement 150.000 personnes ont fait la démarche à ce jour, mais le chiffre a doublé en un an, depuis que l'agence communique davantage sur le sujet, selon le Pr Bastien.

La loi Santé, votée en décembre dernier, prévoit d'élargir les "modalités d'expression du refus": à partir du 1er janvier, on pourra s'inscrire en ligne sur le registre des refus, mais aussi exprimer sa volonté par un écrit confié à ses proches, ou même de vive-voix. Dans ce dernier cas, la famille devra alors retranscrire par écrit la conversation.

"Cela introduit quelque chose de très administratif alors que jusque-là, l'entretien avec les familles tenait lieu de témoignage. C'est nouveau pour nous, il va falloir s'adapter", reconnaît Régis Queré, qui est intervenu comme conseiller technique sur le film de Katell Quillévéré.

Autre nouveauté, on pourra désormais exprimer un refus partiel, pour certains organes ou certains tissus.

L'acceptation est parfois plus difficile pour des organes symboliques, comme le coeur ou les yeux (les cornées), reconnaît Régis Queré.

Un aspect également présent dans le film, lorsque la mère de Simon prévient: "Je ne veux pas qu'on prenne ses yeux !".

Plus de 5.700 greffes d'organes ont été réalisées l'an dernier en France, en progression de 7% par rapport à 2014, plaçant le pays au premier rang européen. Plus de 57.000 personnes vivent avec un organe greffé.

Dans le même temps, la liste des personnes en attente de greffe s'allonge: elles étaient plus de 21.000 fin 2015, un chiffre qui a doublé en vingt ans.

Rédigé par () le Vendredi 28 Octobre 2016 à 06:01 | Lu 324 fois