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Réformes formation et assurance chômage: Matignon précise la méthode


Paris, France | AFP | mardi 17/10/2017 - Une négociation pour la formation professionnelle, une réunion multilatérale pour l'assurance chômage et une concertation pour l'apprentissage: le gouvernement a précisé mardi le calendrier et la méthode de ses nouvelles réformes sociales, qui doivent aboutir à un projet de loi en avril.

Après l'Elysée la semaine dernière, Matignon a pris le relais mardi en recevant les partenaires sociaux, jusqu'à jeudi.
Le sujet: les réformes de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'assurance chômage, qui visent à donner davantage de protection aux salariés, après avoir offert plus de flexibilité à l'entreprise, avec les ordonnances.
Critiqué par certains syndicats sur la méthode lors de l'écriture des ordonnances, qui n'ont donné lieu qu'à des concertations, l'exécutif fait un geste cette fois, en autorisant les partenaires sociaux à négocier entre eux sur la formation professionnelle.
Matignon a également entendu la demande de la CFDT, qui souhaite une première réunion multilatérale, entre le gouvernement et les partenaires sociaux, pour l'assurance chômage, et pas uniquement des réunions bilatérales.
"On est plutôt satisfaits. Nous ce qu'on veut, c'est le dialogue, c'est être concertés, c'est prendre la main quand c'est de notre domaine", s'est félicité le président de la CFTC, Philippe Louis, à sa sortie de Matignon.
"Nous on croit ce qu'on voit. On attend de voir comment ça va se passer", a de son côté réagi, prudent, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
Jean-Claude Mailly, son homologue de FO, a précisé que la concertation sur l'apprentissage démarrerait dès "fin octobre". Puis "la première semaine de novembre", le gouvernement donnera un document d'orientation sur la formation professionnelle, à l'élaboration duquel seront associées les régions.
Les rencontres à Matignon se tiennent en présence de la ministre du Travail Muriel Pénicaud et du ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, partie prenante notamment sur l'apprentissage, le volet le plus consensuel de ces réformes. A compter de vendredi, les consultations se poursuivront au ministère du Travail. 
 

- 'Politique libérale' -

 
Doivent encore être reçues la CFDT, la CFE-CGC, l'Unsa, mais aussi, côté patronale le Medef, CPME, U2P ou encore la FNSEA, ainsi que les régions. 
Ce ballet se télescopera jeudi avec une manifestation à l'appel de la CGT et de Solidaires, la troisième depuis la rentrée contre la réforme du droit du travail. 
"Pour nous les ordonnances travail sont toujours au premier plan", a expliqué Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. Il ne se fait "pas d'illusions" sur la réforme en cours, qui va s'inscrire dans une logique de "politique libérale".
Sur cet acte II des réformes sociales, le gouvernement veut aboutir à un projet de loi déposé en avril et adopté l'été prochain. 
La réforme de l'assurance chômage cristallise le plus de craintes. Emmanuel Macron a promis d'ouvrir le régime sous conditions aux démissionnaires - il est déjà possible de le faire dans certains cas - et aux indépendants. 
Pour les démissionnaires, le président de la République a fixé dimanche un nouveau critère pour bénéficier de l'assurance chômage, le fait d'avoir "un projet". Ce droit serait utilisable tous les "5, 6, 7 ans".
Les syndicats craignent toutefois que cette ouverture n'entraîne une baisse des droits pour l'ensemble des allocataires, mais l'exécutif se veut rassurant.
"Le Premier ministre m'a confirmé ce qu'a dit le président de la République la semaine dernière: il n'y a pas de diminution de droits à indemnisation des demandeurs d'emploi", a assuré M. Mailly.
En contrepartie des nouveaux droits, les contrôles visant les chômeurs doivent être "renforcés", a prévenu Emmanuel Macron, expliquant qu'il fallait notamment "vérifier" que ce ne sont pas "des multirécidivistes du refus". 
Autre sujet scruté de près par le patronat: l'instauration d'un "bonus-malus", promis par le président lors de la campagne, qui  pénaliserait les entreprises ayant trop recours aux contrats courts, comme le secteur de l'hôtellerie-restauration. 
Une idée poussée par FO, mais que le président du Medef, Pierre Gattaz, a qualifiée mardi d'"absurdité", estimant que "taxer" créait "du chômage". La CGT rejette l'idée d'un "bonus", estimant que les entreprises bénéficient "déjà de beaucoup d'aides", a prévenu M. Martinez.

le Mardi 17 Octobre 2017 à 03:58 | Lu 347 fois