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Raimiti Ravello, il conte la vie des autres avec ses pinceaux


PAPEETE, le 26 août 2016 - Depuis un peu plus d’un an, Raimiti Ravello peint à la demande. Il réalise des portraits à partir de photos et de mots. Plus de 11 000 personnes le suivent via sa page Facebook, son carnet de commandes est plein jusqu’en 2017.

Le peintre Raimiti a un nom qui sonne aux oreilles du plus grand nombre. Son illustre grand-père, François, a marqué l’art polynésien. En plus de ses nombreux tableaux exposés aux 4 coins de la ville, il a signé deux grandes fresques, l’une est installée au marché de Pao pao à Moorea l’autre dans l’immeuble Norman Hall à Papeete. Mais ce n’est pas la passion de son aîné qui l’a transporté. "J’ai longtemps détesté l’art plastique." La peinture est le moyen d’expression qu’il a choisi à l’adolescence pour s’exprimer et qu’il a définitivement gardé.

"Passer de l’enfance à l’âge adulte est difficile, pour tout le monde je crois. J’avais besoin de m’exprimer sans trouver les moyens de le faire", explique l’artiste. Il a finalement choisi les graffitis, ce qui n’a pas duré. "Je savais que cela pouvait me porter préjudice, que je pouvais avoir des problèmes avec la justice." Alors les pinceaux ont remplacé les bombes.

"Je me suis mis à peindre jour et nuit"

Diplômé du baccalauréat, "un bac S parce que ça fait bien", il s’est inscrit à l’université. "J’ai fait un semestre et puis je me suis dit, je n’ai qu’une vie. Je veux me lever le matin, faire ce que j’aime, être heureux." Il a tout lâché contre l’avis de ses proches et s’est acheté un kit complet de peinture. C’était en 2006. "Je me suis mis à peindre jour et nuit, ou presque. Sept jours sur sept pendant un an et demi."

Avec son amie, il est parti en France, à Toulouse, où il s’est inscrit dans une école d’art. Lors de ses vacances estivales il rentrait à Tahiti et exposait ses toiles pour payer l’école dans laquelle il est resté cinq ans. Il a obtenu un Capes en 2013, fait un an de stage puis il est rentré à Tahiti avec son amie qui avait elle aussi terminé ses études.

Lorsqu’il a mis en ligne sa page Facebook l’an dernier, un homme l’a rapidement contacté. Ému par son travail, il lui a commandé une toile. "Au fil de nos échanges, nous avons fini par nous comprendre et nous entendre, c’est son portrait qu’il voulait." Le concept était né. "Tout s’est fait très naturellement, je n’avais pas imaginé un tel processus de création avant cette rencontre." Depuis Raimiti Ravello fait courir ses pinceaux sur les toiles non pas en fonction de son imagination mais en fonction des envies et ressentis de ses clients passés au filtre de sa propre sensibilité.

"Rendre service, c'est ça qui m'anime"

Aujourd’hui tout son processus de création est à l’initiative d’un commanditaire. "Nous nous voyons plusieurs fois, il me parle de son projet, de ce qu’il veut voir apparaître, du moment qu’il veut fixer, de ce qui est important pour lui. Je l’interroge sur la façon dont je peux lui rendre service, c’est ça qui m’anime." Raimiti Ravello prend des notes au cours des échanges, ce qui l’inspire pour construire une photographie. L’image et les mots l’aident ensuite à penser un tableau. En plus des portraits, il ajoute des symboles dans sa composition. "Depuis peu, je fais aussi de la vidéo. Je réalise un petit film pour mettre en images toutes les étapes de construction."

Sa page Facebook qui a tout juste un an compte précisément 11 134 fans. "Je suis très présent sur les réseaux sociaux. C’est un média qui n’existait pas au temps de mon grand-père et qui a un impact considérable." Raimiti Ravello y présente ses œuvres, parle de son quotidien, partage ses mésaventures artistiques. À la suite de quoi, il lit des commentaires très "gratifiants". Par exemple "certains me disent s’être remis au dessin en me voyant, d’autres affirment avoir pris confiance en eux suite à certains de mes posts ! On va tous mourir, je veux utiliser le temps qui m’est donné à passer sur la terre pour exploiter et donner tout ce que j’ai au fond de moi."

En plus de ses commandes, l’artiste enseigne. "Je donne des cours d’art plastique au collège Henri Hiro de Faa’a, c’est une autre façon de donner et ça me tient vraiment à cœur." Quand il en a l’occasion il s’investit aussi dans des projets caritatifs. Il vient de faire don d’une toile d’une valeur de 250 000 Fcfp au Rotaract qui organise une soirée de dégustation de vin le 9 septembre prochain pour préparer le noël des enfants.


Contact

Facebook : Raimiti Ravello
http://instagram.com/raimitiravello/
@raimitiravello(Twitter)
@raimitiravello(Snapchat)

Crédit : Raimiti Ravello.
  • Crédit : Raimiti Ravello.
  • Crédit : Raimiti Ravello.
  • Crédit : Raimiti Ravello.
  • Crédit : Raimiti Ravello.
  • Crédit : Raimiti Ravello.

Rédigé par Delphine Barrais le Samedi 27 Août 2016 à 20:01 | Lu 6252 fois