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Quel avenir pour le GIE Tahiti Tourisme ?


Le GIE Tahiti Tourisme à son meilleur avec ce clip reprenant Happy de Pharrel Williams, version tahitienne, qui approche le million de vues sur YouTube.
Le GIE Tahiti Tourisme à son meilleur avec ce clip reprenant Happy de Pharrel Williams, version tahitienne, qui approche le million de vues sur YouTube.
PAPEETE, le 10 septembre 2015 - Le plan du Pays pour développer le tourisme à l'horizon 2020 prévoit d'amputer le GIE Tahiti Tourisme d'une partie de ses responsabilités actuelles, pour le recentrer sur la promotion de la destination à l'international. L'occasion de faire le point sur cet organisme semi-public au budget en forte baisse ces dernières années.

Le plan stratégique du ministère du tourisme 2015-2020 prévoit, entre autres idées pour relancer le tourisme, de recentrer le GIE Tahiti Tourisme sur sa mission de promotion de la Polynésie à l'étranger. Des initiatives comme le salon du tourisme, la journée mondiale du tourisme ou les animations en ville, la coordination de la mise en œuvre de la stratégie globale, les infrastructures ou la professionnalisation des acteurs lui seraient, selon le plan, toutes retirées. L'essentiel serait confié à une nouvelle administration nommée "Agence de développement du tourisme".

Pour le suivi des indicateurs touristique, c'est un "Observatoire du tourisme" qui sera créé. Pour les orientations et le suivi de la politique stratégique, c'est un "Comité de pilotage du tourisme" qui sort de terre. Avec toujours le ministère du tourisme au pilotage.


Michel Monvoisin et Paul Sloan, président et directeur du GIE Tahiti Tourisme
Michel Monvoisin et Paul Sloan, président et directeur du GIE Tahiti Tourisme

"FAIRE VENIR LES TOURISTES, DIEU SAIT SI C'EST DIFFICILE"

Le président du Conseil d'administration du GIE Tahiti Tourisme, Michel Monvoisin, se félicite du recentrage de son activité : "le GIE a été créé pour assurer la promotion de la Polynésie et gérer la marque. Après, le reste est arrivé et s'est ajouté à nos missions par la force des choses. S'il faut recentrer le GIE sur sa mission de base, tant mieux. Notre mission c'est de faire venir les touristes, et dieu sait si c'est difficile."

Il met tout de même un bémol à l'analyse présentée par le plan pour prédire l'avenir du GIE : "ce n'est qu'un nouveau rapport, il reste encore à le mettre en œuvre, ça sera au choix des politiques."

Le budget du GIE divisé par deux en 7 ans

Pour financer la promotion de la destination, le GIE Tahiti Tourisme dispose de 1,2 ou 1,3 milliard de francs, dont 400 millions de frais de fonctionnement. Ces 400 millions étaient intégrés directement dans le budget du Pays, et les 800 millions destinés effectivement à la promotion sont attribués à travers des "subventions exceptionnelles" versées en milieu d'année, un système en place depuis au moins 2013.

Historiquement, le budget du GIE a été beaucoup plus élevé qu'aujourd'hui, à 2,6 milliards de francs en 2006 par exemple. Il était financé environ pour moitié par les recettes de la taxe de séjour payée par les touristes (la "Redevance de promotion touristique" payée sur les nuitées d'hôtel), et l'autre moitié par des subventions publiques sur le budget du Pays.

Mais désormais, la taxe de séjour est intégrée directement au budget général et le GIE financé exclusivement par des subventions. Nous n'entrerons pas dans plus de détails : il est impossible de trouver publiquement le budget ou les comptes du GIE après 2011, derniers chiffres révélés par un rapport de la CTC.

Michel Monvoisin, pour justifier le milliard de francs dont son GIE dispose encore, explique la rationalité de cette dépense par une parabole : "À quoi ça sert à Nike ou Coca Cola de mettre autant de budget dans la publicité ? Une société qui communique (auprès du grand public), le marketing doit représenter 5% de son budget, et des fois encore plus. Donc si le tourisme en Polynésie était une entreprise, il faudrait mettre entre 3 et 4 milliards de francs de budget." En cumulant tout de même les dépenses du GIE et celles de toutes les entreprises qui communiquent à l'étranger, dont la perle et les hôtels…


Le plan de George Pau-Langevin : assouplir les visas touristiques

Le ministère de l'Outre-mer a également dévoilé son plan pour favoriser le tourisme, un rapport nommé "27 mesures pour 2020 en faveur des destinations d’Outre-mer".

Deux mesures sont particulièrement susceptibles de nous aider et sont du seul ressort de l'État : "Poursuivre l’assouplissement des conditions d’entrée dans certaines collectivités d’outre-mer par des dispenses ciblées de visas de court séjour pour les ressortissants de pays présentant un réel potentiel touristique" et "Mettre en place des plateformes de gestion à distance de délivrance des visas électroniques". Des réponses à une revendication forte de nos territoires, qui veulent pouvoir surfer sur l'émergence d'une classe moyenne dans les pays en forte croissance.

Sinon les propositions du rapport se rassemblent autour de six axes, qui ne sont pas sans rappeler le plan stratégique du ministère polynésien. Ainsi il s'agira d'abord de mieux connaitre et piloter les politiques touristiques de ces territoires (dont la troisième mesure sur laquelle nous avons du coup de l'avance : "Inciter les acteurs des territoires ultramarins à élaborer des schémas régionaux de développement touristique") et de libérer de l'espace foncier pour des projets.

Les autres propositions continuent de rejoindre le plan de Bouissou : mettre en valeur les patrimoines culturel et naturel ; renforcer l’offre gastronomique ; penser " tourisme durable" ; développer les désertes aériennes ; mettre en place des zones de détaxe 7j/7j ; restructurer la grande hôtellerie ; attirer les investisseurs étrangers ; mettre en place un portail numérique ; développer la formation et intégrer les jeunes…


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 10 Septembre 2015 à 01:40 | Lu 2546 fois