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Quatre zones franches pour « relancer l'emploi »


« Oui aux investisseurs de toute nationalité, mais ne touchez pas à nos lagons et nos ressources alimentaires ! », a mis en garde Teva Rohfritsch, représentant A Ti'a Porinetia.
« Oui aux investisseurs de toute nationalité, mais ne touchez pas à nos lagons et nos ressources alimentaires ! », a mis en garde Teva Rohfritsch, représentant A Ti'a Porinetia.
PAPEETE, le jeudi 13 novembre 2014. L'assemblée a examiné ce jeudi le projet de loi du Pays créant quatre zones franches. Une opportunité selon le gouvernement pour « créer de l'emploi ». L'opposition dénonce des projets de « grande envergure » qui représente en coût « plus de huit hôpitaux de Taaone ».


Une « zone économique prioritaire dangereuse », pour Tony Géros, de l'UPLD, un outil de « relance économique », pour le ministre de la Relance économique. L'assemblée a examiné jeudi la loi du Pays mettant en place les zones de développement économique prioritaires (voir encadré). Dans ces quatre zones, « les dispositions législatives et réglementaires peuvent faire l'objet d'adaptations afin de favoriser la réalisation des grands projets », précise la loi du Pays. Cette loi a été faite sur mesure pour les projets du Tahiti Mahana Beach, Moorea Mahana Beach, le projet d'aménagement hôtelier et touristiques à Atimaono et la ferme aquacole à Hao.


Les préfabriqués exclus

Elle prévoit notamment que ces projets pourront bénéficier d’exonération de droits et taxes sur les importations de biens. Ces exonérations s'appliquent pour les projets touristiques et hôteliers d'une valeur minimum de 40 milliards de Fcfp ou de 20 milliards de Fcfp pour les projets aquacoles.
Dans le cadre de ces quatre zones, les sociétés qui demandent à pouvoir bénéficier des exonérations douanières devront payer une « taxe forfaitaire de solidarité » (TFS). Les recettes de cette taxe seront versées au Fonds pour l'emploi et la lutte contre la pauvreté et serviront au financement du régime de solidarité.

Le rapport du projet de loi du Pays précise bien que les préfabriqués sont exclus de ce dispositif. En effet, le développement de l'économie ne sera pas assuré si « les entreprises locales ne participent pas directement à la construction des installations si celles-ci sont assemblées par l'utilisation d'éléments préfabriqués importés en Polynésie française ».


« Ne touchez pas à nos lagons »

Lors des débats, Tony Géros a mis en garde contre la dimension financière importante des projets. «Cela représente plus de huit hôpitaux de Taaone », a-t-il souligné pour donner « une représentation visuelle de ce que coûtent ces projets ». Le représentant UPLD a ensuite rappelé le « cauchemar tant financier que technique qu'a été l'hôpital ». « C'était un projet de grande envergure qui est venu gonfler la bulle du BTP juste le temps de sa construction. ( …) Il y a un mélange de foncier maîtrisé et encore privé. Et on veut nous faire croire qu'on pourrait maîtriser le monstre que vous voulez mettre en place », a insisté Tony Géros.
Le ministre de la Relance économique a alors répondu : « Soit nous perpétuons nos mesures d'aide à l'emploi, soit on redonne du sens au mot relance économique. Nous ne souhaitons pas des investissements outre-mesure mais nous avons besoin d'activité ».

Pendant les débats, les représentants de l'opposition ont mis en garde contre les intentions d'investisseurs potentiels. A Ti'a Porinetia, par la voix de Teva Rohfritch, a annoncé qu'il « reste contre l’exploitation intensive et inappropriée de nos lagons. (…) Nous refusons l’entrée des champions du désastre écologique dans nos lagons (..) Oui aux investisseurs de toute nationalité, mais ne touchez pas à nos lagons et nos ressources alimentaires ! » Tony Géros a, lui, comparé le partenariat Pays-investisseurs à un couple et a conseillé au gouvernement de choisir une « mariée docile ».
« On n'a pas affaire à des enfants de chœur, on sait qu'ils vont chercher à faire fructifier leurs investissements », a insisté Jean-Christophe Bouissou.

Quatre zones concernées

Voici les quatre zones de développement économique prioritaires :
- Tahiti Mahana Beach située à Outumaoro, dans la commune de Punaauia ;
- Moorea Mahana Beach située à Tiahura, Haapiti, dans la commune de Moorea-Maiao ;
- Atimaono située dans les communes de Papara et de Teva i Uta ;
- Hao, dans la partie jouxtant l'aérodrome.
Les trois premières zones devraient recevoir des projets à vocation hôtelière et touristique, tandis que la quatrième doit accueillir un projet de développement aquacole.

Protection sociale généralisée : "Des mesures impopulaires devront être prises"

"L'Etat ne viendra pas à notre secours chaque année, ne nous leurrons pas", a insisté Nuihau Laurey. Dans sa réponse à une question de la représentante orange Elise Vanaa sur le régime de solidarité territoriale, le vice-président a insisté sur les "mesures impopulaires" qu'il faudra prendre pour ne pas mettre en péril la protection sociale généralisée.

Quant à la participation de l’État au Régime de solidarité territorial, il ne s'agira pas d'une «dotation globale ». « La facturation des soins aux Polynésiens qui sont évasanés en métropole", devrait être modifiée. Aujourd'hui, la tarification est journalière, elle pourrait passer à une tarification à la pathologie. Selon le vice-président, cela permettrait une économie de 30% selon le vice-président, soit 700 à 800 millions d'économie.
L'avantage de cette mesure pour Nuihau Laurey est d'être "reconduite chaque année" puisque ce n'est pas une dotation qui "serait négociée et remise en cause chaque année".
La deuxième piste discutée en ce moment consiste à verser au RST l'excédent des cotisations patronales de la branche maladie de tous les fonctionnaires d'Etat et pensionnés. Mais elle ne recueille pas les faveurs de Nuihau Laurey.


Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 13 Novembre 2014 à 17:53 | Lu 1692 fois