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Prise en charge des matahiapo : les prescriptions du gouvernement


En 2013, l'espérance de vie en Polynésie française était de 76 ans contre 53 ans en 1952.
En 2013, l'espérance de vie en Polynésie française était de 76 ans contre 53 ans en 1952.
PAPEETE, le 24 novembre 2015. Face au vieillissement de la population, le gouvernement prévoit d'encourager le maintien à domicile des matahiapo et d'ouvrir de nouvelles structures adaptées. Un statut d'aidant familial et davantage de contrôles au sein des structures d'accueil sont réclamés par les associations et professionnels travaillant dans le secteur.

Dans sa structure, le Fare hau, près de l'école Tuterai Tane à Pirae, Heipua Rousselle s'occupe de cinq personnes âgées. Elle a pu ouvrir son unité d'accueil après s'être formée et avoir adapté une maison en installant rampes, barres de relèvement… Chacun des matahiapo qui y habite a un état de santé différent et ses propres envies d'activités. "Certaines personnes ont travaillé toute leur vie et ont l'habitude de faire des activités, d'autres viennent de leur fa'a'apu et ont surtout envie de raconter des bribes de leur ancienne vie", souligne-t-elle. Assise, face à Heipua, Nadine Hoffman de la structure Kyminohei, à Fariipiti, confie que pour ce métier : "Il faut aimer les personnes âgées. Quand je suis avec elles, je les fais passer avant tout le reste".
Selon le recensement de 2012, 10 % de la population polynésienne a plus de 60 ans. "Les besoins seront croissants avec le vieillissement annoncé de la population", note le gouvernement dans son projet de délibération des orientations stratégiques 2015-2024 de la politique de santé. "Non seulement les répercussions sur les coûts de santé seront fortes, mais les réponses aux besoins d'accompagnement et d'hébergement des personnes âgées devront être anticipées."

De "nombreuses familles d'accueil non agréées"

Pour devenir unité d'accueil, Heipua Rousselle a dû faire des aménagements dans ce fare.
Pour devenir unité d'accueil, Heipua Rousselle a dû faire des aménagements dans ce fare.
Pour Heipua et Nadine, la priorité pour le gouvernement est de faire "plus d'enquêtes et de surveillance" dans les fare qui accueillent des personnes âgées. "Il y a beaucoup de structures clandestines, ou des endroits où les matahiapo sont violentés", assure Heipua. Le gouvernement reconnaît, en effet, qu'il existe de "nombreuses familles d'accueil non agréées et non financées par la protection sociale." Le centre d'accueil des personnes âgées Fare Matahiapo à Taravao est l'unique établissement du fenua semi-médicalisé.

Vers un statut de l'aidant familial

A Bora Bora, Sylvana Estall, avec son association Matahiapo de Bora Bora, permet le maintien à domicile d'une vingtaine de personnes âgées. Celle-ci voit d'un bon œil la volonté du gouvernement de "reconnaître un statut d'aidant familial". "Les meilleures personnes pour accompagner leurs parents, ce sont la famille", assure-t-elle. "Certains enfant doivent arrêter leur travail pour s'en occuper. Cette aide leur permettrait d'obtenir un coup de pouce et d'être reconnus".
Dans son schéma d'organisation sanitaire 2015-2020, qui devrait être bientôt discuté à l'assemblée, le gouvernement précise que le statut d'aidant familial permettrait " de reconnaître financièrement (symboliquement aussi), leur rôle et de compenser l'absence de cotisations sur le temps où ils viennent en aide à leurs proches, de leur offrir des répits et éventuellement de les professionnaliser".
Mais le maintien à domicile n'est pas la solution pour tout le monde : "Certains n'ont pas envie d'être avec leurs enfants", reconnaît Sylvana Estall. Le gouvernement réfléchit ainsi à la création d'un établissement de type Ehpad (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Celui-ci pourrait accueillir 90 lits "pour un public relevant partiellement de l'aide sociale", souligne le schéma d'organisation sanitaire. Celui-ci estime le coût d'un tel projet à 1,44 milliard de Fcfp si le projet est entièrement public, soit un coût de 16 millions de Fcfp par lit.
"Une à deux résidences service", pourraient également être construites. Pour le Pays, c'est "une alternative intéressante entre domicile et établissement, permettant de responsabiliser les personnes, dans un domicile collectif adapté. Ces établissements pourraient être développés dans le logement social". Ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement s'attaque au dossier de la prise en charge des personnes âgées. Déjà en 2003, l'assemblée avait pris une délibération définissant un schéma de développement. Mais "ces éléments structurants n'ont pas été mis en place", reconnait le gouvernement. Heipua et Nadine sont assez dubitatives sur la réussite de ce nouveau schéma d'organisation : "Comment cela va-t-il être financé vu le trou dans la caisse de la CPS?", s'interroge-t-elle. La réforme de la protection sociale généralisée tarde en effet à voir le jour.





Des aides pour aménager la maison

Pour favoriser le maintien à domicile, le schéma d'organisation sanitaire 2015-2020 prévoit de mettre en place des "dispositifs d'appui financier (partiel) à la modernisation des domiciles (domotique, ergonomie légère, adaptation salle de bains)" pour "encourager les particuliers à adapter leur domicile afin d'y rester plus longtemps. Cela pourrait prendre la forme d'une aide à l'investissement (sachant qu'elle génère derrière de l'emploi BTP)".

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 24 Novembre 2015 à 17:54 | Lu 2438 fois
           



Commentaires

1.Posté par HELENE Valentin le 24/11/2015 20:26 (depuis mobile) | Alerter
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Enfin, mieux vaut tard que jamais, effectivement, nous sommes actuellement confronter a un nouveau dealem, celui de nos ainé(es). il serait peu etre temps pour tous de se pencher sur ce sujet; celui d''accompagner nos aine(es) vers une meilleur fin d