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Plateau d'Albion : une spécialiste des cancers met en garde contre un "scandale sanitaire"


PARIS, 22 avril 2014 (AFP) - Une spécialiste des cancers d'origine professionnelle pointe le risque d'un nouveau "scandale sanitaire", après les révélations du Parisien sur les pathologies développées par des dizaines de vétérans du site de lancement des missiles nucléaires du plateau d'Albion.

Interrogée mardi sur Europe 1 sur les risques encourus par les milliers de personnes - civils et militaires -, qui travaillent en France au contact du nucléaire, Annie Thébaud-Mony estime qu'"effectivement, on est en présence à nouveau du type de scandale sanitaire qu'on a connu avec l'amiante".

Selon le quotidien Le Parisien de lundi, "des dizaines" de militaires ayant été en poste au plateau d'Albion entre la fin des années 1960 et 1996 "souffrent de formes rares de cancer".

A la question "Y'a-t-il un lien entre le travail sur des sites nucléaires comme le plateau d'Albion et les cancers développés par certains vétérans?", Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé, qui dirige l'unité de l'Inserm "Groupement d'intérêt scientifique sur les cancers d'origine professionnelle", répond: "Oui, bien sûr! Dans la mesure où la radioactivité est un des cancérogènes avérés".

Interrogé par l'AFP, le ministère de la Défense recueillait de son côté mardi "des éléments de fond" sur ce dossier avant toute réaction.

Le Parisien a publié plusieurs témoignages d'ex-militaires du plateau d'Albion souffrant de cancers qui soulignent en particulier le manque de protection dont ils disposaient lorsqu'il étaient a proximité des installations nucléaires. "Les scientifiques étaient alors intégralement protégés. Moi, je n'avais rien", affirme un ex-commando de l'armée de l'air.

Situé à la limite de la Drôme, du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence, le plateau d'Albion a abrité à partir de 1967 les 18 silos abritant les missile nucléaires sol-sol qui constituaient alors la composante terrestre de la force de dissuasion française.

En 1996, le président Jacques Chirac avait annoncé leur suppression, entraînant le démantèlement des installations. Selon les spécialistes, environ 500 à 600 militaires étaient affectés en permanence sur le site.

Jean-Luc Sans, président de l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN), regrette pour sa part le manque d'informations sur la situation des vétérans du nucléaire militaire. "Ca fait partie des mensonges, des chapes de plomb de l'Etat, des difficultés à obtenir des informations", a-t-il déclaré à l'AFP, soulignant que "les gens qui étaient sur place parlent peu".

Rédigé par () le Mardi 22 Avril 2014 à 06:29 | Lu 1072 fois