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Perliculture : un forum pour faire le point


PAPEETE, le 9 novembre 2017 - Organisée par le ministère du développement des ressources primaires, des affaires foncières, de la valorisation du domaine et des mines, le forum de la perliculture vient d’ouvrir ses portes. Il rassemble tous les acteurs du secteur : producteurs, décideurs, scientifiques autour de trois thèmes forts que sont la promotion, la protection de l’environnement et l’amélioration des pratiques de greffes.

Le forum de la perliculture dure deux jours, jeudi et vendredi. Au cours de l’événement, de nombreux intervenants sont invités à s’exprimer devant un public de producteurs, de décideurs et de scientifiques.

Trois thèmes ont été retenus pour ce forum : la promotion, valorisation et amélioration de la perle de culture de Tahiti, les pistes pour une perliculture écoresponsable et durable et enfin la présentation de méthode, outils et approche expérimentale visant à l’amélioration des pratiques de greffe pour réduire les défauts de biominéralisation des perles de culture de Tahiti.

"Nous avons une vision claire de la stratégie perlicole", a lancé Tearii Alpha en préambule. Le ministre du Développement des ressources primaires, des affaires foncières, de la valorisation du domaine et des mines a insisté ensuite sur la nécessité de partager cette stratégie et sur l’intérêt d’un cheminement concerté vers des objectifs communs par les acteurs du secteur.

Faire la lumière sur toutes les problématiques


"Ce forum est l’occasion pour nous tous de faire le point sur les projets publics et privés, sur l’état d’avancement de la recherche et du développement, sur l’évolution de la réglementation et notamment sur la loi de juillet, sur les stratégies de valorisations et de promotions de nos produits. Nous devons faire la lumière sur toutes les facettes des problématiques recensées."

Dans son discours d’ouverture le ministre a par ailleurs insisté sur la protection des lagons, en introduction au thème Vers une perliculture écoresponsable et durable. "Le lagon vivant est une chance, la qualité de nos lagons sont le gage de la qualité de nos perles. Il nous faut à présent les respecter. Nous savons bien que cela n’a pas toujours été le cas."

Prenant l’exemple de lagons historiquement exploités il rapporte : "On ne veut pas aller voir ce qu’il y a dessous, pourtant il nous faudra bien un jour y aller." En attendant, il a invité au respect des espaces.

Protéger, conserver, réglementer, organiser

La stratégie du gouvernement, telle qu’elle a été présentée, repose sur l’exploitation de qualité via une protection des écosystèmes, la conservation de la diversité génétique reconnue, la réglementation des écloseries même si elles restent rares, une meilleure organisation de la commercialisation car "il ne faut pas aller faire sa promotion tout seul dans son coin sur le marché international, nous devons au plus vite rejoindre le réseau de France, nous présenter comme Made in France".

Il est aussi question de la création d’un label et d’une meilleure surveillance des nucleus. "La qualité de la perle est directement liée à la qualité des nucleus. La réglementation n’est pas toujours bien respectée, nous pisterons les professionnelles qui voyagent avec des valises pleines de nucleus non autorisés."

Enfin, le ministère entend mettre l’accent sur la valorisation de la nacre. "Un produit sous-estimé qui suscite des intérêts sur le marché de la bijouterie fantaisie."

Déclin en 2016

L’institut d’émission des outremers (IEOM) dans son rapport annuel paru le 21 juin dernier, indique qu’entre 2015 et 2016, l’exportation de perles accuse un recul de 14,4% en volume et de 12,9% en valeur. Le volume en kg est passé de 13 011 à 11 140 entre 2015 et 2016 (perles brutes de 12 471 à 10 466). La valeur en millions de Fcfp est passée de 7 637 à 6 655 entre 2015 et 2016 (perles brutes passées de 7 361 à 6 427). Les ouvrages en perles, qui font seulement 1,4 % des recettes perlières à l’export, passent de 135 millions de Fcfp en 2015 à 93 en 2016, soit -32 %.

Interrogé à ce sujet, Tearii Alpha répond : "Il ne faut pas se focaliser sur ces chiffres, mais regarder l’évolution par exploitation. L’impact des grandes réformes n’est pas immédiat, il faudra quelques temps pour le constater. En attendant, nous notons des changements au niveau de la production. Nous avons fait des erreurs hier qui ne se reproduisent pas. Certains exploitants par exemple, dans un souci de préservation de la ressource, ont mis en place des jachères."

Deuxième ressource propre de la Polynésie française, la perle apporte à la Polynésie française 35 % de ses recettes d’exportation, derrière le tourisme. Malgré le net succès des ventes aux enchères organisées à Tahiti, les recettes d’exportation sont en repli de 13 % en 2016. Dans un contexte international peu porteur (le marché du luxe affiche un repli de son chiffre d’affaires de l’ordre de 1 % d’après le cabinet Bain & Company3), l’IEOM indique "qu’une réforme structurelle se met en place afin de redorer l’image de la perle de Tahiti à l’international. Elle prévoit de réguler les quantités de production et de déréglementer la commercialisation, abolissant l’obligation de contrôle de qualité".

Adoptée en concertation avec les professionnels de la perliculture et le gouvernement, une nouvelle réforme est entrée en vigueur le 1er janvier 2017. Elle prévoit la création d’un conseil de la perliculture chargé d’instaurer un quota annuel de production globale, décliné par île et contrôlé par la Direction des ressources marines et minières (DRMM), ainsi que la mise en place de cartes professionnelles pour recenser les perliculteurs. En parallèle, elle leur concède le libre choix des produits à commercialiser. Les contrôles de qualité deviennent facultatifs, mais des certifications de qualité peuvent toutefois être proposées pour ceux qui souhaitent en faire un atout commercial.

La nouvelle loi en trois points

Loi du pays n° 2017-16 du 18 juillet 2017 réglementant les activités professionnelles liées à la production et la commercialisation des produits perliers et nacriers en Polynésie française. Elle doit permettre de :
- mieux maîtriser la traçabilité des nucleus.
- instaurer des quotas de productions par hectares.
- améliorer la traçabilité jusqu’à l’exportateur et demain le transformateur.


Quelques chiffres

La perliculture en octobre 2017 c’est :
26 îles perlicoles (Tuamotu-Gambier principalement).
634 fermes.
556 producteurs recensés.
382 producteurs de produits perliers.
8 048 hectares d’élevages dont les stations de greffage.




Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 9 Novembre 2017 à 19:09 | Lu 2042 fois