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Pêcherie : Tahiti Nui Rava’ai et sa filiale Avai'a en sursis


PAPEETE, vendredi 10 janvier 2014 – "Aucune procédure de licenciement n’est engagée", a assuré Tearii Alpha, ministre des Ressources marines, à la sortie de la réunion du conseil d’administration de la société d’économie mixte locale Tahiti Nui Rava’ai (SEML TNR), en fin d’après midi.

Les administrateurs de la SEML ont décidé une continuation de l’activité de la filiale SAS Avai’a jusqu’à la cession complète de la flottille de 16 thoniers palangriers qu’elle exploite et au moins jusqu’en septembre 2014. L'activité de Tahiti Nui Rava'ai se résumera ensuite à la bonne fin des contrats de location des 26 navires exploités par des armateurs privés.

Tahiti Nui Rava’ai et la SAS Avai’a, sa filiale chargée de l’exploitation de 16 navires, emploient 45 personnes, dont 38 marins au chômage technique depuis le 31 décembre dernier. La SEML TNR est détenue à 84,99% par le Pays.

Un budget consolidé pour TNR et Avai’a a été approuvé pour 2014 ainsi que la subvention de fonctionnement de 130 millions Fcfp que le Pays a prévu d’allouer à la SEML pour l’année.

La poursuite de l’activité de la SAS Avai’a est au moins nécessaire pour quelques mois afin d’exploiter six navires encore sous régime de défiscalisation : deux thoniers sont contraints jusqu’en mars prochain et les quatre derniers jusqu’en septembre 2014.

Un appel à candidature doit être publié mardi prochain pour la cession des dix navires libérés des obligations fiscales dont la SAS est également chargée de l’exploitation. Ces palangriers ont été désarmés fin décembre et pourraient être rééquipés pour partir en mer, compte tenu des décisions prises par le CA vendredi.

"Nous verrons dans six mois"

"Dans sa feuille de route, le gouvernement a décidé de fermer l’activité Pêche de Tahiti Nui Rava’ai", précise cependant Tearii Alpha, évoquant la raison d’être de la filiale SAS Avai’a. "Par contre, la société reste engagée avec les autres bateaux qui sont exploités par des privés, pour le remboursement des emprunts et le respect des contrats".

TNR a en effet été constituée en 2000 pour aider au développement de la flotte de pêche hauturière locale par la construction, en défiscalisation, de thoniers palangriers. Après l’échouage d’un thonier en 2008, 42 navires restent potentiellement en exploitation dans les eaux polynésiennes, dont 26 loués à des armateurs privés qui en deviendront propriétaires in fine.

Mais, depuis 2004, la société a dû être maintenue en activité pour échapper à une reprise fiscale qui a fait peser sur le Pays, son actionnaire majoritaire, un risque allant jusqu’à 3,5 milliards fcfp en 2007.
Son activité a donc été maintenue coûte que coûte, pour échapper à cet aléa fiscal. En 13 ans d’existence, la SEML TNR et sa filiale, la société par actions simplifiée Avai’a, ont nécessité près de 2,3 milliards Fcfp de subvention du Pays pour des renflouements successifs. Jamais l'objectif de rendement voulu par le Pays n'a été atteint.

"Nous estimons au sein du conseil d’administration que les efforts ont été bien sûr énormes entre 2004 et 2014, pour maintenir la société à flot", admet Tearii Alpha, "mais aujourd’hui nous devons nous orienter vers une privatisation des armements. Nous ne pourrons faire cela qu’au cours des six prochains mois en espérant que les dix thoniers mis en vente trouveront acquéreurs, afin que nous n’ayons à gérer que les six derniers bateaux jusqu’à leur sortie de défiscalisation. Nous ne licencions pas ; nous n’embauchons pas non plus : les 38 marins et capitaines employés par la société suffisent à l’armement des six thoniers que nous exploitons. Nous verrons dans six mois comment gérer la situation de ce personnel ; mais aujourd’hui aucune procédure de licenciement n’est engagée".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 10 Janvier 2014 à 19:45 | Lu 2149 fois