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Pau-Langevin/Fritch, une rencontre "très fructueuse"


PARIS, le 12 octobre 2015- La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, a reçu le président du Pays Edouard Fritch et les trois députés polynésiens pour un tour d’horizon de l’actualité. Au menu des discussions : la baisse annoncée de la dotation globale de fonctionnement, l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, la défiscalisation… et l’instabilité.

Edouard Fritch a commencé sa mission à Paris par une réunion de travail de près d’une heure et demi au ministère des Outre-mer, avec George Pau-Langevin. Alors que les discussions commencent sur la préparation du budget pour l’année 2016, à Paris comme à Tahiti, Edouard Fritch s’est ému du "coup de rabot" annoncé de la dotation globale de fonctionnement. Surtout, il a "attiré l’attention du ministre sur l’importance pour nous que la DGA (Dotation globale d’autonomie) ne subisse pas de restrictions. C’est important parce que c’est symbolique". George Pau-Langevin a également été informée de l’inquiétude des chefs d’entreprise à propos de la fin annoncée de la défiscalisation à la fin 2018 : "Nous continuons à nous battre", assure Edouard Fritch. En revanche, le président du Pays a souligné que le Contrat de projets "fonctionne très bien" et a rappelé son souhait de "construire rapidement un pôle de santé mentale en Polynésie française".

Dissolution : "On n’en a pas parlé"

Ce mot était dans toutes les têtes mais pour Edouard Fritch, "il n’y a pas de raison d’en parler". Le président a expliqué à la ministre ses "efforts" pour constituer une majorité solide. Il compte d’ailleurs sur René Temeharo et Frédéric Riveta, ses deux ministres qu’il vient de faire redescendre à l’assemblée : "J’ai demandé aux deux ministres de s’activer lors de retour à l’assemblée pour sensibiliser leurs collègues de l’assemblée afin que nous puissions nous renforcer un peu plus. Je ne pense pas avoir beaucoup de problèmes pour le budget à venir, je me fais plus d’inquiétudes pour les réformes qui doivent être adoptées très prochainement". Sur le dossier de la PSG, Edouard Fritch le répète : "J’irai jusqu’au bout".

Nucléaire : une commission de suivi très attendue

L’autre grand rendez-vous de la mission parisienne d’Edouard Fritch aura lieu mardi avec l’installation très attendue de la commission de suivi de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires, au ministère de la Santé, autour de la ministre Marisol Touraine. Les associations de défense des victimes des essais comme Moruroa e tatou et l’AVEN (Association des vétérans des essais nucléaires) se réjouissent, dans un communiqué, "qu’après la déclaration du comité des droits de l’homme de l’ONU en date du 31 juillet dernier qui se dit préoccupé par le taux de rejet de 98.3% des dossiers déposés auprès du Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires et de la déclaration du Premier Ministre en début septembre, cette commission se réunit enfin". Edouard Fritch apparaît sur la même ligne que ces associations. "Cet article 4 alinéa 2 nous préoccupe énormément, dit-il, puisqu’on a l’impression que l’Etat a reconnu les faits en Polynésie mais que l’Etat n’a pas envie de contribuer à la résolution de ce problème. Ce qui est réclamé c’est un élargissement de cet article 4 de façon à ce que les gens qui ont travaillé à Moruroa, les gens qui ont été exposés puissent être dédommagés sans qu’on vienne leur gratter la peau pour savoir si le cancer vient de là ou pas. C’est pas normal qu’aujourd’hui des gens qui ont travaillé 10, 15 ou 20 ans à Moruroa, on ait encore des questions à leur poser sur l’origine du cancer. C’est ce que je dirai au ministre".

Le franc-parler de Jonas Tahuaitu

Ces derniers temps, le député de la 2e circonscription de la Polynésie française se fait plutôt discret à Paris. Ce lundi, il accompagnait Edouard Fritch lors de sa rencontre au ministère des Outre-mer, à l’invitation du président du Pays, avec ses collègues Maina Sage et Jean-Paul Tuaiva. Il assure que la bataille entre le Tahoeraa et le Tapura n’a pas lieu d’être en métropole : "Je suis toujours député de la Polynésie. Je ne suis pas député seulement d’un groupe. Quand on vient ici, on est solidaires, on défend notre pays. C’est ce que je fais".
Mais lorsqu’Edouard Fritch parle d’un dialogue "très fructueux" avec George Pau-Langevin, Jonas Tahuaitu se montre plus direct : "Le président a bien défendu les dossiers de la Polynésie. Mais c’est dans l’autre sens que ça ne marche pas avec les rabots dans la DGA. On recule par rapport à 2015".
Gaston Flosse, s’il était encore président, aurait-il pu faire mieux face à l’Etat ? "Non, ce n’est pas que Gaston sait mieux faire, c’est qu’il n’y a pas d’argent". Si Jean-Paul Tuaiva reste prudent et attend le passage du projet de budget en commission à l’Assemblée Nationale, Jonas Tahuaitu est plus pessimiste : "Je ne pense pas que la ministre changera d’avis. Ca ne dépend pas d’elle", affirme-t-il.

Rédigé par Serge Massau le Lundi 12 Octobre 2015 à 10:53 | Lu 1169 fois