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Papi et Mamie Lee enfin libérés


PAPEETE, le 11 juin 2015 - Ça y est, les matahiapo Lee peuvent sortir de chez eux. Ce jeudi, des ouvriers ont attaqué à la masse le mur qui les enfermait dans leur propre maison depuis 9 mois. Le propriétaire du lot voisin a fini par céder à la pression du procureur et de la police, et leur a ouvert l'espace d'une porte.


Ce jeudi à 13h30, papi Keesang Lee a commencé à entendre des coups de massue contre le mur qui le maintient enfermé depuis maintenant 10 mois. Victime d'une longue maladie, Keesang se déplace avec des béquilles. L'itinéraire de sortie, qui passe par l'escalade de deux escabeaux, lui est impossible. Il a même raté ses deux derniers rendez-vous avec son médecin à cause de cela.


Liu et Keesang Lee tiennent à remercier Monil Tetuanui, qui a pris le combat pour leur libération à bras le corps, et le procureur Thorel qui leur a fourni l'argument choc qui a fini par payer
Liu et Keesang Lee tiennent à remercier Monil Tetuanui, qui a pris le combat pour leur libération à bras le corps, et le procureur Thorel qui leur a fourni l'argument choc qui a fini par payer
Du coup il a du mal à y croire… Mais si, un rayon de soleil passe enfin, jetant une tache de lumière dans la poussière qui s'est accumulée sur la voiture de sa fille, emmurée avec toute la famille depuis septembre dernier. Et progressivement, c'est la forme d'une porte qui émerge et au milieu le visage amical d'un ouvrier, qui le salue en tahitien. Le mur est enfin tombé. "Je me suis dit, y a un truc qui a changé là" nous raconte papi Lee. "Car on a tout fourni comme preuves, on est allé au tribunal, et ça n'avait pas bougé. Mais la police est venue hier, ils ont pris les noms, tout, et maintenant ça bouge. La police m'a dit que c'est la première fois qu'ils voient ça…"

Le conseil : porter plainte

Car ce qui a fini par pousser le propriétaire du lot voisin, monsieur Christian P., à ouvrir un petit trou dans son mur, ça n'a été ni les nombreuses procédures en justice enclenchées par les Lee ou le Camicat, qu'il a toutes gagnées ; ni la pression médiatique ; ni les réactions outrées du grand public. Ce qui semble avoir tout changé, c'est la plainte déposée hier auprès des agents de la DSP venus constater sur place l'enclavement de la famille Lee.

C'est le procureur José Thorel, probablement alerté par notre article de mardi dernier, qui leur a donné la solution à leur problème : "J'ai conseillé à ces gens d'aller à la DSP porter plainte pour le délit d'obstacle sur une voie ouverte à la circulation, ce qu'ils auraient dû faire depuis le début." Un délit pénal prévu par le code de la route, passible de deux ans de prison et un demi-million de francs d'amende…

Il se demandait même pourquoi ils n'avaient pas immédiatement porté plainte. La réponse des intéressés : "Nous on ne savait pas, on a cherché un avocat et c'est tout. Au début, comme on est locataire, c'est eux qui ont porté plainte pour nous dire de dégager le garage. Il a envoyé un huissier, et il m'a fait payer 220 000 Fcfp. Il disait que tout ça c'est à lui, je lui ai dit "non, ça c'est à moi, c'est Monseigneur Michel qui nous l'a donné, comme il y avait trois lots de l'autre côté, avec des familles et plein d'enfants, si ils avaient fait la route là-bas, ils n'auraient plus eu de cour. Donc il a fait la route là."

Le trou minimum

Liu Lee, très fatiguée de devoir escalader ce mur, pour aller au marché à pied chercher ses légumes et son poisson, est satisfaite de cette ouverture. "Moi pourvu que je puisse sortir acheter le ma'a, ramener la bonbonne de gaz, ou en cas de problème que les secours ou les pompiers puissent venir… Et pour mon mari, comme il est malade, il a le carnet rouge longue maladie…"

Mais son mari aurait aimé un peu plus que l'ouverture de 1,6 mètre de hauteur : "Je leur dit aux ouvrier, en tahitien, s'ils ne pouvaient pas agrandir un peu, pour qu'on puisse sortir la voiture de ma fille. Comme elle vit à Ana'a, elle est maire adjointe, elle vient de temps en temps. Et elle aime bien avoir sa voiture. Depuis qu'il y a le mur, ça y est c'est fini elle ne vient plus, elle ne pourrait plus bouger… Et même la voiture, en 10 mois, les quatre roues sont à plat et elle ne démarre plus…"

Que la lumière...
Que la lumière...

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 11 Juin 2015 à 17:11 | Lu 10043 fois