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Opération "Déposez les armes" à la gendarmerie et à la DSP


Le directeur de la sécurité publique François Perrault, le commandant Thierry Damerval de la gendarmerie et José Thorel le procureur de la République ont présenté ce jeudi l'opération "Déposez les armes" qui va durer jusqu'au 1er septembre 2015.
Le directeur de la sécurité publique François Perrault, le commandant Thierry Damerval de la gendarmerie et José Thorel le procureur de la République ont présenté ce jeudi l'opération "Déposez les armes" qui va durer jusqu'au 1er septembre 2015.
PAPEETE, le 7 mai 2015. La gendarmerie nationale, la police nationale avec le Haut commissariat et le procureur de la République de Polynésie française lancent l'opération "Déposez les armes" jusqu'au 1er septembre prochain, comme cela a déjà été fait dans d'autres territoires ou départements d'outremer. Les personnes en possession d'armes à feu non déclarées sont incitées à venir remettre ces armes à la gendarmerie la plus proche de son domicile ou à la DSP en échange de leur immunité pour détention d'armes illicites, un délit habituellement sanctionné par une peine allant jusqu'à 3 ans de prison. Les armes qui seront récupérées seront analysées afin de vérifier qu'elles n'ont pas été utilisées dans des affaires criminelles, puis détruites.

Le but de cette opération est "de préserver la tranquillité de la Polynésie française" explique le commandant Thierry Damerval, chargé de la police judiciaire à la gendarmerie. Si la Polynésie française n'est pas connue pour l'importance des faits de violence mettant en cause des armes à feu, "on en découvre régulièrement incidemment à l'occasion de perquisitions menées pour d'autres affaires" précise le procureur de la République, José Thorel. A la fin du mois de février dernier à Punaauia, les gendarmes se sont ainsi retrouvés à Punaauia face à une équipe de quatre frères en possession d'armes de poing. En janvier 2014, les policiers de la DSP avaient essuyé des tirs lors d'une descente de police chez le "roi Pakumotu". Trois armes avaient été saisies : un fusil 22 long rifle, un fusil artisanal de calibre 38 et un fusil Remington 270. Parmi les découvertes fortuites des gendarmes et policiers au cours des dernières années, quelques objets insolites : deux kalachnikov lors de perquisitions menées sur une affaire de cambriolage ou un "stylo-pistolet" 22 long rifle à un coup. Les autorités lancent cette campagne de dépôt des armes et de régularisation pour éviter "que sous le coup de la colère, le fait de détenir une arme incite le détenteur à s'en servir" indique encore le commandant Damerval.

Impossible de prédire en revanche quel serait le nombre de ces armes détenues sans autorisation en Polynésie française. Rien à voir c'est sûr avec ce qui se produit dans les banlieues des grandes villes de métropole, "il y a un chiffre noir inconnu". En zone gendarmerie, une quinzaine d'infractions relatives à des détentions illégales d'armes sont relevées chaque année. La seule référence certaine sur les armes à feu en Polynésie est celui des autorisations de possession d'armes (délivrées par le Haut commissariat). On compte ainsi 1500 armes recensées en Polynésie pour 1000 détenteurs identifiés. Alors d'où viennent ces armes détenues illicitement ? En Polynésie française, la filière la plus productive est celle des "voileux" selon la formule du commandant Damerval. Il s'agit de plaisanciers, qui au moment de leur départ, s'équipent illégalement d'armes à feu, car leur périple à travers les océans les conduisent à passer par des endroits réputés pour leurs actes de piraterie. Ils revendent ensuite ces armes à leur arrivée dans la très paisible Polynésie. D'autres armes à feu détenues illicitement peuvent l'être par héritage quand il s'agit d'armes de collection. Plus prosaïquement, il advient également que des personnes pratiquant le tir sportif avec des armes déclarées correctement soient victimes de cambriolages sans que l'on parvienne à remettre la main ni sur le cambrioleur ni sur les armes et les munitions qui les accompagnaient.

Pour "déposer les armes" rendez-vous à la gendarmerie la plus proche du domicile ou à la DSP. Renseignements au 40 50 72 09 (gendarmerie) ou 40 47 01 44 (DSP). Dans les archipels où il n'y pas de gendarmerie, il faut téléphoner pour signaler la présence des armes et des missions de récupération seront organisées par la suite.


La réglementation sur la détention d'armes a évolué

Cette opération de prévention de la délinquance et de sécurisation des foyers intervient alors qu'un nouveau décret est applicable depuis le 2 avril dernier en Polynésie française en ce qui concerne la détention des armes. La nouvelle classification simplifiée des armes est passée de 8 à 4 catégories : A pour les armes et matériels de guerre interdits; B pour les armes soumises à autorisation (fusils semi automatique de capacité supérieure à trois coups, fusils à pompes, taser, armes à balles de caoutchouc); C pour les armes soumises à déclaration (fusils semi automatique de capacité inférieure ou égale à trois coups, paint-ball de forte puissance –supérieure à 20 joules-); D les armes soumises à enregistrement et armes à détention libre (arme d'épaule à canon lisse tirant un coup par canon, armes neutralisées, arme historique et de collection, armes de tir à blanc). Toutes les demandes d'autorisation de détention d'armes sont des démarches à effectuer auprès du Haut commissariat.

La répression pour détention illégale d'armes a fortement appuyé le volet pénal. Les punitions encourues vont jusqu'à :
3 ans de prison et 5,4 millions de Fcfp d'amende pour la cession ou la détention d'armes des catégories A et B
2 ans de prison et 3,6 millions de Fcfp d'amende pour la cession ou la détention d'armes de la catégorie C
1 an de prison et 1,8 million de Fcfp d'amende lorsqu'il s'agit d'armes de la catégorie D
7 ans de prison et 11,9 millions de Fcfp d'amende pour le commerce illicite

Opération "Déposez les armes" à la gendarmerie et à la DSP

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 7 Mai 2015 à 17:31 | Lu 2372 fois