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Nuutania : Urvoas parle de "l’indispensable rénovation du site"


PAPEETE, 20 mars 2017 - L'Agence publique pour l'immobilier de la justice dispose d’un budget de 3,58 milliards Fcfp pour financer les travaux de rénovation et de restructuration de Faa’a-Nuutania.

Après avoir inauguré, dans la matinée, le centre de détention Tatutu de Papeari, qui présente certainement ce qui se fait de plus moderne dans l’univers carcéral français, le garde des Sceaux s’est rendu lundi après-midi à la prison de Faa’a-Nuutania, régulièrement citée depuis 2013 par la justice administrative pour ses "conditions indignes et inhumaines de détention".

Lundi, Faa’a-Nuutania accueillait dans une chaleur moite 316 pensionnaires en centre de détention, alors que le quartier ne compte que 111 places, et 60 prévenus en zone maison d’arrêt.

Dans l’allocution prononcée en préambule de la visite de cette prison qui demeurera jusqu’en mai prochain l’unique centre de détention de Tahiti, Jean-Jacques Urvoas a évoqué "l’indispensable rénovation" de ce site qu’il visite pour la deuxième fois depuis 2012.

L'Agence publique pour l'immobilier de la justice (APIJ) maître d'ouvrage de ce projet envisage plusieurs types de restructurations possibles et dispose pour le triennal 2016-2019 d’un budget de 30 millions d’euros (3,58 milliards Fcfp) pour financer le chantier. Si des opération de rénovation sont conduites depuis plusieurs mois dans le pénitencier, l’Etat attend qu’on lui soumette des besoins pour lancer le grand chantier. "Simplement, nous avons une difficulté de calibrage", a déclaré Jean-Jacques Urvoas, interrogé sur la programmation de ces travaux. "Pour être certain de répondre à la demande, nous avons besoin d’une expertise supplémentaire : On ne se lance pas dans 30 millions de travaux comme ça. Nous avons besoin de savoir avec précision quelles sont les attentes de l’autorité judiciaire (de Polynésie française, ndlr). (…) L’argent est là. Simplement il nous faut être certain du bon établissement que nous déciderons d’aménager. Et puis il nous faut surtout continuer à faire des travaux pour faire en sorte que ce bâtiment, qui n’a que 40 ans, puisse continuer à servir".

Interpellé sur l’imprécision de cette annonce, le ministre de la Justice s’est défendu de vouloir "semer des illusions".

Une hypothèse de restructuration de Faa’a-Nuutania envisagée un temps par l’APIJ projetait le maintien des 32 places du quartier courte peines et une rénovation complète des bâtiments actuels pour offrir à terme 130 places d’hébergement en centre de détention avec parloirs familiaux et zone sportive.

En attendant, le garde des Sceaux s’est dit "admiratif de ce paradoxe infini" entre les conditions de détention "indignes" offertes par la prison de Faa'a, le "soin" apporté à l’endroit où ils vivent par les détenus et le "dévouement absolument remarquable" des agents pénitentiaires : "c’est une alchimie que je n’ai trouvé nulle part ailleurs" a-t-il dit en soulignant avoir visité 36 établissements pénitentiaires français.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 20 Mars 2017 à 16:57 | Lu 1633 fois