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Nuihau Laurey souhaite créer une commission d'enquête de l'énergie pour "plus de transparence"


Nuihau Laurey, le vice-président et le ministre de l'Energie espère créer une commission d'enquête pour faire la lumière sur de nombreuses polémiques.
Nuihau Laurey, le vice-président et le ministre de l'Energie espère créer une commission d'enquête pour faire la lumière sur de nombreuses polémiques.
PAPEETE, le 10 juin 2016 - Le vice-président de la Polynésie Française espère qu'une commission d'enquête sur l'énergie verra bientôt le jour. Elle aurait pour but de passer à la loupe tous les dossiers du Pays concernant l'énergie.

Pourquoi souhaitez-vous créer une commission d'enquête sur l'énergie?
Compte tenu d'un certain nombre de polémiques dans le domaine de l'énergie et d'un certain nombre de dysfonctionnements anciens dans le secteur de l'énergie, j'aimerais avoir une totale transparence sur ces sujets. C'est pourquoi j'ai proposé à notre majorité la création d'une commission d'enquête ce matin (NDLR: jeudi 9 juin) devant notre comité, composé du gouvernement et de notre groupe de majorité à l'Assemblée.

Quel serait son rôle?
Cette commission sera chargée de rendre un avis sur tous les points qui, à mon sens, ont posé ou continuent à poser des problèmes. Notamment, le point qui a été initialement évoqué par Madame Tina Cross : le renouvellement de la concession de distribution de Secosud. Il s'agit d'une concession qui aurait dû être renouvelée depuis janvier 2014 et qui a été repoussée à quatre reprises. Il y a un vrai problème sur ce renouvellement donc je pense qu'il faut éclaircir les choses. Le deuxième problème est celui de l'annulation partielle de la formule tarifaire de l'électricité suite à un jugement du tribunal administratif qui a été rendu le 3 juillet 2013. Depuis cette date, manifestement, rien n'avait été fait par les ministres de l'énergie qui se sont succédé. J'aimerais savoir pourquoi, compte tenu de cette décision de justice, rien n'a été fait depuis. Autre problème auquel je pense est celui de la Te Mau Ito Api, société productrice d'énergie éolienne de l'île de Makemo (NDLR : aux Tuamotu). Là, les avis objectifs sont unanimes pour dire que c'est un fiasco : financier, technique, juridique. Il y a aussi le sujet de la TEP (Transport d'énergie électrique) et Marama Nui. Il y a un sujet ancien en Polynésie : on accuse beaucoup EDT d'être hégémonique dans le secteur de l'énergie. Je pense que c'est le cas. En effet, ils sont présents dans la production d'électricité thermique, dans la production d'hydroélectricité, dans le transport d'électricité et ils sont concessionnaires d'électricité, de Tahiti Nord et d'un certain nombre d'îles. A l'évidence, ils sont hégémoniques. Avant 1998, Marama'nui était une société indépendante de EDT. Les actionnaires privés ont vendu leurs parts à l'entreprise. Là aussi, j'aimerais que la commission fasse toute la lumières sur cette histoire. Enfin, il y a le Swac (Sea water air conditionning) de l'hôpital, où rien n'a été fait depuis 2008. Je pense que c'est le bon moment pour créer cette commission d'enquête.

Qui seraient les membres de cette commission d'enquête?
Il y aurait environ une dizaine de membres qui auront le loisir d'auditionner l'ensemble des acteurs de l'énergie et des représentants de la société civile. Il ne faut pas qu'il y ait une politisation de cette commission d'enquête. Je ne veux pas que chacun vienne y défendre ses petits intérêts partisans. Je pense que la meilleure manière pour y arriver reste de faire en sorte que la presse puisse apprécier objectivement la qualité ou la non-qualité des débats et les réponses qui seront apportées aux questions, posées par l'ensemble des membres de la commission.

Vous dîtes que "c'est le bon moment" pour créer cette commission, pourquoi?
Cela fait un peu plus d'un an que le Président du gouvernement m'a confié le ministère de l'Énergie. Nous avons mis en place un Plan de transition énergétique avec plusieurs dizaines de mesures. Nous avons créé un comité de suivi de ce plan énergétique qui accueille en son sein tous les acteurs de l'énergie et nous avons mis en œuvre un certain nombre de mesures. Je mets au défi le président de cette commission, si elle est créée, de me donner un gouvernement qui a pris autant de mesures dans le secteur de l'énergie que celui qui est aujourd'hui présidé par Édouard Fritch.

Et si cette commission n'était pas créée?
Ce serait une grande déception. Toutefois, j'ai le sentiment que tout le monde a une volonté d'aboutir à une plus grande transparence. Je pense que l'on se rejoint au moins sur ce sujet. La commission d'enquête doit faire son travail en toute indépendance. Je n'ai rien à cacher dans ce domaine et très franchement, je suis assez fier du travail qui a été fait par mes collaborateurs.

Comme c'est votre idée, de créer cette commission, on pourrait vous reprocher de le faire uniquement dans votre propre intérêt. Qu'en pensez-vous?
Oui, on peut le faire. Je me dis que la composition de cette commission a pour vocation d'en faire un organe neutre et indépendant. Si à l'issue des auditions, la commission considère que le travail qui est mené sur la transition énergétique est mauvais, et bien ils le diront avec des arguments objectifs.

S'il n'y avait pas eu ces polémiques, auriez-vous tout de même proposé la création de cette commission?

J'aurais continué à travailler le plus discrètement possible. J'aurais continué à faire avancer les sujets : l'installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments administratifs, le lancement d'un certain nombre d'audits dans ce secteur… Actuellement nous travaillons sur le dossier de la TEP, nous proposons que EDT sorte du capital de cette société. C'est la première fois que nous allons mettre en œuvre une évaluation de la valeur des parts de EDT dans la TEP. Donc les sujets avancent, même les sujets les plus difficiles.

Est-ce que l'on pourrait craindre que la création de cette commission retarde certains projets?
Ce serait vraiment dommage! Je ne pense pas que la commission bloque l'avancée de certains dossiers. Mais je pense que nous avons besoin de cette transparence.

Les prochaines étapes de la création

La proposition de Nuihau Laurey sera présentée à l'Assemblée de la Polynésie Française. A partir de ce moment-là, les élus devront voter, afin de dire s'ils sont d'accord avec cette création ou non. Ensuite, le président de la commission puis ses membres seront désignés et pourront commencer à travailler sur les différents dossiers. Le vice-président espère que la commission, si elle doit l'être, soit créée le plus rapidement possible : " Dès la semaine prochaine pour commencer à travailler sur les dossiers sans attendre."


Des dossiers brûlants (les articles sont à retrouver sur notre site)

Le renouvellement de la concession de la Secosud : Le Syndicat pour l'électrification des communes du sud de Tahiti (Secosud) a, depuis 2013, l'obligation de trouver un fournisseur d'électricité pour le territoire qu'elle couvre (600km2 et une population de 35 110 habitants). Mais depuis plus de 6 ans, le dossier piétine. En 2014, quatre entreprises ont répondu à l'appel d'offres qui avait été lancé. Toutes les candidatures ont été déclaré infructueuses. En 2015, un nouvel appel à candidatures a été lancé, en vain. C'est notamment sur ce point qu'une polémique est née et que Nihau Laurey et Valentina Cross se sont de nombreuses fois écharpés verbalement.
La production d'énergie à Makemo : la SEM Te Mau Ito Api, en charge de la production d'énergie éolienne à Makemo, recherche un nouvel investisseur depuis 2009. Ce projet qui devait servir de pilote en matière énergétique pour les autres piles reste au point mort. Les habitants de l'île sont alimentés en électricité par des groupes électrogènes. Faute de repreneur, ils pourraient bientôt se retrouver dans le noir.
La Swac de l'hôpital : Depuis la fin de l'année 2012, le Pays souhaite équiper le Centre hospitalier de Polynésie française d'un système de climatisation utilisant l'eau de mer froide des profondeurs. Un système de Swac qui a fait ses preuves en Polynésie dans des structures hôtelières. Mais depuis plus de trois ans et demi, le Swac de l'hôpital n'avance pas.

Rédigé par Amelie David le Vendredi 10 Juin 2016 à 15:18 | Lu 1835 fois