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Nouvelle-Zélande: Jacinda Ardern, 37 ans ou la promesse du changement


Wellington, Nouvelle-Zélande | AFP | jeudi 20/09/2017 - Propulsée le 1er août à la tête d'une opposition néo-zélandaise aux abois, Jacinda Ardern, 37 ans, a permis aux travaillistes d'effectuer une incroyable remontée dans les sondages et incarne la promesse d'un "changement" de génération.

Le parti de centre-gauche était promis à une quatrième défaite électorale de rang quand il a fait le pari de la jeunesse face au Premier ministre sortant Bill English, 55 ans. Et ça pourrait payer.
Portée par une impressionnante vague de sympathie appelée "Jacinda-mania" par les médias, la trentenaire a même été comparée au Français Emmanuel Macron et au Canadien Justin Trudeau. 
Un comble pour celle qui affirmait n'avoir auparavant jamais imaginé briguer un jour le poste de Premier ministre.
Née en 1980 à Hamilton, à 130 km au sud d'Auckland, Jacinda Ardern affirme que c'est la pauvreté qu'elle a vue dans l'arrière-pays de l'Île du Nord qui a contribué à forger ses convictions de gauche.
Fille d'un policier, elle a été élevée dans la foi mormone, à laquelle elle renonce dans les années 2000 en raison des positions de cette Eglise sur l'homosexualité.
Elle s'intéresse très tôt à la politique grâce à une tante et entre dans les organisations des jeunesses travaillistes. Après ses études, elle travaille pour la Première ministre Helen Clark, puis à Londres pour Tony Blair.
Elue à la Chambre des représentants en 2008, et toujours réélue depuis, Mme Ardern devient en mars chef adjointe du Parti travailliste.
 

- 'Le pire poste politique' -

 
A l'époque, les caciques du parti la voyaient comme un talent en devenir, mais encore trop tendre pour la joute politique.
Et c'est comme par défaut qu'elle prend la tête de l'opposition quand son prédécesseur Andrew Little démissionne le 1er août alors que les travaillistes sont au fond du trou, avec 23% des intentions de vote.
"Tout le monde sait que je viens d'accepter sans préavis le pire poste politique", déclare-t-elle en devenant la cinquième chef du Parti travailliste en quatre ans, la plus jeune de son histoire centenaire.
Parier sur la jeunesse à deux mois d'un scrutin était osé. Mais les travaillistes ont bénéficié d'une remontée remarquée dans les sondages. L'alternance n'est plus aussi impossible même si la popularité de Mme Ardern a depuis marqué le pas. 
"Il y a un mouvement pour le changement et je crois qu'après neuf ans, les gens commencent à sentir que nous sommes à la dérive", dit Mme Ardern.
Cette diplômée de communication est adepte des petites phrases incisives qui captent l'attention, notamment au sein d'une jeunesse avide de changement.
"Ma génération a été oubliée au bord de la route par le gouvernement", déclarait-elle récemment après neuf années de règne conservateur.
Quelques débats enflammés avec M. English ont eu raison des doutes sur son tempérament.
Elle a en outre gagné des points en répondant vertement à un journaliste qui lui soutenait à la télévision que les Néo-Zélandais avaient le droit de connaître ses projets de grossesse avant de décider ou non de voter pour elle.
"Il est totalement inacceptable de dire en 2017 que les femmes doivent répondre à cette question, sur leur lieu de travail", a-t-elle dit.
Reconnaissant le bilan économique solide de son adversaire, Jacinda Ardern a axé sa campagne sur la lutte contre les inégalités sociales, notamment en matière de logement, d'éducation et de santé.
Son principal faux-pas aura été son refus de présenter un programme fiscal avant l'élection, ce que M. English a raillé comme la preuve de son inexpérience.

le Jeudi 21 Septembre 2017 à 02:46 | Lu 939 fois