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Nouvel an chinois : L’année du cheval de bois a commencé à Papeete


Les membres de l’association Si Ni Tong ont reçu la visite des « lions enchanteurs » ce vendredi matin. Menée par l’école de Kung-Fu de Jean Chahaut, la danse du monstre mythique a permis de chasser le mauvais sort. En toile de fond, un merveilleux cheval de bois conçu par François Lam. Selon les spécialistes du Feng Shui, 2014 sera une année de changement et d’énergie positive.

Les festivités du nouvel an chinois ont enfin commencé, notamment par l’incontournable danse du lion au siège-même du Si Ni Tong, association créée en 1911 sous l’appellation de la SCI Si Ni Tong. A 9h00, les élèves de Kung Fu de Jean Chahaut, ont fait revivre, pour l’occasion, trois lions devant un public médusé par cette prestation. « Magique ! » a lâché une jeune femme venue de Papara. Rappelons que, dans la tradition chinoise, la danse du lion chasse les démons (et donc les effets de leurs maléfices) et est sensé attirer la chance. Une croyance qui, même en temps de crise, reste ancrée dans la communauté « tinitō » locale.

Le Cheval est le septième animal du zodiaque chinois. Il est souvent considéré comme un signe de vitalité et de créativité, qui renforce notre volonté de réussir et crée un constant besoin d’action. Comme le Tigre, le signe du Cheval est propice à la prise de décision, à l’action et au changement. Mais, contrairement au premier, empreint d’agressivité, voire de violence, le Cheval sait se montrer habile et manœuvre toujours avec élégance et perspicacité.

Dans le Feng Shui, c’est une année Shao Yin (Chaleur) où l’on retrouve l’élément Bois Yang. Une dynamique Bois donc très prononcée, couplée à un animal réputé fougueux et indépendant… Ce sera une année où l’action sera favorisée.

Une année propice à l’évolution

Les élèves de l'école de Kung Fu de Jean Chahaut ont interprêté une superbe danse du lion au siège du Si Ni Tong.
Les élèves de l'école de Kung Fu de Jean Chahaut ont interprêté une superbe danse du lion au siège du Si Ni Tong.
Selon certains érudits de la communauté chinoise locale, Le signe du Cheval invite cette année au changement, à l’innovation et à la créativité où il faudra accepter de sortir du cycle énergétique Jue Yin précédent pour rentrer dans cette nouvelle énergie Shao Yin qui amorce un nouveau départ.

Un ancien coiffeur de Pape’ete nous a donné sa version : « On dit le cheval fougueux mais aussi diplomate. On pourra s’attendre à des remous dans les secteurs politiques et financiers, mais cette fois, la diplomatie du cheval devrait éviter ou minimiser l’intensité des confrontations les plus houleuses. Sur le plan personnel, il faudra profiter de l’arrivée de cette énergie de renouveau pour changer ses habitudes : c’est une année favorable à la réalisation de performances. »

Plus proche encore, un commerçant ayant pignon sur rue. Selon lui, « Ce sera le moment pour chacun de retrousser ses manches et de mettre en chantier tous ses projets. Les chances de réussir sont importantes. Le temps de la réflexion est déjà passé. » puis de mettre en garde, sur un ton paternaliste, la jeunesse chinoise actuelle : « Malheur à ceux qui n’ont pas assez de courage ou d’enthousiasme pour bâtir ou rebâtir leur vie, car des circonstances aussi favorables ne se présenteront plus avant le prochain passage du Cheval, c’est-à-dire dans douze ans. Il faut saisir l’occasion au vol. C’est ici que s’applique particulièrement ce vieux proverbe français : « Ce qu’on peut faire aujourd’hui, il ne faut pas le remettre à demain.»

Guy Yeung, l’actuel président du Si Ni Tong, a cependant relativisé les prédictions annoncées. « Forcément, comme dans toutes les prédictions, il y a des erreurs. Mais de toute façon, ce qui est important de retenir, c’est de toujours positiver. Il est toujours mieux de rester dans un esprit positif que de prédire des actions négatives. » Toujours est-il que le Cheval de Bois semble apporter son lot de promesses et d’espoir dans une époque où la morosité ambiante avait pris le dessus jusque-là.
« Il s’agit tout d’abord pour nous d’associer, au-delà de la communauté chinoise, toute la communauté polynésienne pour que cette année du cheval de bois soit une année prospère. Une année au cours de laquelle notre économie s’améliore et que les gens souffrent moins. Kung Hi Fat Choy à tous et à toutes.» a conclu Guy Yeung.

Les festivités se poursuivront par un bal prévu ce vendredi soir 31 janvier, à l’école philanthropique rue Edouard Ahnne. Les tickets sont disponibles au siège du Si Ni Tong. Il est possible de contacter la permanence au 427 418.

TP

Pour s'assurer que le mauvais sort a vraiment quitté les lieux, le lion enchanté visite chaque pièce d'une maison et inspecte les lieux avant de poursuivre son chemin.
Pour s'assurer que le mauvais sort a vraiment quitté les lieux, le lion enchanté visite chaque pièce d'une maison et inspecte les lieux avant de poursuivre son chemin.
Kung Hi Fat Choy ou Xin Nian Kuai Le ?

Il n’est pas rare de lire dans les médias plusieurs façons de dire « Bonne année ! » en chinois. Et pour cause, comme dans la langue tahitienne, la prononciation s’est altérée ou a tout simplement évolué. Comment ? Pāpā Ah Siau (là aussi, le nom aurait été Ah Hi Yee On selon certains mais cela reste encore à vérifier) affirme que la formulation si souvent utilisée « Kung Hi Fat Choy » ne serait pas exacte. Eliane Lechêne, présidente de l’association philanthropique chinoise, partage le même avis en nuançant toutefois : « Aujourd’hui, on mélange tout ! L’expression n’est pas totalement fausse, mais elle ne s’adresse qu’à une certaine catégorie de personnes (plus aisée ou des nobles dans l’ancienne Chine) Or, ici il s’agit de souhaiter la bonne année à l’ensemble de la population et donc, la bonne expression est : Xin Nian Kuai Le. Cela veut dire « bonne année » mais à un plus grand nombre. » Une bonne partie des personnes interrogées et parlant bien le chinois semblent agréer a cette dernière version.

Sur le net, il n’est pas rare de lire « Kung Hei Fat Choy » ou « Kung Hi Fat Tchoy » , voire même « Kung Shee Fat Choy » (qui, semblerait être issu d’un style plus populaire dans certaines campagnes qui parlent encore la langue Hakka ) et pour les amateurs « d’expressions multiples », il existe également « Gong Hay Fat Choy ». De quoi en perdre son chinois. « Tout ça, c’est un chap soy ! » (sous entendu : un mélange incompréhensible.) S’est écrié un membre de l’association Wen Fa, une des composantes du Si Ni Tong. « Il faudrait simplement qu’on se regroupe tous, c’est-à-dire, toutes les associations chinoises de Tahiti pour définir une bonne fois pour toutes comment dire «bonne année en chinois » et puis voilà ! ».

L’appel est lancé et en attendant la validation consensuelle d’une expression spécifique, la formule Kung Hi Fat Choy semble encore être tolérée par les conservateurs purs et durs. Le débat reste donc ouvert.

TP

Pendant que les lions rendent visite aux commerçants chinois de Pape'ete, une petite chinoise immortalisant cet instant dont elle se souviendra certainement car l'année du cheval reviendra seulement dans...12 ans.

Trois lions pour chasser les démons, ce n'est jamais de trop !
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Rédigé par TP le Vendredi 31 Janvier 2014 à 12:28 | Lu 2543 fois