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Musées et SEO, 100 ans de vie commune célébrée


Vairea Tessier, archéologue, en charge de la documentation au Musée de Tahitie t des îles et Manouche Lehartel, à l'initiative de l'événement "100 ans de vie commune" au Musée.
Vairea Tessier, archéologue, en charge de la documentation au Musée de Tahitie t des îles et Manouche Lehartel, à l'initiative de l'événement "100 ans de vie commune" au Musée.
PAPEETE, le 18 juillet 2017 - Le musée de Tahiti et des îles propose à partir du 25 juillet un parcours qui fait la lumière sur les contributeurs, et en particulier sur la Société des études océaniennes (SEO). Ce parcours raconte ceux et celles qui ont donné naissance à l’établissement, il met l’accent sur les grandes expéditions et chercheurs qui ont marqué sa vie et sur un certain nombre de précieux objets qu’il protège en son sein.

Ce n’est pas une exposition en soi avec une salle dédiée, une mise en scène, des panneaux d’affichages et des objets rassemblés autour d’un même thème. "C’est plutôt un fil rouge", nuance Manouche Lehartel, à l’initiative de l’aventure. "Il nous fallait marquer le coup, remercier toutes les personnes qui ont permis la mise en place du musée de Tahiti et des îles. Cette histoire a tout de même 100 ans !"

Concrètement des panneaux rythment le parcours du visiteur dans les salles d’expositions permanentes. Le premier est installé dans le hall. Une vingtaine d’objets, sélectionnés pour l’occasion, sont mis en valeur et présentés plus en détail. Ce sont des objets qui ont marqué l’histoire des instituts muséaux polynésiens et de la Société des études océaniennes (SEO). Car ils ont une vie commune. "Ils ont des histoires qui se confondent depuis toujours." Ces histoires, les voici.

Pour les comprendre, Manouche Lehartel apporte des éléments de contexte : "À la fin du XIXème siècle, Hawaii a créé le Bernice Pauahi Bishop Museum, une société savante a vu le jour en Nouvelle-Zélande, la Polynesian society". Un courant de défense du patrimoine se propageait dans le Pacifique. "Chez nous il a fallu attendre 1917, mais nous aussi nous nous sommes donné les moyens de protéger le patrimoine matériel de nos anciens."

Depuis des dizaines d’années déjà, ce patrimoine était attaqué. Les objets des anciens étaient convoités par les Occidentaux. "Ces objets étaient soit échangés, souvent contre des clous qui avaient à l’époque une valeur inestimable pour les Polynésiens, soit pillés." À l’époque aucune structure ni aucun cadre réglementaire ne pouvaient les retenir sur le territoire. "Il n’y avait pas non plus de personnalité polynésienne suffisamment forte, capable de faire cesser tout ça."

"En 1917, donc, un petit musée dit musée de Papeete, ainsi qu’une bibliothèque voient le jour dans la caserne d’infanterie avenue Bruat. En parallèle, naissait la Société des études océaniennes, la SEO, via un arrêté signé du gouverneur Julien", rapporte Manouche Lehartel. En 1918, un poste de conservateur était créé. Puis, en 1921, la gestion du musée chargé de conserver tout ce qui avait trait à la culture ancienne, était confiée à la SEO.

Le musée de Papeete a déménagé en 1935 de l’avenue Bruat (actuelle avenue Pouvanaa Oopa) vers un bâtiment à Mama’o. "C’était un petit immeuble situé sur le terrain de l’ancien hôpital", précise Manouche Lehartel. "En 1950, cet immeuble en mauvais état qui devait être rénové, a finalement été remplacé par l’hôpital Mama’o. Le musée de Papeete, toujours géré par la SEO, s’est installé rue Lagarde, dans la maison Bellay, au niveau du magasin Tati aujourd’hui."

Pendant les années 1960, les collections du musée ont beaucoup grandi. Les objets provenaient directement des fouilles d’archéologues au nombre grandissant mais aussi de particuliers, sensibilisés par les rencontres avec ces chercheurs de terrain. "Il y avait un nombre incroyable de missions. La SEO entretenait des relations avec les chercheurs d’Océanie mais aussi avec les instituts de recherche du monde entier." Les outils législatifs pour protéger les objets s’affinaient dans le même temps.

La maison Bellay n’y suffisait plus. En 1967, le gouverneur Sicurani, achetait un terrain de quatre hectares à la Pointe des pêcheurs, une cocoteraie sur laquelle il souhaitait faire construire nouvel établissement muséale. Un projet confié à Bengt Danielsson qui devait en faire un centre polynésien de sciences humaines.

Mais, le co-auteur (avec sa femme Marie-Thérèse) de Moruroa, mon amour paru aux éditions Stock en 1974, n’a jamais terminé sa mission. Il a été remplacé dans sa tâche. Un musée a finalement ouvert ses portes en 1975. L’équipe comprenait alors le graphicien Tené Dessirier, des chercheurs du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, de l’Orstom.

L’établissement public est devenu le centre polynésien des sciences humaines en 1980 avec, à la tête de trois départements : Maeva Navarro pour la partie archéologie, Jean-Marc Pambrun pour la tradition orale et Anne Lavondès pour la partie musée. Depuis, plusieurs responsables se sont succédé. Quant à la SEO, elle reste présente aux côtés du musée. Les liens sont toujours forts. Les deux entités poursuivent leur vie commune. Les fonds du musée de Papeete ont été définitivement cédés au Musée de Tahiti des îles en 2010.

En 1983, le cyclone Veena, a forcé la fermeture de l’établissement qui a rouvert ses portes deux ans plus tard, rénové, à l’occasion du festival des arts.

C’est à tous ces contributeurs et pour rappeler tous ces moments forts que Manouche Lehartel et son équipe ont pensé l’événement "100 ans de vie commune".

À présent, le musée comme ses habitués le connaissent depuis sa réouverture en 1985, vit ses derniers jours. À partir de l’année prochaine et pendant deux ans, il sera mis en veille. Un tout nouveau musée de Tahiti et des îles verra le jour en 2020, toujours à la Pointe des pêcheurs.


Pratique

Musée de Tahiti et des îles Te fare manaha
Tél. : 40 54 84 35
www.museetahiti.pf
Tous els jours de 9 heures à 17 heures sauf le lundi
Du 25 juillet au 31 décembre


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 18 Juillet 2017 à 18:00 | Lu 2146 fois