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Motu Uta, l’île de la Reine


Le Motu Uta, îlot de villégiature de la Reine Pomare IV. Cette photo a été prise en 1859 par Gustave Viaud, le frère ainée de Pierre Loti, et le premier photographe de Tahiti.
Le Motu Uta, îlot de villégiature de la Reine Pomare IV. Cette photo a été prise en 1859 par Gustave Viaud, le frère ainée de Pierre Loti, et le premier photographe de Tahiti.
PAPEETE, le 28 avril 2017. « Ce qui frappe tout d’abord quand on arrive dans la rade, c’est un petit îlot à fleur d’eau comme une émeraude et sur laquelle flotte le pavillon d’O-Taïti. Moutu-Outa où l’île de la Reine, tel est le nom de cette île miniature.»

Depuis la nuit des temps, cette petite île de sable gardait gracieusement l’entrée de la rade de Papeete et ce, jusqu’en 1962. Autrefois propriété de villégiature Pomare, motu Uta devint tour à tour un fortin, un îlot de quarantaine pour les voyageurs originaires de régions à risque sanitaire, un lieu d’internement lors des deux guerres mondiales, un lieu de fêtes, avant d’être englobé par l’agrandissement du port de Papeete.

Motu Uta, l’île de la Reine

Pomare II installa sa résidence secondaire sur cet îlot où il se retirait pour traduire la Bible sous la conduite des linguistes de Londres. Mais il arrivait aussi que la case royale se transformât en vide-bouteille ! Ce petit îlot servit occasionnellement de résidence à la reine Pomare IV.
C'est à Motu Uta que le drapeau personnel de Pomare IV sera amené par Bruat pour faire place au pavillon français. Au début du Protectorat, l’îlot sera aménagé en fortin avec quelques canons pour protéger le port de Papeete.

Un Lazaret dans la baie de Papeete

Dans les années 1900, Motu Uta est aménagé en lazaret pour la mise en quarantaine des passagers, équipages et marchandises en provenance de ports où sévissait la peste. Il fut ravagé par le cyclone des 5 et 6 février 1906, puis reconstruit.

Une prison pendant les deux guerres mondiales

Motu Uta sera un lieu de réclusion pour des prisonniers politiques lors des deux guerres mondiales. Les patriotes de Tahiti y « embastillèrent » les ressortissants des nations ennemies de la France (allemands, autrichiens, japonais, pétainistes) mais également des français originaires d’Alsace. Ces reclus provisoires passaient le temps comme ils le pouvaient, certains travaillaient la nacre, dessinaient, écrivaient des poèmes, ou même des petites pièces de théâtre qu’ils faisaient jouer par leurs co-détenus

Un lieu de fêtes

Un Tahitien, autrefois jardinier au service de la royauté, passa toute son existence sur ce motu, observant les mouvements des navires de commerce et de guerre visitant Tahiti. Il connaissait tous les équipages et l’on raconte qu’il organisait « en douce » sur l’îlot des fêtes nocturnes bien arrosées, voire lubriques pour des officiers de marine et quelques notables de Tahiti. Des anciens de Tahiti peuvent encore vous raconter les soirées inoubliables de l’actrice Martine Carol sur Motu Uta.

La disparition du Motu Uta

La construction d’une digue courant le long du récif d’une longueur de 2,2 km qui reliera le légendaire îlot de Motu Uta à Fare Ute, et le remblaiement de l’îlot de Motu Uta, commencèrent durant l’année 1962. Ces travaux d’extension des installations portuaires qui dureront près de quatre ans défigureront pour toujours la belle baie de Papeete.

Le petit îlot de Motu Uta, résidence secondaire des Pomare. Peinture de Nicolas Feld.
Le petit îlot de Motu Uta, résidence secondaire des Pomare. Peinture de Nicolas Feld.

Maisons sur Motu Uta, Tahiti. Dessin réalisé le 7 février 1835, tiré du carnet de dessins de Conrad Martens réalisés lors du voyage du Beagle dans les îles du Pacifique Sud. Coll. Cambridge University Library
Maisons sur Motu Uta, Tahiti. Dessin réalisé le 7 février 1835, tiré du carnet de dessins de Conrad Martens réalisés lors du voyage du Beagle dans les îles du Pacifique Sud. Coll. Cambridge University Library

Magnifique coucher soleil sur Motu Uta vu du quai de Papeete pris en 1940, par Paul lsaac Nordmann.
Magnifique coucher soleil sur Motu Uta vu du quai de Papeete pris en 1940, par Paul lsaac Nordmann.

Autre photo de Paul Isaac Nordmann du quai des goélettes avec au fond, le petit îlot de Motu Uta en 1940.jpg
Autre photo de Paul Isaac Nordmann du quai des goélettes avec au fond, le petit îlot de Motu Uta en 1940.jpg

Vue aérienne de Motu Uta en 1949, avec les bâtiments
Vue aérienne de Motu Uta en 1949, avec les bâtiments

Les constructions sur Motu Uta en 1949
Les constructions sur Motu Uta en 1949

Vue aérienne du port de Papeete avec le petit îlot de Motu Uta vers 1950
Vue aérienne du port de Papeete avec le petit îlot de Motu Uta vers 1950

Vue aérienne du port de Papeete qui a englobé Motu Uta en 1966
Vue aérienne du port de Papeete qui a englobé Motu Uta en 1966

Rédigé par TAHITI HERITAGE le Vendredi 28 Avril 2017 à 14:24 | Lu 11624 fois
           



Commentaires

1.Posté par bidass le 28/04/2017 17:47 | Alerter
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On est vraiment très fort pour saccager toute la beauté de notre île.

Le CEP avec sa rivière de milliards on plus de mal que de bien a notre mère nature,

Aujourd'hui tout est anéantis.

2.Posté par joseph le 29/04/2017 14:29 | Alerter
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C'est dommage! Détruisez tout ce qui concerne le passé fier des gens de Tahiti et de Maohi!

3.Posté par NICOLAS le 29/04/2017 22:22 | Alerter
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Il est certain que la nature était plus belle quand Tahiti comptait seulement cent habitants.

4.Posté par to oe ia pito le 02/05/2017 08:40 | Alerter
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@1 2 et 3
D'accord avec ce triste constat...
seulement l'histoire continue: projet de la papenoo, mahana beach...les routes de la cote est....
Le développement économique ne doit pas se faire via une dégradation de notre fenua....

5.Posté par papa ru''''au le 02/05/2017 08:58 | Alerter
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Ce motu est un symbole. C'est aujourd'hui par Motu Uta qu'arrive le déferlement de produits importés qu'engendre notre hyper consommation. On peut critiquer le CEP, la France, les bétonneurs... mais nous sommes tous responsables de ce que nous consommons, de notre goût immodéré pour le "confort" moderne, même le plus futile, le plus destructeur pour l'environnement. Et une petite partie seulement de ces biens, une fois transformés en déchets (parfois après quelques jours d'utilisation seulement) revient à Motu Uta pour être recyclés, renvoyés à grand frais en Nouvelle-Zélande ou ailleurs pour éviter d'encombrer Paihoro... Si l'on veut conserver ce qu'il reste de beau dans nos îles, nous devons d'abord apprendre à consommer moins et mieux.

6.Posté par microstring le 02/05/2017 13:12 | Alerter
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Eh ! Papa ruau, tu oublies une chose. En 60 ans, le nombre d'habitants est passé de 70 000 à plus de 220 000, la plupart de cette population provenant des îles suite à une immigration sauvage. Ce qui nous vaut aujourd'hui les charmants bidon-villes...