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Moorea : il tabasse sa femme enceinte de 1 mois après l'avoir incitée à boire


C'est en claudiquant sur une paire de béquilles, l'œil au beurre noir, que la malheureuse s'est présentée à l'audience de jugement ce jeudi.
C'est en claudiquant sur une paire de béquilles, l'œil au beurre noir, que la malheureuse s'est présentée à l'audience de jugement ce jeudi.
PAPEETE, le 26 mai 2016 - Un homme de 32 ans a été condamné et conduit à Nuutania, ce jeudi, jugé pour la troisième fois en un an pour de graves violences sur sa concubine. Il l'avait obligée à le suivre en bringue chez des amis avant de la rouer de coups en fin de soirée, samedi dernier à Moorea, car elle ne voulait plus en partir.


"C'est quand que vous allez arrêter de taper madame ?", a vainement interrogé la présidente du tribunal correctionnel, ce jeudi, à l'heure de juger en comparution immédiate pour d'énièmes violences conjugales un jeune homme de 32 ans, prévenu d'avoir une nouvelle fois tabassé sa concubine, samedi dernier à Moorea.

Tête baissée, le tane ne sait pas trop quoi dire, met ses crises de violence sur le compte de l'alcool. "Oui, enfin c'est vous qui décidez de boire", gronde le magistrat. En état de récidive légale, déjà condamné deux fois pour des faits identiques au cours de l'année écoulée, il écopera finalement de 18 mois de prison dont 6 avec sursis, la partie ferme de la peine étant assortie d'un mandat de dépôt, ticket direct pour la maison d'arrêt de Nuutania.

Il lui achète l'alcool malgré la grossesse

Coups de poing, coups de pieds au sol, tirage de cheveux, la malheureuse a subi un calvaire dans la nuit de samedi à dimanche dernier : "Il m'a balancée dans tous les sens". Maltraitée, frappée, traînée au sol, elle n'avait dû son salut qu'à elle-même. Profitant d'un moment d'inattention de son tane, la jeune femme avait rassemblé ses forces pour prendre ses jambes à son cou et déguerpir en direction de la route, espérant trouver de l'aide.

Coup de chance, une cousine qui passait par là en voiture a pu la prendre en charge pour la conduire au plus vite chez un médecin. Orbite oculaire défoncé, ecchymoses diverses sur le corps et fracture du pied gauche, c'est en claudiquant sur une paire de béquilles, l'œil au beurre noir, que la malheureuse s'est présentée à l'audience de jugement hier. 28 jours d'incapacité totale de travail (ITT) lui ont été délivrés.

"C'est énorme", lâche son avocate Me Ayoun, rappelant au passage ces effrayantes statistiques : une femme meurt tous les trois jours de violences conjugales en France et sans ses territoires.
Ironie de l'histoire, la jeune victime, enceinte de 1 mois, ne voulait pas sortir samedi dernier : "Je voulais rester tranquille à la maison". Mais son compagnon a semble-t-il insisté pour qu'elle l'accompagne chez ses amis faire la bringue. Il lui a aussi acheté de l'alcool. Malgré sa grossesse. Incapable de refuser quoique ce soit à cet homme qui, comme elle le fera remarquer plus tard chez les gendarmes en remplissant le formulaire destiné aux femmes battues, "l'empêche de sortir, de travailler et de voir des amis", elle finira par s'enivrer elle aussi.

"On est dans le quotidien"

La moutarde est montée au nez de monsieur en fin de soirée quand elle lui a fait comprendre, alors que lui voulait rentrer, qu'elle n'avait pas l'intention de le suivre tout de suite. L'homme lui réglera son compte à la maison un peu plus tard, lui reprochant notamment, parce qu'elle est enceinte, d'avoir consommé l'alcool qu'il lui avait pourtant mis sous le nez toute la soirée.

"On est dans le dossier typique de ces violences conjugales où l'homme tabasse sa femme dès qu'il perd le contrôle qu'il a sur elle", assène l'avocate de la malheureuse. "On est dans le quotidien de la permanence du parquet de Papeete qui traite entre dix et vingt affaires semblables chaque jour", abonde le représentant du ministère public.

En concubinage depuis trois ans, la vahine a indiqué au tribunal que les violences de son conjoint lui avait déjà fait perdre un enfant lors d'une précédente grossesse. Elle a aussi précisé qu'elle n'entendait pas pour autant se séparer de son homme.

Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 27 Mai 2016 à 04:30 | Lu 6657 fois