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Moody's relève la note de la Polynésie française à Baa1


PAPEETE, 7 décembre 2016 - L’agence de notation financière Moody’s a relevé mercredi la note financière à long terme de la Polynésie française de deux crans à Baa1, avec perspective stable.

C’est le deuxième relèvement de la note financière de la collectivité, après le BBB- accordé à la Polynésie française par l’agence Standard & Poor’s en mai dernier. En 2016, le Pays sera sorti, aux yeux des bailleurs de fonds, de la catégorie dite "spéculative" que lui valait son BB+ depuis plusieurs années, en matière de perception du risque de crédit, et aura renforcé de trois crans sa position dans la catégorie dite "d’investissement", bien plus enviable.

"Nous sommes juste à un cran de revenir à la situation que nous connaissions en 2001, lorsque Standard & Poor’s nous avait attribué la note A-", a commenté Jean-Christophe Bouissou, mercredi à l’issue du point presse du Conseil des ministres. "Oui, c’est réconfortant. Et c’est un excellent point pour la Polynésie et les futurs emprunts que nous aurons à contracté l’année prochaine. Cela va changer le regard des établissements de crédits sur la Polynésie. (…) C’est un nouveau regard, sur un Pays qui s’est redressé, au travers d’une économie qui repart et en qui on peut avoir confiance", a aussi estimé le porte-parole du gouvernement.

C’était la bonne nouvelle du jour. La mise en scène a été soignée et c’est le vice-président Nuihau Laurey qui est venu en personne l’annoncer, à la toute fin du point presse du Conseil des ministres. L’information bruissait depuis plusieurs jours dans les couloirs du gouvernement, sans que rien d’officiel n’ait été publié par Moody’s. Tout a été officialisé à la mi-journée lorsque la note à long terme de la Polynésie française était officiellement relevée à Baa1 avec perspective stable.

"Certains élus de l’opposition préféreront sans doute se référer au site misère-à-tahiti.com, consultable chaque soir lors des réunions de quartier", a ironisé Nuihau Laurey, mercredi. Mais il a aussi souligné que les effets vertueux de l’amélioration de la situation économique du Pays, dont cette notation financière n’est que le reflet, pouvaient s’observer depuis 2014 sur l’emploi avec "la première inflexion positive de la courbe de l’emploi depuis 10 ans" observée par l’Institut de la statistique (ISPF).

Pour le financement du budget d’investissement de l’exercice 2017, le Baa1 avec perspective stable accordé par Moody’s est surtout synonyme d’emprunts plus faciles à trouver et surtout beaucoup moins chers.

Concrètement, elle permet "une plus grande accessibilité aux bailleurs de fonds, avec de meilleurs taux d’intérêt", a dit Nuihau Laurey. "C’est une situation dont bénéficie déjà la collectivité et qui devrait encore s’améliorer avec cette réévaluation de la note financière. J’en veux pour preuve l’emprunt que nous avons signé avec l’AFD (Agence française de développement, ndlr) pour la construction du pôle de santé mentale : On nous prête à 1,7 %, alors que la moyenne des prêts faits avant 2012 était plutôt aux alentours de 4,5 %. Cela fait une baisse vraiment considérable. Et au plan purement factuel, nous réalisons sur les exercices 2016 et 2017 une économie en charge d’intérêts et de remboursement de la dette d’à peu près 1,5 milliard. On commence déjà à ressentir, sur l’économie du Pays, les effets de notre politique de désendettement. Entre 2014 et 2017, il sera de l’ordre de 10 milliards : nous étions à 94 milliards en 2014 et nous allons passer à 84 milliards l’année prochaine, avec un impact réel sur le budget".

Autre avantage, dans les prochains mois : cette réévaluation de la note de deux crans facilitera l’entrée du Pays dans l’Agence France locale (AFL) en 2017. "Pour la mobilisation des emprunts de la Polynésie on va pouvoir s’appuyer sur la Caisse des dépôts et consignations, sur l’AFD et l’AFL", souligne Nuihau Laurey. "Ces trois bailleurs de fonds institutionnels vont constituer quasiment 90 % de nos capacités de mobilisation en 2017. C’est pour cela que je parle de sécurisation de nos accès aux financements externes".

L’amélioration du Baa1 de la Polynésie française en A3 (A- chez Standard & Poor’s) sera lié à l’efficacité des mesures mises en place par la collectivité, d’ici 2019, pour faire face au déficit structurel de son système de protection sociale généralisé (PSG), à la diversification de son économie et à la poursuite de son désendettement.

Perspective stable

La perspective est stable mais de solides performances budgétaires sont attendues dans les trois prochaines années par l’agence de notation financière, notamment en matière de contrôle des dépenses, dans un contexte où les revenus fiscaux sont attendus en légère hausse. Alors que le taux d’autofinancement de la collectivité est attendu en hausse dans les prochains exercices, la Polynésie française devra le mettre à profit pour diminuer son taux d’endettement, en le faisant passer à 74 % de ses ressources contre 86 % en 2015.
Dans ce contexte, une diminution plus rapide de ce taux aurait un effet vertueux sur la notation financière de la collectivité, prévient l’agence Moody’s qui souligne aussi que toute révision à la baisse de la note souveraine accordée à la France (Aa2) aurait un impact négatif sur la notation financière de la Polynésie française.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 7 Décembre 2016 à 11:58 | Lu 2120 fois
           



Commentaires

1.Posté par emere cunning le 09/12/2016 06:45 | Alerter
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Voui alors, Moody’s and ISPF said so, what else ??? Que demande le Peuple ???
Notre grand monsieur Laurey peut effectivement se moquer, c’est sûr que, de ses bureaux climatisés de Papète aux dorures parisiennes du Sénat, il ne doit plus voir ni entendre grand-chose de toute cette misère dont il se rit, des mamas et jeunes qui traînent dans NOS RUES A MENDIER ET VOLER… so cool la vie !