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Monoï de Tahiti : un avenir à éclaircir


Monoï de Tahiti : un avenir à éclaircir
PAPEETE, le 17 janvier 2017 - Depuis le 1er janvier 2017, le Groupement interprofessionnel du mono'i de Tahiti (GIMT) n'existe plus. Aujourd'hui, une partie des producteurs s'est regroupée dans un groupement d'intérêt économique, l'autre, en cluster.

16 juillet 1992 : le Groupement Interprofessionnel du Mono'i de Tahiti (GIMT) naissait. Pendant près de 25 ans, les producteurs regroupés en son sein se sont attelés à la lourde tâche de protéger l'appellation d'origine du mono'i et de défendre l'intérêt du produit au fenua et à l'international.

Au fil du temps, les intérêts et vision des membres ont convergé dans des sens différents. Le GIMT a fini par sombrer. Le gouvernement a souhaité dissoudre le groupement dès le début de l'année 2016. D'une part, le Pays tenait à refondre le statut juridique du GIMT, devenu obsolète. D'autre part, il voulait mettre fin aux nombreuses dissonances entre les producteurs et ainsi, reprendre les choses en main.

Lors du conseil des ministres du 7 décembre dernier, un arrêté indiquait la dissolution, au 1er janvier 2017, du GIMT. "Deux entités ont été créées à ce jour : le « GIE Monoï de Tahiti » et l’association « Cluster Tahiti Cosmetic ». Ces deux structures poursuivront la promotion du « Monoï de Tahiti », tant sur le marché local que sur le marché international. Le Pays se chargera, dès 2017, de la gestion de la marque « Monoï de Tahiti »", précisait-il.

NAISSANCE D'UN GIE

Olivier Touboul
Olivier Touboul
Lors des dernières assemblées du GIMT à la fin de l'année 2016, plusieurs opérations ont été budgétées pour assurer la pérennisation de certaines actions du GIMT en 2017 selon Olivier Touboul. La route du mono'i va survivre, tout comme la semaine du mono'i, qui pourrait être reconduite en fin d'année.

En outre, quatre producteurs se sont regroupés pour former un Groupement d'intérêt économique (GIE). "Nous avons anticipé et créé le GIE en mars. Nous partageons la même vision de la filière et des actions qui doivent être menées pour assurer la promotion du mono'i", décrit Olivier Touboul, président du GIE et dernier président en date du GIMT.

Pour les membres de ce GIE, il est important d'assurer la continuité des missions du GIMT. Le GIE a déposé un dossier de demande de subvention au gouvernement. "On ne pouvait pas laisser tomber la filière du jour au lendemain. Il va aussi falloir que le GIE s'intéresse à des sujets autres que le mono'i de Tahiti."

UN CLUSTER POUR LA RECHERCHE

Tetautiare Pere Toomaru
Tetautiare Pere Toomaru
En parallèle de ce GIE, une autre entité a été créée : le cluster Tahiti cosmetic. La présidente est la gérante de Rau Hotu, Tetautiare Pere Toomaru. Contrairement au GIE, cette structure n'entend pas continuer les actions du GIMT, avec lequel Tetautiare était en profond désaccord. "Nous souhaitons investir dans la recherche, le développement et l'innovation. Le cluster permet de regrouper plusieurs secteurs et de travailler ensemble, c'est ce que nous souhaitons faire."

La présidente est dans l'attente d'une rencontre avec son ministère de tutelle. Le cluster lui présentera ses projets pour les mois à venir. "Nous souhaitons ainsi fixer un contrat d'objectifs avec le ministre s'il souhaite soutenir le cluster. Nous aimerions aussi savoir si la taxe est maintenue ou non et s'il reste des fonds à investir, venant de l'ancien GIMT. Nous attendons donc."

De son côté, le président du GIE, Olivier Touboul attend beaucoup du Pays afin de savoir s'il peut compter ou non, sur une subvention. "Nous aimerions avoir une vision un peu plus claire de ce qui a été donné. Nous sommes normalement sous la tutelle du ministère de l'Économie, mais nous ne savons pas si nous allons changer de tutelle ou non. Nous sommes dans l'attente de l'attribution des règles du jeu."

Le 1er avril prochain, l'appellation "mono'i de Tahiti" fêtera ses 25 ans.

Parole à deux anciens membres du GIMT Monoï de Tahiti

• Christina Auroy, directrice du Laboratoire cosmétologique de Tahiti :

"Cela ne change pas grand-chose à notre activité d'être affilié ou pas. Nous ne perdons pas notre appellation d'origine. Nous ne sommes pas déçus que la GIMT ait été dissout puisque l'appellation d'origine a été créée et nous avons assuré la protection des produits. Il vaut mieux quitter un groupement quand ça ne marche pas. Cela nous convient ainsi. Ce qui s'est monté ensuite ne nous intéresse pas, si c'est pour refaire la même chose avec les membres, ce n'est pas la peine."

• Jérémy Biau, de Tevi Tahiti, membre du GIE Monoï de Tahiti :


"Je n'étais pas du tout pour la dissolution du GIMT, indique Jérémy Biau, patron de Tevi Tahiti. J'y suis rentré en 2014 et, pour une petite entreprise comme la mienne, faire partie d'un groupement est très important. Nous ne sommes que deux dans l'entreprise, se regrouper avec d'autres permet de faire avancer certains dossiers qui nous coûteraient trop cher si nous étions seuls."


A l'exportation...

Les exportations de mono'i ont enregistré une hausse de 55,10 % entre 2013 et 2015. Entre 2014 et 2015, le mono'i enregistrait la deuxième plus forte hausse des produits exportés. Enfin entre le premier trimestre 2015 et le premier trimestre 2016 les exportations du produit connaissent une progression de 22,8 % se positionnant ainsi juste après les produits perliers.

Cependant, la part du mono'i dans les exportations reste toute petite. L’huile parfumée représente en valeur 1,80 % des exportations en 2013, 2,71 % en 2014 et 1,99 % en 2015. Ainsi les producteurs de mono'i bien que dynamiques restent encore très petits.

MCC

Rédigé par Amelie David le Mardi 17 Janvier 2017 à 17:00 | Lu 3453 fois