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Mieux comprendre : comment nos animaux et plantes sont protégés


Le monarque fait ainsi partie des espèces protégées de catégorie A.
Le monarque fait ainsi partie des espèces protégées de catégorie A.
PAPEETE, le 15 février 2016. L'isolement géographique de la Polynésie française a favorisé la présence de nombreuses espèces endémiques. A ce titre, on compte parmi les taux d’endémisme d’espèces terrestres les plus élevés. Ce sont donc des zones riches d’un point de vue biologique, mais où de nombreuses espèces sont extrêmement vulnérables et menacées. Un arsenal de mesures a été mis en place pour protéger cette richesse.

Fin janvier, six petits requins ont été retrouvés morts à Punaauia après que des pêcheurs les ont attrapés à la ligne. Ces photos partagées sur les réseaux sociaux avaient suscité l'indignation. Les personnes responsables de cette pêche risquent jusqu'à un million d'amende et trois mois de prison. Ces peines peuvent doubler en cas de récidive.
On parle souvent de la réglementation pour les requins, les baleines et les tortues au fenua mais de nombreuses autres espèces sont protégées.
Le Pays s'est doté d'une réglementation pour protéger les espèces animales et végétales qui sont en danger, vulnérables, rares ou qui présentent un intérêt particulier. Ces espèces sont réparties au sein de deux catégories : A et B.
La liste des espèces protégées de catégorie A comprend les espèces considérées comme vulnérables ou en danger. La liste des espèces protégées de catégorie B regroupe les espèces considérées comme rares ou d’intérêt particulier.

33 oiseaux endémiques protégés
L'avifaune de Polynésie française compte 50 espèces d'oiseaux terrestres et 29 espèces d'oiseaux marins. Sur ces 79 espèces, 38 sont protégées par la réglementation de Polynésie française (inscrites sur la liste des espèces protégées de catégorie A).
Ces chiffres peuvent paraître petits mais c'est en réalité un patrimoine naturel exceptionnel. Sur les 38 espèces d’oiseaux terrestres indigènes, 28 sont endémiques à la Polynésie orientale (dont 26 endémiques à la Polynésie française), soit un taux d’endémisme de 74%.
Ce taux d’endémisme est l’un des plus importants du monde. Il peut s’expliquer par l’éloignement des continents et les distances importantes qui existent au sein du territoire entre les différents archipels, ce qui a conduit les espèces indigènes à se différencier pour s’adapter à leur environnement.

Leur détention interdite
Pour les espèces terrestres, la liste des espèces protégées de catégorie A compte 164 espèces végétales, les mollusques appartenant à la famille des partulidés ('areho) et 33 espèces d'oiseaux. Le monarque fait ainsi partie de cette catégorie. Pour les espèces marines, la liste des espèces protégées de catégorie A compte quatre espèces de mollusques, une espèce de poisson, quatre espèces de reptiles (tortues) et cinq espèces d'oiseaux.
Pour ces espèces relevant de la catégorie A, la destruction, mutilation, utilisation, détention, mise en vente, vente ou l'achat sont interdits. La destruction ou la dégradation des habitats sensibles desdites espèces est aussi punissable.
Dans les espèces relevant de la catégorie B, on retrouve deux variétés de Santal des Marquises, les requins (ou tous les animaux qui appartiennent à la sous-classe des Elasmobranches, à l’exception des raies), les mammifères marins (dont les baleines) et la tortue verte (honu ou tifai).
Pour les deux variétés de santal, la réglementation précise notamment que la destruction, la détention, la mise en vente, la vente et l’achat, des deux variétés de santal concernées sont interdits.
La pêche de requins et la détention de tout ou partie de l’animal, quels que soient leurs objets, sont interdites. Les captures accidentelles, interdites à la pêche et à la détention, sont immédiatement rejetées à la mer.
Le code de l'environnement rappelle également que « dans les lagons, les passes et dans un rayon d'un kilomètre centré sur l’axe de la passe, toute activité, à titre gratuit ou onéreux, basée sur l’observation des requins préalablement attirés par l’homme, par le biais notamment de nourriture communément appelée “shark feeding”, est interdite ». Enfin, la vente et l'achat de tout ou partie de requin y compris monté en article de bijouterie sont interdits. N'essayez donc pas de dissimuler une dent de requin dans un pendentif.

Un sanctuaire pour les mammifères marins
Pour les mammifères marins, la Polynésie française a créé un sanctuaire pour la protection et la sauvegarde des baleines et des autres mammifères marins. Bien sûr, la consommation et la chasse sont interdits mais également le harcèlement c'est pourquoi est réglementée toute manœuvre ou activité d’observation qui aurait pour conséquence de modifier le comportement des animaux, de les contraindre à changer de direction ou de vitesse, de durée d’immersion, de les faire fuir, ou de les bloquer contre le récif ou le rivage.

Pêchables sous conditions
Il existe aussi un certain nombre d'espèces règlementées. Ce sont des espèces qui peuvent être pêchées mais sous conditions. Une réglementation a été mise en place pour protéger les organismes qui sont les plus en danger afin qu’ils ne disparaissent pas. Les lagons abritent, en effet, des ressources alimentaires très importantes pour la population. Toutefois, ces ressources, ne sont pas exploitées de la même manière : certaines espèces sont plus recherchées et donc plus menacées.
La pêche est autorisée à certaines conditions dans l'année (voir dépliant). Il y a une taille à respecter et les femelles ne doivent pas être prélevées. L'objectif est de prendre en compte le cycle de la vie de chaque organisme. Avant de pouvoir se reproduire, il lui faut atteindre un certain âge et donc une certaine taille. Ne pas capturer les individus en dessous de cette taille permet aux populations de se régénérer. La taille minimale indiquée, variable selon l’espèce, correspond à la taille qui permettra aux individus de se reproduire au moins une fois dans sa vie. On retrouve dans cette catégorie le corail noir (aito miti), les trocas, les burgaux (moao taratoni), les bénitiers (pahua), les langoustes vertes (oura miti), Les cigales de mer (tianee), les squilles (var), les crabes (upa’i), les chevrettes d’eaux douces (oura pape oihaa et oura pape onana), les perches (nato).

Deux tiers de nos plantes endémiques sont menacés

Pendant trois ans, des spécialistes, dont la Société d’ornithologie de Polynésie, ont réalisé avec la Direction de l'environnement un état des lieux de la faune et de la flore au fenua. Ces résultats ont été compilés dans la Liste rouge des espèces menacées en France publiée en décembre par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Muséum national d’Histoire naturelle. Cet inventaire est "très préoccupant", note ce dernier. Deux tiers des plantes endémiques et la moitié des oiseaux apparaissent en effet menacés, dont de nombreuses espèces uniques au monde.
La flore et les oiseaux sont soumis à de nombreuses menaces, au premier rang desquelles les espèces végétales et animales introduites par l’homme, devenues envahissantes. Leur propagation et leur prolifération altèrent profondément l’équilibre écologique des milieux naturels, jusqu’à pousser des espèces indigènes et endémiques au bord de l’extinction.
Le Miconia, introduit comme plante ornementale à Tahiti en 1937, a ainsi envahi plusieurs îles de l’archipel de la Société, où il recouvre et domine progressivement les forêts humides de basse et moyenne altitude, mettant en péril la survie de nombreuses espèces.

Les rats, eux, sont les principaux responsables de l’effondrement de nombreuses espèces d’oiseaux. Le Monarque de Fatu Hiva, dont la population est désormais réduite à moins de 30 oiseaux, est ainsi classé "En danger critique".
Le surpâturage des chèvres, des moutons et des bovins ou l’impact des cochons sauvages sont également responsables de dégradations marquées des habitats naturels. Ces derniers sont par exemple un facteur de menace pour le Tiare ’apetahi, arbuste emblématique de Polynésie française aujourd’hui "En danger critique", ou pour des oiseaux nichant au sol comme le Pétrel de Tahiti, classé "Quasi menacé".
L'action de l'homme est aussi néfaste : en aménageant toujours plus le littoral et les vallées, les milieux naturels reculent.

Un tiers des oiseaux disparu

Au-delà même des espèces menacées, un tiers des espèces d’oiseaux présentes en Polynésie française avant l’arrivée de l’homme a déjà disparu, comme la Perruche de Tahiti ou la Rousserolle des Gambier. Certaines de ces extinctions ont aujourd’hui des conséquences pour d’autres espèces. La disparition des oiseaux frugivores, qui contribuaient à la dissémination des graines, a ainsi entraîné la fragmentation et l’isolement de plusieurs plantes endémiques, dont la survie est désormais menacée.


Rédigé par Avec la Direction de l'environnement le Lundi 15 Février 2016 à 13:39 | Lu 85220 fois