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Mésentente "Tahoera’a" en commission de l’Economie à l'Assemblée


PAPEETE, 21 janvier 2016 - Les représentants Tahoera’a Huiraatira de la commission de l’Economie n’ont pas réussi à faire bloc autour d’une proposition d’amendement portée par le groupe, jeudi matin.

Après l’épisode ayant opposé Michel Buillard et Antonio Pérez, deux élus du groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA), mardi en commission des Institutions, jeudi, ce sont les élues Tahoera’a Huirtaatira Sandra Levy-Agami et Alice Tinorua qui se sont opposées sur la question d’un amendement au projet de loi du Pays modifiant les conditions d’accès aux concours pour les recrutements dans la fonction publique territoriale.

Le Pays s’apprête à titulariser 396 personnes dans l’administration du Pays en catégories A et B, ces postes étant actuellement occupés par des personnes en contrat à durée déterminée (CDD). Une loi du Pays doit être soumise à l’examen de l’assemblée durant la session extraordinaire qui s’ouvre mardi prochain, pour définir les conditions d’accès aux concours d’intégration. Et c’est dans ce contexte que la représentante orange Alice Tinorua a présenté jeudi un amendement visant à empêcher les candidats admis à se présenter au concours interne à prendre également part au concours externe.

Ce projet de modification a vivement été contesté par la représentante orange Sandra Levy-Agami, en vertu de son caractère discriminatoire. Un tel amendement déroge en effet au principe d’égal accès aux emplois publics. Principe rappelé dernièrement à la Polynésie française par le Conseil d’Etat dans une décision (n° 374370 du 18 juin 2014) sanctionnant une loi du Pays adoptée en 2013 qui avait pour effet de privilégier certains agents de l’administration sous contrats de droit privé dans l'accès aux concours d'intégration.

En dépit des arguments contestataires de Sandra Levy-Agami, Alice Tinorua a maintenu cette proposition d’amendement et même obtenu le soutien des élus UPLD Antony Géros et Chantal Flores-Tahiata. D’accord avec trois des quatre représentants orange, les deux élus souverainistes ont défendu qu’il serait injuste, au regard des quotas, vis-à-vis des jeunes candidats au concours de recrutement en externe, de devoir concourir avec des candidats déjà admissibles au concours interne.

L’amendement Tinorua a été adopté jeudi matin par cinq voix contre trois. Mais il ne devrait pas survivre à l’examen en séance plénière du projet de loi du Pays. Car si le groupe RMA, des pro-Fritch, ne contrôle actuellement aucune commission législative à Tarahoi, il s’appuie en revanche sur une majorité absolue en plénière, avec ses 29 représentants.

Jeudi, la représentante RMA Virginie Bruant n’a pas présenté une proposition d’amendement qui allait dans le sens d’une application stricte de la décision du Conseil d’Etat de juin 2014. Et nul doute que finalement le projet de loi du Pays concerné sera modifié en tenant compte de cet amendement.

Mais cet épisode laisse une fois encore songeur sur la pauvreté, pour ne pas dire l'absence, de communication qu’ont entre eux les représentants des familles politiques à l’Assemblée.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 21 Janvier 2016 à 15:56 | Lu 2033 fois