Tahiti Infos

Les urgentistes de Taravao ne seront pas poursuivis au pénal


PAPEETE, le 27 juillet 2015- Le directeur de la Santé avait attaqué les médecins de l’hôpital de la Presqu’île pour faux en écriture sur les heures supplémentaires. Le procureur estime qu’il s’agit d’un problème purement administratif issu d’un texte de loi incohérent. Il a classé la plainte.

En avril dernier, au cœur de la grève qui secoue l’hôpital de Taravao, le conflit s’envenime : François Laudon, dépose une plainte au pénal contre les urgentistes de la Presqu’île pour faux en écriture ! Le directeur de la santé de l’époque (il est aujourd’hui démissionnaire et ne devrait pas retrouver son poste au retour de ses congés en septembre) reproche aux quatre médecins du service d’avoir triché sur le décompte de leurs heures supplémentaires. Pour leur défense, ils expliquent que c’est le système qui les oblige à tricher pour ne pas être en infraction avec les textes de loi.

Un arrangement fait avec l’accord de la direction de la santé avant l’arrivée de Laudon et que celui-ci a « fait semblant de découvrir en jouant les vierges effarouchée » selon les propres mots de Marie Eftimie-Spitz, l’avocate des urgentistes. « J’ai écrit une longue lettre le 30 avril au président du Pays pour lui demander d’abroger un arrêté de 2009 en raison de son illégalité ». En clair, deux textes sèment la confusion entre les heures de jour normales et celles de garde. A tel point que les médecins doivent faire des « vrais – faux » pour permettre le bon fonctionnement du service des urgences. « Je défends des médecins qui sont prêts à se sacrifier, explique leur avocate, et là ils se sont retrouvés à devoir répondre à des gendarmes, c’était une vraie humiliation ». L’un d’eux a d’ailleurs jeté l’éponge et est reparti en métropole, dégoûté par ce conflit.

Mais alors que le ministre de la Santé Patrick Howell a tenté d’apaiser les tensions en annonçant dans nos colonne le départ du directeur de l’hôpital Patrick Cojan, à aucun moment la plainte au pénal déposée par la Pays n’a été retirée. Et aucune réponse sur le texte de loi incohérent n’a été faite à l’avocate des médecins. En revanche c’est au Palais de justice que la raison semble l’avoir emporté puisque, selon nos informations, la plainte a été classée sans suite. « Je ne vais pas renvoyer des médecins qui font leur travail devant le tribunal correctionnel » nous confie le procureur José Thorel qui abonde dans le sens des urgentistes mais qui a également classé sans suite la plainte de CSTP-FO pour le non-paiement des heures supplémentaires. « Le vice-président a lui-même déclaré que ce système de paiement était illégal. C’est au tribunal administratif de régler ces problèmes si médecins et direction de la santé n’arrivent pas à se mettre d’accord. »
Interrogée par Tahiti Infos, l'une des médecins-urgentistes visés par la plainte de la direction de la santé, se dit bien sûr soulagée par la décision du procureur, même si elle confie qu’elle se doutait de cette issue. « C’était une manœuvre pour nous faire peur », estime l’urgentiste qui, elle aussi, voit ici un problème administratif qui reste à régler. Comme le sont également les heures supplémentaires en question : celles des mois d’octobre, novembre et décembre 2014, ainsi que celles d’avril à juillet 2015 n’ont toujours pas été payées.


Rédigé par Bertrand Parent le Lundi 27 Juillet 2015 à 19:00 | Lu 1489 fois