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Les travaux de résorption du logement insalubre devraient commencer début 2017


PAPEETE, le 26 août 2016 - Vendredi matin le président Fritch et le premier adjoint de la ville de Faa'a ont visité les chantiers OPH de la commune. Les travaux de la résidence sociale "Nuumeha" aux abords de l'aéroport devraient être lancés dès le 1er trimestre 2017. Les habitants du quartier Hotuarea seront, pour partie, relogés à la fin des travaux.

Cela fait plus de vingt ans que les habitants de la zone de sécurité de Hotuarea entendent des promesses et ne voient aucune réalisation. Dans les rues du quartier insalubre, les anciens écoutent avec scepticisme le rapport de Rosina, la présidente de l'association qui représente les habitants du quartier auprès de l'OPH. La particularité ici, c'est que la population refuse de changer de site. Elle souhaite rester aux abords de l'aéroport. "Certaines personnes vivent ici depuis 40 ans! Nous avons toute notre vie ici, c'est porche de la ville et on n'a pas de problème de transport", indique Rosina.

Cette fois-ci, la perspective semble se concrétiser. C'est en présence du président du Pays et du représentant du tavana de Faa'a que les représentants et chargés de projet de l'OPH ont présenté les plans de la résidence sociale de Nuumeha. Ils l'assurent, les travaux commenceront d'ici la fin de l'année. Le permis de construire devrait être déposé dans la semaine. La pose de la première pierre aura lieu courant octobre.

Pour ce projet de résorption de quartier insalubre, les travaux se réaliseront en plusieurs tranches. La première phase consiste à déloger tous ceux qui se trouvent dans la bande de sécurité, c’est-à-dire dans les 150 mètres de la piste de Tahiti-Faa’a. Il s’agira alors de les reloger rapidement. C'est dans cette perspective que 22 logements seront construits dans la partie centrale. Les travaux devraient commencer d'ici la fin de l'année. Il faudra ensuite 8 logements pour le deuxième îlot et enfin 27 logements pour le troisième îlot.

L'ensemble de ces trois îlots devraient accueillir 238 personnes, soit 71 cellules familiales. Il faut 56 logements pour reloger ces habitants de la zone de Hotuarea. Mais Rosina souligne le déficit par rapport au besoin : "en tout on estime qu'environ 1500 personnes vivent dans le quartier. Ceux qui ne sont pas dans le projet devront attendre encore."

Les jardins partagés, les petits commerces et snacks permettront aux habitants de continuer leur faapu qui leur permet de se nourrir, ou leurs activités commerciales.

"Pour commencer au plus vite, l'OPH a engagé une enveloppe de 40 millions de francs pour réaliser les études", indique Célia Tetavahi, coordinatrice à l'Office polynésien de l'Habitat. "Il faut avancer au plus vite, indique le représentant de Faa'a, ces gens ne peuvent pas continuer de vivre dans les conditions actuelles". Les problématiques principales que rencontre l'OPH sont tout d'abord le fait que la population refuse de se déplacer. Ensuite "il nous manque des terrains et pour la première tranche des 48 logements, il manque 34 logements de transit", précise Valérie Rey.

Trois questions à Edouard Fritch "Nous commencerons la construction d'ici la fin de l'année."

Où en est le dossier du chantier de Nuumeha ?
Édouard Fritch : Déjà, la commune a accepté de se joindre au Pays pour gérer les personnes qui sont dans la zone de Hotuarea. C'est quand même la grosse difficulté. Donc nous avons créé des associations avec qui les discussions se font. Nous sommes pratiquement arrivés au bout et nous commencerons par la zone centrale avec la construction de logements qui permettront de loger une partie de ces habitants qui sont dans la zone de sécurité. La chose nouvelle aujourd'hui c'est qu'il faut aussi se préoccuper de lancer le chantier de résorption de quartier insalubre de toute urgence. Nous commencerons la construction d'ici la fin de l'année.
En augmentant le parc de logements sociaux, ça fait plus de travail pour la commune parce qu'il faut gérer cet afflux de population. Nous sommes tombés d'accord avec la commune, la plupart des logements que nous venons de visiter seront effectivement affectés au relogement de personnes originaires de Faa'a.


Ne craignez-vous pas qu'à terme le fait de concentrer un même type de population dans un endroit puisse poser des problèmes de sécurité, comme les cités en métropole ?
Édouard Fritch : Non. Nous ne sommes pas dans le même contexte, contrairement à ce que l'on peut penser de Faa'a, il n'y a pas que des voyous. Je pense que les conditions ont fait qu'il y a eu des craintes, parce qu'il y a des espèces de ghettos qui s'installent. Je pense que si le Pays, la commune de Faa'a et tous les acteurs publics contribuent à améliorer la qualité de vie des habitants, à leur donner autre chose comme cadre de vie et d'environnement, les choses s'amélioreront. Si aujourd'hui nous rencontrons des problèmes avec des jeunes de 25-28 ans, pour les générations à venir ce sera un geste fort pour qu'ils puissent avoir une autre vision de leur avenir et croire un peu plus dans l'avenir de leur pays et se situer dans le cadre social de la Polynésie. A mon avis en contribuant à une meilleure qualité de vie ce seront des quartiers où l'on pourra bien vivre demain.

Il a néanmoins été prouvé à de nombreuses reprises que la mixité est une meilleure solution pour l'intégration sociale que la concentration...
Édouard Fritch : Bien sûr, mais là [ndlr projet Nuumeha nous sommes dans le cadre de relogements. Par contre dans le lotissement sur les hauteurs de Teroma, j'ai attiré, effectivement, l'attention du ministre sur le fait que nous allons dédier ces logements aux habitants de Faa'a. Ce sont des logements où on fera cohabiter des familles nombreuses du bas. Il nous faut placer ces familles, mais nous devons aussi faire attention à ce que sur le plan social, nous puissions y intégrer des personnes qui soient d'une classe un peu différente.
Vous savez, c'est compliqué, ces logements doivent être servis d'abord à des gens qui ont des difficultés d'acquérir des terrains. Il faut leur donner la chance aujourd'hui de pouvoir intégrer un logement. Si nous ne voulons que regarder les prioritaires, nous n'aurons effectivement pas de mixité sociale. Nous devons donc être beaucoup plus subtils au niveau du choix des familles et pour cela nous devons aussi convaincre nos partenaires qui sont aussi les mairies.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Vendredi 26 Août 2016 à 17:04 | Lu 1383 fois