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Les "runs" rendent fous les habitants de Arue


(Photo d'archives)
(Photo d'archives)
ARUE, le 21 février 2017 - Depuis plusieurs mois, les "runs", courses sauvages de motos et de scooters, ont repris de plus belle dans la ville de Arue. Les riverains, excédés, ont lancé une pétition en ligne pour que la mairie intervienne.

"Arue, une ville où il fait bon vivre", affiche fièrement la commune sur son site internet et ses lettres d'information. Pour certains habitants, dont le logement borde la route de ceinture, épuisés par les nuisances sonores, cette phrase n'est plus vraie.

Plusieurs fois par semaine, des hordes sauvages de scooters prennent possession de la deux fois deux voies. Lancés à toute allure, les conducteurs s'affrontent dans une course folle. "Il y a de grandes lignes droites, c'est là que les scooters et autres engins roulent ! Ils sont tous trafiqués bien sûr !", s'agace une habitante. "Ils sont là toute la nuit. Le week-end dernier, il y avait huit motos ! Il y en a un qui a sorti un fusil pour les faire partir ! Les riverains n'en peuvent plus… Il faut que la mairie réagisse !"

Afin d'interpeller le maire sur le problème, plusieurs riverains ont décidé de s'unir. Vendredi dernier, ils ont mis en ligne une pétition sur le site www.mesopinions.com pour "faire cesser les "runs" de motos sur Arue, Tahiti".

Dans le texte d'introduction, il est écrit : "La commune n'est pas sans ignorer le déroulement de "runs" de motos et autres scooters aux pots d'échappement transformés qui perturbent, la nuit, inlassablement le week-end (et même le jeudi) le sommeil des riverains situés entre le rond-point de la poste d'Arue et celui du croisement de princesse Heita et de la rue Gadiot. Monsieur Philip Schyle, malgré l'intervention de votre police municipale, ces agissements ne cessent pas, pire, les runners sont plus nombreux chaque semaine à faire plus de bruit."

La problématique n'est pas nouvelle. Arue a déjà été le théâtre de ce genre d'événements par le passé. L'intervention des forces de l'ordre avait porté ses fruits : les deux roues et leurs conducteurs avaient déserté. "Depuis plusieurs semaines, c'est l'enfer. Certains ont les tympans abîmés et le phénomène s'intensifie ! Il n'y a rien de dissuasif... Il faudrait que la mairie mette des ralentisseurs", vitupère Nathalie, dont la maison se situe près du Yacht Club. Au-delà des nuisances sonores, les habitants de la commune craignent aussi pour leur sécurité.

"QU'ATTENDEZ-VOUS ? UN ACCIDENT ?"

Pour les riverains, rentrer chez soi relève parfois du défi quand les scooters et les motos ont entamé leurs courses. De nombreux accidents auraient été évités depuis le début. Sans compter les piétons qui traversent la route. "Ici, il y a des adultes, des enfants ou des animaux qui traversent partout et tout le temps... Ces runs sont dangereux pour les conducteurs mais surtout pour la population !", ajoute Thierry, résident de Arue depuis 28 ans.

Pour l'heure, la pétition a recueilli une quinzaine de signatures. Si beaucoup de riverains soutiennent la démarche, d'autres, en revanche, restent sceptiques quant à son intérêt. "Je ne suis pas certain qu'une pétition changera les choses. Je pense qu'il faut faire de la prévention. La répression ne fait rien…"

Chaque habitant, signataire de la pétition ou non, aspire en tout cas à ce que Arue redevienne vite "la ville où il fait bon vivre".

"On joue au jeu du chat et de la souris…"

Thierry Demary, directeur de cabinet du maire de Arue.

Avez-vous pris connaissance de la pétition en ligne lancée par des habitants de la ville excédés par des "runs" ?

"Nous sommes au courant de la pétition. Nous avons reçu plusieurs messages et plaintes concernant ces "runs" et je les comprends. Ce n'est pas un sujet nouveau. Nous avions réussi à régler le problème avec l'ancien commandant de gendarmerie : la présence accrue des forces de l'ordre sur les différents sites de la commune ont permis de calmer les choses. Mais les "runs" marchent par périodes, c'est un effet de mode."

Depuis quand les runs ont-ils recommencé dans la commune?


"Depuis plusieurs semaines, voire même plusieurs mois. Nous avons déjà eu des réunions avec les gendarmes sur le problème et nous tentons de trouver des solutions. Nos agents municipaux interviennent auprès des groupes qui se rassemblent pour faire de la prévention et contrôler leurs scooters et leurs motos. Malheureusement, dès qu'il y a une ligne droite… Nous ne pouvons pas non plus les courser car nous serions en situation de mise en danger de la vie d'autrui. Malheureusement, il y a la nécessité de constater une infraction donc on joue au jeu du chat et de la souris…"

Certains des administrés réclament des ralentisseurs. Qu'en pensez-vous?

"C'est une solution qui a déjà été envisagée il y a plusieurs années. Nous avons écrit à la direction de l'Équipement pour que des ralentisseurs soient installés. Malheureusement, ils nous ont répondu que ce n'était pas possible sur une route à grande circulation car c'était trop dangereux. En revanche, les passages piétons surélevés, qui ne sont pas des ralentisseurs, peuvent peut-être être installés. Nous en avons fait la demande. Nous attendons la réponse. Maintenant, est-ce que cela va vraiment empêcher les scooters de rouler à toute allure ? J'en doute."

Gendarmes et policiers sur le qui-vive

Pour lutter contre le phénomène des "runs", récurrent sur l'île de Tahiti, les forces de police et de gendarmerie ont mis en place plusieurs dispositifs:

- le contrôle des véhicules : s'ils ne sont pas aux normes, le conducteur est sommé de respecter la législation en vigueur. S'il ne le fait pas, son véhicule est confisqué.

- l'identification des runners : les policiers en uniforme sont épaulés par des collègues en civil pour relever les plaques d'immatriculation.

- la prévention : gendarmes comme policiers affirment leur présence sur le terrain et font de la prévention, surtout auprès des jeunes.

Rédigé par Amelie David le Mercredi 22 Février 2017 à 08:39 | Lu 13846 fois