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Les objets connectés, un secteur prometteur dans le domaine de la santé


PARIS, 5 décembre 2013 (AFP) - Les objets connectés dans les applications de la santé ont un important potentiel de développement, mais devront surmonter des contraintes économiques et réglementaires, selon des professionnels du secteur réunis jeudi.

"Le marché croît et va croître fortement. Mais il y a encore beaucoup de freins", a souligné Matthieu Soulé, analyste stratégique de l'Atelier BNP Paribas, qui organisait une table ronde sur ce marché encore émergent.

Selon un sondage Ifop réalisé fin novembre, 11% des Français indiquent posséder un appareil connecté à internet, avec en premier lieu les balances (6%) et les montres (2%). La proportion est supérieure chez les cadres et en région parisienne.

Un même nombre (12%) déclare avoir une perspective d'achat de ce type d'objet dans les 3 ans à venir. Le marché pourrait ainsi doubler dans la prochaine période pour concerner 10 millions de personnes en 2017, selon M. Soulé.

Principal frein à l'achat pour la moitié des personnes interrogées, le manque de confiance dans la fiabilité des mesures. Suivent la méfiance sur l'utilisation des données et le risque d'intrusion dans la vie privée.

Pour l'heure, la plupart des fabricants de ces objets connectés ont fait le choix d'aborder le marché en développant des applications d'usage personnel pour suivre ou améliorer sa santé, avant de viser le domaine purement médical.

Suivi des maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l'obésité: les applications en santé sont nombreuses.

"On a démarré d'une façon grand public", a ainsi expliqué Jacques Lépine, fondateur de la start-up Slow Control, qui a créé une "fourchette connectée", pour aider à limiter la vitesse à laquelle on mange. Mais "l'objet a été conçu à la base pour un besoin médical", l'obésité, souligne-t-il.

"Pour nous, un objet connecté n'a de validité que s'il s'intègre dans une prise en charge globale du patient", assure le directeur général des Laboratoires LNC, qui a intégré la "fourchette connectée" dans son programme BariaMed de suivi post-opératoire de l'obésité.

Le groupe de télécoms Orange est "dans la même logique de partenariat" pour développer la communication pour les objets, a souligné Isabelle Hilaly, responsable stratégie et marketing d'Orange Healthcare, qui a mené des expérimentations en cardiologie et en télésuivi médical de sportifs diabétiques.

Les patients feront évoluer les médecins

"Il faut absolument faire converger le monde de la santé et des technologies", confirme le Dr Nicolas Postel-Vinay, de l'hôpital européen Georges Pompidou.

Mais "la résistance du corps médical (...) est plus importante que celles des consommateurs", observe-t-il. "Peu d'hôpitaux sont orientés vers ces nouvelles technologies" et en outre, "il y a des freins assurantiels, gouvernementaux, très pesants", mais "ça avance".

"On l'a vu pour internet, la force est du côté des patients. Ce sont les patients qui vont faire évoluer les médecins", prédit le Dr Postel-Vinay.

Reste ensuite la dimension économique, une question majeure, selon Jérôme Leleu, dirigeant du cabinet Interaction Healthcare.

"Il y a un intérêt à pouvoir utiliser les objets connectés, et notamment en France où la gestion de sa santé, et donc l'investissement économique, peut être complexe", a-t-il relevé.

Mais "est-ce que la Sécurité sociale doit payer?" ou bien "les mutuelles, les assurances, les entreprises?", a-t-il demandé.

Le modèle économique est lié à l'aspect réglementaire, a ajouté Marguerite Brac de la Perrière, du cabinet juridique Alain Bensoussan.

Le secteur doit composer avec "un cadre juridique, légal et réglementaire (...) un peu éparpillé". Avec "une offre très éclatée" entre les usages "de bien-être" et les usages médicaux, il semble difficile de développer "un cadre spécifique" et il faut "interpréter au cas par cas", prévient-elle.

En tout cas, vu du côté hospitalier, "le paysage de la réglementation est incompréhensible", ajoute le Dr Postel-Vinay, qui observe que différents objets connectés - tensiomètre, débitmètre de pointe, glucomètre - ont des statuts différents et n'obéissent donc pas aux mêmes règles.

Dans ce contexte, l'industrie pharmaceutique semble prudente: les laboratoires sont "plutôt en train d'observer cette nouvelle tendance", a résumé Rémy Teston, responsable e-marketing chez Pfizer.

Rédigé par () le Jeudi 5 Décembre 2013 à 06:52 | Lu 624 fois