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Les enjeux polynésiens de la visite du Président de la République


Le chef de l'Etat est attendu à Tahiti dans moins de 15 jours pour une visite éclair du 21 au 22 février.
Le chef de l'Etat est attendu à Tahiti dans moins de 15 jours pour une visite éclair du 21 au 22 février.
PAPEETE, 10 février 2016 - La question du devenir de la collectivité dans l’ère post-nucléaire sera probablement centrale lors du court déplacement de François Hollande en Polynésie française, le 22 février prochain.

François Hollande réalise une brève visite officielle en Polynésie française, lundi 22 février. Depuis Jacques Chirac en 2003 ce sera le premier Président de la République à fouler es-qualité le sol de cette collectivité française du Pacifique.

Le programme de son séjour n’est pas encore totalement finalisé, mais on sait que globalement François Hollande passera une matinée à Papeete puis se rendra à Raiatea pour visiter une vanilleraie et le site archéologique de Taputapuatea, l’après-midi, avant de revenir en début de soirée sur Tahiti-Faa’a d’où il décollera vers 20 h 30, lundi soir.

François Hollande pourrait aussi rencontrer le leader indépendantiste Oscar Temaru pour un entretien privé d’une vingtaine de minutes en fin de journée, lundi, si le chef de l’Etat accepte de se déplacer, une heure avant son départ, jusqu’à la mairie de Faa’a, qui spécialement apprêtée ce jour-là pour un accueil républicain.

Le Président de la République devrait en outre réaliser cette visite officielle en compagnie de ses ministres en charge de la Culture et de l’Outre-mer. Ministères qui sont susceptibles de faire l’objet d’un remaniement avant le 15 février, selon toute vraisemblance.

François Hollande doit prononcer une allocution officielle le 22 février à la mi-journée, lors de son passage à la Présidence de la Polynésie française. Quels seront ses engagements ?

Le fait est que le chef de l’Etat arrive sous quinzaine dans une Polynésie qui peine à se trouver un second souffle économique, 20 ans après le dernier essai nucléaire, et alors que des discussions sont engagées depuis plusieurs mois entre la collectivité et Paris au sujet du secours attendu de l’Etat dans ce besoin d’élan nouveau.

Sur le principe, il est question de la Dotation globale d’autonomie (DGA). La collectivité ne souhaite pas que cette aide de l’Etat (84 millions d’euros en 2016) pour la reconversion de l'économie polynésienne au titre de la "dette nucléaire" soit traitée comme une variable d’ajustement budgétaire. Mais au-delà, Paris est également saisi par les institutions polynésiennes, depuis l’adoption d’une résolution en novembre 2014, sur la question des conséquences environnementales des essais nucléaires à Moruroa et Fangataufa et du dédommagement lié au maintien de ces deux atolls sous le statut d’installations nucléaires intéressant la défense (Inid). De même que l’Etat est interpellé au titre des conséquences sanitaires de trente ans d’expérimentations, au regard des limites de la loi Morin ou des charges supportées depuis 1992 par la collectivité pour le traitement de patients atteints de cancers reconnus comme maladies potentiellement radio-induites.

Le pays d’outre-mer est également confronté à l’ampleur des investissements structurants qu’il estime nécessaires à son développement économique et qui ne pourront se réaliser sans le soutien financier de l’Etat. Il s’agit notamment du chantier d’agrandissement de l’aéroport de Tahiti-Faa’a (estimé à 60 milliards Fcfp) dans la perspective de l’implantation du Tahiti Mahana Beach. Ou encore, pour au moins 70 milliards Fcfp, du désenclavement de la Presqu’île par le biais d’une route nouvelle tracée sur les hauteurs de la côte ouest de Tahiti. On le sent bien : la visite sera brève, mais les attentes sont importantes.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 10 Février 2016 à 11:52 | Lu 2966 fois