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Les communes de Hitiaa o te ra veulent être indépendantes


Avec 10 000 habitants, les communes de Hitiaa o te ra souhaiteraient prendre leur envol chacune de leurs côtés, avant les prochaines municipales de 2020.
Avec 10 000 habitants, les communes de Hitiaa o te ra souhaiteraient prendre leur envol chacune de leurs côtés, avant les prochaines municipales de 2020.
HITIAA O TE RA, le 19/08/2015 - La commune associée veut se détacher de ses partenaires (Papenoo, Tiarei, Mahaena et Hitiaa) afin qu'elles deviennent des communes à part entière. Le conseil municipal attend désormais que le Haut-commissaire mette en place une commission qui se chargera de donner son avis. Jacqui Drollet, le maire délégué de Hitiaa espère que cela se fera avant les prochaines municipales.

Devenir une commune à part entière, c'est le souhait que formulent plusieurs communes associées en Polynésie française. Cela leur permettrait de s'autogérer selon leurs besoins réels. Ce mercredi matin, le maire délégué de Hitiaa, Jacqui Drollet donnait une conférence de presse afin de dresser un point sur le cas de Hitiaa o te ra, qui est devenue une commune associée en 1972.

Un combat qu'il mène depuis sa présence au sein du conseil municipal de Hitiaa o te ra en 1989. Aux dernières municipales, Jacqui Drollet et son équipe avait axé leur campagne électorale sur la défusion, c'est-à-dire, la séparation des communes associées. Une idée que partagerait la plupart de la population, puisque la liste du maire délégué de Hitiaa a remporté 60 % des voix.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Dès le premier conseil municipal de Hitiaa o te ra en juillet 2014, les 29 élus ont voté à l'unanimité la délibération stipulant cette idée de défusion. Un an plus tard, l'avis du conseil municipal est à nouveau demandé et le résultat est le même. "Le Code général des collectivités territoriales (CGCT) sur lequel nous nous fondons prévoit que le conseil municipal devait après une année, reprendre une nouvelle délibération pour confirmer le souhait de défusion. C'est ce que nous avons fait", explique Jacqui Drollet.

La balle est aujourd'hui entre les mains du représentant de l’État en Polynésie française. "Il lui reste à constituer une commission qui va étudier dans les détails les différents aspects de cette défusion sur le plan du patrimoine, du personnel, des investissements et des finances. Ensuite nous transmettrons ce projet réalisé par la commission devant le conseil municipal. Et quand celui-ci prendra sa troisième décision pour être en accord avec les deux premières, cela sera soumis au conseil des ministres et à l'assemblée de Polynésie. Si par bonheur ces deux institutions acceptent, le Haut-commissaire prendra un arrêté pour la constitution de ces quatre nouvelles communes de Tahiti", précise le maire délégué de Hitiaa.

Hitiaa o te ra assainit aussi ses comptes

Le conseil municipal de Hitiaa o te ra espère voir la constitution de cette commission dans les "meilleurs délais disant raisonnables".

Pour montrer sa bonne foi, le conseil municipal de Hitiaa o te ra a engagé une procédure de résorption de son déficit. "Lorsque nous sommes arrivés au conseil municipal, on nous avait annoncé 200 millions Fcfp de déficit au départ, mais en réalité c'était 321 millions Fcfp. Il sera résorbé sur quatre années, c'est-à-dire qu'en 2018, le problème sera réglé. À l'heure actuelle, la commune se serre la ceinture dans plusieurs domaines et nous le faisons avec le soutien de la chambre territoriale des comptes et le haut-commissariat parce que c'est une opération difficile", souligne Jacqui Drollet.

L'idéal selon le maire serait d'officialiser cette défusion avant les prochaines municipales.
Le Syndicat pour la Promotion des Communes (SPC) tiendra d'ailleurs son congrès le 14 septembre prochain pour débattre de la réforme des communes associées.

Selon Jacqui Drollet, le haut-commissaire ne serait pas favorable à la défusion de leur commune associée. Et si aucun arrêté n'est pris d'ici-là, la justice pourrait être saisie. "Il faut faire en sorte que les textes qui nous ont été imposés par le CGCT soient appliqués".

Aujourd'hui, la commune de Hitiaa o te ra compte 10 000 habitants : 3 766 sur Papenoo, 2 778 à Tiarei, 1 902 à Hitiaa et 1 107 à Mahaena.

Le budget annuel de cette commune associée s'élève à un milliard de francs Pacifiques : 400 millions Fcfp pour Papenoo, 300 millions Fcfp pour Tiarei, 100 millions pour Mahaena et 200 millions pour Hitiaa.


Jacqui Drollet, maire délégué de Hitiaa

Qu'elle est la raison principale pour ce détachement ?
C'est une décision mûrement réfléchi et cela résulte du fonctionnement particulier de la commune de Hitiaa o te ra. Depuis des années, seule la commune de Papenoo bénéficiait pratiquement de tous les financements.

Cela devrait prendre combien d'années environ ?
Pour l'instant, le CGCT prévoit une année entre la première et la deuxième délibération, cela a été réalisé. En revanche, il n'y a pas de délai fixé pour le haut-commissaire, mais nous espérons voir cette commission constituée dans les meilleurs délais disant raisonnables. Cette commission mènera une enquête, ils interrogeront la population, ils étudieront le patrimoine de la commune, le budget, etc. Donc en termes de délai, si nous pouvions faire cette défusion dans les quatre années qui viennent se serait parfait avec une élection en 2020 comme toutes les autres communes. C'est notre souhait et nous espérons qu'il se réalisera.

C'est un combat que vous menez depuis plus de 20 ans ?
En effet. À l'époque, l'Etat utilisait des moyens dilatoires pour empêcher cette défusion. Depuis la mise en place du CGCT on peut prétendre à cela. Car le CGCT a été imposé par l'Etat, maintenant il est temps de respecter ce qui nous a été imposé. Nous souhaiterions nous approprier notre propre destin.


le Mercredi 19 Août 2015 à 16:20 | Lu 1952 fois