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Les Partulas sont là!


PAPEETE, le 27 juillet 2015 - Les Partulas ce sont de petits escargots endémiques à la Polynésie qui ont été supplantés par plus grands et plus gourmands. Partis de Londres où ils ont été élevés, les Partulas ont survolé terres et mers pour rejoindre Tahiti où ils sont arrivés vendredi. Les premiers individus ont été relâchés hier après-midi.

Ils sont arrivés par l'avion de vendredi soir. Ils sont près de 300, disposés par espèces dans de petits vivariums en plastiques. Depuis, les Partulas ont été mis en quarantaine à la Direction de l'environnement sous les yeux bienveillants de Sam Aberdeen et Don McFarlane, les convoyeurs et du docteur Trevor Coote, à l'initiative du projet de réinsertion d'escargots.

Quatre ou cinq espèces sur 50

Depuis son arrivée sur le territoire, en 2003, le docteur Trevor Coote a parcouru pas moins de 84 vallées de Tahiti et 25 de Moorea pour retrouver les populations restantes de Partulas. "Sur la cinquantaine d'espèces de Partulas endémiques à la Polynésie française, j'en ai retrouvé 4 ou 5. Et encore, le nombre d'individus pour chacune de ces espèces est très faible", rapporte-t-il. En parallèle à ce travail de recensement, le docteur a souhaité que les espèces d'escargots endémiques disparues se réapproprient leurs terres. Grâce notamment aux fonds du Partulid global species management programme, il a permis la venue de trois espèces de Partulas : nodosa, hyalila et assinis directement du parc zoologique de Londres. "Il y a 30 ans, quand les escargots endémiques ont commencé à disparaître, des scientifiques de Polynésie en ont conservés. Ils ont été élevés en Europe pour réintroduction."

Un premier lâcher d'escargots à Paea

Lundi après-midi, un premier lâcher d'escargots a été réalisé dans la vallée de Papehue à Paea. Une centaine de Partulas nodosa a été déposée dans de petites boîtes, elles-mêmes fixées sur les branches d'arbres car "les escargots vivent collés sous les feuilles", explique le docteur Trevor Coote. Les deux cent autres escargots doivent rejoindre la réserve Te Faati dans la vallée de la Papenoo aujourd'hui. Une réserve de 12 mètres par 9, cerclée de fils électriques alimentés par des panneaux solaires, de fils de cuivre et de bandes de papier de verre, pour tenir les escargots carnivores à distance. Une réserve qui attend ses protégés depuis trois ans. Faute de moyens le projet a pris du retard.

Le docteur Trevor Coote et son équipe vont rester au chevet des escargots de la Papenoo pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. "Notre objectif est vraiment de repeupler la Polynésie". "Nous allons suivre les Partulas, des fiches sont prêtes. Puis, en fonction des résultats nous espérons avoir de nouveaux financements pour faire venir d'autres individus. Si cela arrive, nous opérerons un peu différemment", annonce Trevor Coote. "En effet, nous avons remarqué que les Partulas qui vivent dans des mape ne sont pas ou peu dérangés par les escargots carnivores. Si c'est confirmé, il nous suffira de relâcher les individus dans les mape et de sécuriser la zone tout autour de cette espèce d'arbre. Cela limitera les frais."

Jusqu'à la fin des années 1960, les partulidés se portaient bien au fenua…

Les partulidés est une famille d'escargots terrestres endémiques des îles de l'Océan Pacifique. Trois genres sont recensés : Eua, Partula et Samoana. Le premier n'est présent qu'aux îles Samoa et Tonga. Les genres Samoana avec environ 25 espèces et Partula avec 97 espèces sont trouvés à travers tout le Pacifique. La Polynésie française est la région qui possède le plus d'espèces de partulidés. Leur particularité : chaque espèce est endémique à une seule île, voire à une vallée de l’île. Elles se différencient selon la taille, la couleur et même la forme de leurs coquilles. Jusqu'à la fin des années 1960, ces escargots se portaient bien au fenua. Mais c'était sans compter l'intervention de l'homme. En 1967, un entrepreneur français a introduit l'escargot géant africain Lissachatina fulica à Tahiti comme ressource alimentaire. Son entreprise n'a pas fonctionné et les escargots ont été dispersés dans la forêt. Ils ont dévasté les jardins et les cultures locales. Pour éliminer l'escargot géant africain, un programme de lutte biologique est décidé. Un autre escargot, carnivore, nommé Euglandina rosea, est importé depuis les États-Unis dès 1974. L'Euglandine est plus petit que le géant africain mais plus gros que le Partula endémique. Pour lui, il a donc été plus facile d'attaquer et de manger les espèces endémiques. Résultat : les Partulas ont disparu ou presque.

Mélanie Thomas


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Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 27 Juillet 2015 à 20:03 | Lu 2190 fois