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Le foyer Bon Pasteur de la Mission fête ses 50 ans


Le foyer Bon Pasteur de la Mission fête ses 50 ans
PAPEETE, le 20 septembre 2017 - Construit en 1967 à la demande du territoire pour recueillir les jeunes filles en difficulté, le foyer Bon Pasteur assure toujours la même mission. En 50 ans, il a reçu 955 pensionnaires dont certaines sont restées jusqu'à quatre années avec les sœurs.

Les jeunes filles accueillies au foyer Bon Pasteur de la Mission vivent avec trois sœurs. Elles ont entre 12 et 16 ans et restent en moyenne deux ans. À la sortie, certaines retournent dans leur famille, certaines sont placées dans d'autres foyers.

Elles peuvent, en fonction de la situation, séjourner dans leur famille pendant le placement certains week-ends, certaines ne font que des visites. Depuis 1967, date de création du foyer, Bon Pasteur a vu passer 955 pensionnaires. La dernière étant arrivée en août.

Sœur Simone, directrice du foyer depuis 1985 explique : "on leur redonne un rythme, un quotidien. Notre objectif est d'en faire 'des femmes debout', c'est-à-dire des femmes autonomes et responsables dans la mesure du possible".

Se poser pour avancer


En arrivant, elles déposent "leur valise de souffrance", elles se posent pour avancer dans la vie. Elles sont scolarisées dans des établissements de Papeete et, au foyer, doivent s'occuper de leur chambre et leur linge. "Un entretien sur lequel nous insistons pour les responsabiliser."

Pendant leur séjour, les sœurs aident les pensionnaires à affiner leur projet de vie. En étroite collaboration avec le service des affaires sociales (qui place les pensionnaires au foyer Bon Pasteur avec le juge pour enfants), elles travaillent sur les liens familiaux, préparant ainsi la sortie des jeunes femmes.

En semaine, après les cours, elles pratiquent des activités, de la danse ou du taekwondo surtout, elles vont à la plage le week-end, font des randonnées, participent à des rencontres type zumba ou fitness, pendant les vacances elles se rendent dans des centres de loisirs. Certaines sont retenues pour profiter de la Saga.

En plus des trois sœurs, se trouvent un homme d'entretien, une cuisinière et une dizaine d'éducatrices spécialisées. L'équipe entoure et cadre les pensionnaires. "Au foyer comme dans la société, la mentalité a changé", constate sœur Simone.

"Il faut qu'il y ait une adhésion"


"Les liens se distendent, il y a moins d'entrain pour participer aux travaux de groupe. Parfois même les pensionnaires refusent certaines activités, ce qui n'était pas le cas avant. D'ailleurs, les anciennes qui reviennent nous voir s'en étonnent, elles s'étonnent de l'attitude de certaines jeunes femmes d'aujourd'hui." La directrice de Bon Pasteur insiste donc maintenant pour que le placement soit accepté par la jeune fille. "Il faut qu'il y ait une adhésion", nuance-t-elle.

Le foyer a été construit à la demande du territoire qui s'est tourné vers l'église catholique pour s'occuper de jeunes filles en difficultés. "C'est Hubert Coppenrath qui était alors 'père' qui a suivi les travaux. Les bâtiments, il y en a deux, ont été construits par l'architecte Lecail", indique sœur Simone qui ajoute : "le premier bâtiment, celui pour les jeunes filles de 12 à 14 ans s'appelle Vai haumaru pour 'près des eaux de repos' et celui pour les jeunes filles de 14 à 16 ans, Matie api pour 'frais herbages'". Les noms font référence au psaume 233 (22), verset 2.

De 32 à 18 pensionnaires

Au départ, le foyer pouvait accueillir 32 pensionnaires. Elles étaient placées auprès des sœurs de la congrégation Bon Pasteur. En 1985, c'est la congrégation locale les filles de Jésus souverain qui a pris le relai. "On était jeune, on n'avait pas de formation à l'époque mais on a accepté et on s'est lancées", rapporte Sœur Simone.

Au fil du temps, les sœurs ont gagné en expérience tandis que le nombre de pensionnaires a été revu à la baisse. La capacité maximale du foyer est maintenant de 18. Deux autres foyers ont été construits, toujours dans le quartier de la Mission. Ta ara tia pour les jeunes femmes après 16 ans et Te maru pererau pour les jeunes femmes avant 12 ans. Certaines pensionnaires séjournent dans ces trois centres.


Hubert Coppenrath et les soeurs.
Hubert Coppenrath et les soeurs.

"Fêter les anniversaires, noël…"

Nuiata, ancienne pensionnaire : "Je suis restée deux ans ici, à partir de 1986. Je ne voulais pas partir du foyer, j'étais tellement bien. Avant d'arriver, je vivais chez ma mère, j'ai été placée. Mon père, apprenant que l'on m'avait mise au foyer n'a pas accepté et est venu me récupérer. Ici, j'ai retrouvé un rythme de vie, j'avais un cadre, je pouvais retourner à l'école car je n'étais plus scolarisée depuis un mois quand on m'a placée. On fêtait les anniversaires, noël, il y a avait plein d'autres pensionnaires, ce qui était agréable. C'était comme une grande famille. Et puis j'ai été formée à l'animation. À 13 ans, je connaissais déjà les termes et concepts de temps mort, courbe d'animation…" Plus tard, Nuiata a travaillé dans l'animation et l'enseignement.

Le foyer Bon Pasteur de la Mission fête ses 50 ans

Rendez-vous le 28 octobre à la Mission

Les anciennes pensionnaires ont répondu à l'appel des sœurs. Elles organisent le grand rendez-vous du 28 octobre. La journée commencera par une messe à 9 heures et se terminera vers 17 heures. Des photos seront exposées, des diaporamas projetés et des témoignages seront diffusés. Un spectacle sera proposé par un groupe de danseuses composé d'actuelles et d'anciennes pensionnaires et un flash mob est annoncé pour 14 heures. "Il y aura aussi une buvette, de la pâtisserie, un grand ma'a, c'est un temps de retrouvaille et de reconnaissance", insiste sœur Simone, la directrice. Les organisatrices se sont lancées comme défi d'apporter 50 gâteaux "fait maison", lesquels seront assemblés en une seule composition pour le dessert.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 20 Septembre 2017 à 08:53 | Lu 2121 fois