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Le député Moetai Brotherson en visite dans les prisons de Nuutania et Tatutu


Le député Moetai Brotherson en visite dans les prisons de Nuutania et Tatutu
PAPEETE, le 17 septembre 2017 - Vendredi dernier, le député Moetai Brotherson a exercé son droit à visiter les centres de détention de la Polynésie française. Ainsi, l'élu s'est rendu à Nuutania où il a pu visiter le grand quartier d'hommes, le centre pour peines aménagées des hommes et la maison d'arrêt des femmes. Il s'est ensuite rendu à Tatutu, où il a pu faire une visite complète du centre de détention de Papeari.

C'est à la demande de l'Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP), un syndicat de gardiens de prison, que le député Moetai Brotherson s'est rendu vendredi dans les prisons de Papeari et de Nuutania. En effet, tout député a le droit de visiter les centres de privation de liberté accompagné de la presse. C'est en tant que député qu'il a visité les deux prisons.

L'élu a entamé sa journée par la visite de la prison de Nuutania, qui vendredi comptait 192 détenus, dont 133 hommes dans le grand quartier. Le transfert des 232 détenus vers le centre de détention Tatutu de Papeari a provoqué une amélioration des conditions de détention. La prison n'est plus surpeuplée et les détenus peuvent désormais être un ou deux par cellule, alors qu'ils étaient entre trois et quatre jusque-là. "J'avais déjà visité Nuutania, donc ce n'est pas vraiment une surprise. Mais la baisse du nombre de détenus contribue à l'amélioration des conditions de vie de tout le monde ici. Quand j'étais venu, ils étaient plus de 400. Aujourd'hui, ils sont arrivés aux quotas normaux, ils sont moins de 200. Ça change la vie."


Le député Moetai Brotherson en visite dans les prisons de Nuutania et Tatutu
En effet, dans les quartiers des hommes l'ambiance semblait plutôt bonne vendredi, entre rires et accolades. Les détenus n'hésitaient pas à interpeller l'élu et à demander des photos. Les gardiens eux se disaient soulagés de cette baisse d'effectif, car avec la baisse de la densité dans la prison, le nombre d'incidents a lui aussi diminué. Du côté de la maison d'arrêt des femmes, où elles étaient 17, vendredi, l'ambiance était toute autre. Évasives devant les caméras, défiantes devant la délégation du député, elles n'ont cependant pas hésité à l'interpeller concernant leurs conditions de détention.
"Il y a de l'humidité, de la moisissure sur les murs. Nous sommes environ trois par cellule. Il y a des problèmes de fosse septique, de mauvaise évacuation des douches, mais aussi des rats, des fourmis dans les lits, des tiques, des cent pieds… Ils ont dit qu'ils allaient rénover la prison. Ils ont commencé par repeindre les grilles et l'extérieur plutôt que de s'attaquer aux endroits où on vit", énumère l'une d'elles.


Une cellule à Nuutania
Une cellule à Nuutania
Après avoir visité, le grand quartier, le centre pour peines aménagées et avoir fini la visite par la maison d'arrêt des femmes, le député a enchaîné avec un rendez-vous avec le représentant du syndicat de la prison, avant de se rendre à Papeari pour visiter le centre de détention Tatutu.

Sur place le contexte est tout autre. Sont détenus à Papeari les peines de plus de deux ans. La nouvelle prison comptait vendredi 232 détenus. Après la visite de la prison de Nuutania, les différences entre les deux prisons sont saisissantes. L'illustration de ce fossé entre le centre de détention de Faa'a et celui de Papeari se cristallise dans le parloir.

À Nuutania l'espace est ouvert et les parloirs sont simplement séparés de paravent pour préserver l'intimité des détenus et de leurs familles. A Tatutu les parloirs sont des salles fermées où les détenus ont leur intimité. Par ailleurs, des unités de vie familiale sont mises à la disposition des familles et des détenus. Ce sont des petits appartements qui permettent aux familles de rendre visite aux détenus pendant 10,12, 24 et jusqu'à 48 heures.


une cellule à Tatutu
une cellule à Tatutu
Le centre de détention de Papeari comprend également tout un étage médicalisé avec un cabinet dentaire, des salles de consultations, un scanner.

Un nouveau programme est à l'essai. Le programme Respecto a pour objet de donner plus d'indépendance au détenu. Ainsi, un type de profil est retenu pour participer au programme, les détenus doivent gérer leurs horaires, leurs créneaux tout en respectant les obligations et les devoirs de l'incarcération. Des ateliers de musique, billard, coiffures et même de dessins sont mis à leur disposition. Ils doivent gérer l'entretien du matériel, mais également la propreté des lieux et le respect des créneaux horaires qu'ils se sont attribués entre eux. Le détenu s'engage à avoir une attitude respectueuse envers le personnel surveillant, mais aussi ses codétenus. Tout écart de conduite est sanctionné d'une exclusion du programme.


Le député Moetai Brotherson en visite dans les prisons de Nuutania et Tatutu
L'abime entre les conditions de détention des deux centres pose plusieurs problématiques. Selon Moetai Brotherson, on peut se poser la question d'un système pénitentiaire à deux vitesses où les femmes et les mineurs seraient des détenus de seconde zone.

i["Ce n'est certainement pas en une visite que je vais trouver les solutions. Je vais d'abord écouter les uns et les autres, c'est que je suis venu faire aujourd'hui. Il faut que je rencontre à nouveau les syndicats du personnel, je vais rencontrer à nouveau la direction. Je vais essayer de rencontrer la direction régionale, en métropole. Nous devons discuter tous ensemble, en mettant clairement les choses sur la table sans faire de faux semblants nous arriverons à faire avancer les différents dossiers.[…] J'espère qu'il y aura des améliorations globales]i" conclut l'élu à l'issu de sa visite.



Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 18 Septembre 2017 à 04:00 | Lu 3046 fois