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Le défi de l'emploi au cœur du projet de budget 2018


PAPEETE, 13 octobre 2017 - Le budget 2018 de la collectivité prévoit de s’articuler autour de l’investissement et de l’activité économique avec la croissance de l’emploi en ligne de mire.

Le rapport préparatoire au débat d’orientation budgétaire pour l’exercice 2018 a été transmis jeudi dernier aux représentants de Tarahoi. Le "DOB 2018" doit être examiné en commission législative jeudi prochain. Le document est à l'ordre du jour de séance plénière du 26 octobre, à l’assemblée de la Polynésie française.

Ce document de 294 pages est conçu pour éclairer les débats autour l’élaboration du budget primitif de Pays pour 2018. A l'assemblée, la journée du 26 octobre lui sera entièrement consacrée. Il détaille, mission par mission, les éléments de construction du budget et les grandes orientations pour le prochain exercice. Cet exposé décline aussi, depuis maintenant trois ans, un projet annuel de performance. Par ce biais, la présentation du budget se trouve détaillée au regard des ambitions du gouvernement dans la conduite de son action publique. Depuis le DOB 2016, ce projet annuel de performance pose des objectifs clairs et mesurables. Il doit permettre, cette année encore, à chaque représentant d'apprécier la politique que le gouvernement impulsera en 2018, avec les moyens budgétaires et fiscaux qui seront proposées au vote de l’assemblée avant la mi-décembre prochain.

Les derniers comptes économiques estiment pour 2016 une progression du Produit Intérieur Brut (PIB) de 1,8 % en volume après 1,5 % en 2015. Ce regain de croissance est principalement soutenu par la consommation des ménages et l'augmentation du pouvoir d’achat. L’objectif économique de la collectivité est d’accroître en 2018 la croissance du PIB à 2%, afin de créer les conditions du retour au plein emploi.

Cependant, en 2017 encore, malgré une nette reprise de la consommation des ménages, les richesses produites par la croissance ont plus bénéficié en Polynésie française à l’épargne qu’à l’investissement. Et c’est probablement ce qui explique en partie que, malgré des indicateurs économiques en nette amélioration, celui de l’emploi est encore à la peine, bien qu’en hausse de 2,8 % en mai dernier sur 12 mois.

"La croissance de l'emploi doit être la principale préoccupation de l'ensemble des acteurs publics et privés de ce Pays", insiste le DOB 2018 en propos liminaires. "Elle demeurera au cœur de l'action gouvernementale. Les efforts sur 2018 permettront d'accentuer le soutien à l'activité économique, principal moteur en mesure de créer durablement de l'emploi.
Les budgets publics seront toutefois pleinement maîtrisés. Une politique d'optimisation et d'ajustement de l'allocation des moyens budgétaires sera recherchée pour maintenir un soutien important à l'ensemble des domaines d'intervention du Pays, à la commande publique dans les domaines porteurs de développement (tourisme, grands projets, secteurs primaires) et également dans les domaines où notre retard est constaté, notamment le logement social et l'habitat. En matière d'optimisation supplémentaire, l'évolution de la fiscalité dans le strict cadre du pacte de stabilité fiscale permettra des allègements fiscaux dès lors qu'ils favoriseront la création d'emploi ou l'augmentation du pouvoir d'achat.
Cet exercice 2018 sera également conduit en adaptant le désendettement de la collectivité aux besoins d'investissement, la part contributive d'autofinancement du Pays s'étant améliorée. Enfin, la feuille de route retenue pour la mise en place de la réforme de la protection sociale généralisée pourra s'établir de manière cadencée à partir de 2018 (…) : par le regain d'activité économique retrouvée, les mesures préparatoires et les efforts financiers de la collectivité, les prévisions d'atterrissage du budget de la PSG pour la fin de l'année 2017 sont constatées en situation de déficit amoindri, confortant les acteurs et les partenaires, dans la capacité du Pays à mener cette réforme ambitieuse et à la soutenir financièrement, dans les meilleures conditions au bénéfice de la population
".

Recettes en forte hausse

En dépit du pacte de stabilité fiscale encore confirmé fin septembre par Edouard Fritch, à l’assemblée lors de son allocution pour l’ouverture de la session budgétaire 2017, les recettes de la collectivité sont en augmentation et ce phénomène devrait vraisemblablement se poursuivre en 2018. Au 31 août 2017 les recettes réelles de fonctionnement avaient progressé de 9,9 milliards Fcfp sur 12 mois, avec un rendement de 80,5 milliards contre 70,6 milliards à fin août 2016. Cette progression est désormais observée depuis 2015. Elle est le reflet de la reprise de la consommation qui génère des recettes fiscales en hausse de 13,45 % (+7,891 milliards Fcfp) en 2017. Aussi, le projet de budget 2018 est-il établi sur la base de 98,9 milliards Fcfp de recettes fiscales, en hausse de + 7,04 % par rapport au primitif 2017. Ce surplus de recette, le projet de budget primitif 2018 prévoit de le mettre à profit de la mise en place de mesures incitatives à la création d’emploi et à l'amélioration du pouvoir d'achat des ménages.
Le pacte de stabilité fiscale et la baisse progressive de l’impôt auxquels le gouvernement s’était engagé en 2016, sont préservés et les mesures fiscales projetées entendent s'inscrire dans une restitution progressive aux Polynésiens et aux entreprises, des efforts demandés entre 2013 et 2015 pour "favoriser à moyen et long terme la compétitivité et l’initiative privée", précise le DOB 2018 au chapitre des "éléments de construction du budget".

Au global, les recettes de fonctionnement de la collectivité présenteront en 2018 une progression de 3 % par rapport au Budget prévisionnel 2017. Ces moyens doivent permettre d'inscrire 26 milliards de crédits de paiement nouveaux pour 2018. A ce titre, le DOB souligne que l'effort d'investissement "sera maintenu et appuyé pour permettre, d'une part, la réalisation des infrastructures de développement nécessaires au Pays dans le cadre de la mise en œuvre des schémas directeurs et stratégiques, et d'autre part, la poursuite des programmes en faveur de l'habitat et du logement social et des plans d'actions économiques. Certaines mesures fiscales viendront également soutenir le secteur du bâtiment et l'emploi qui lui est associé, permettant un effet d'entraînement global".

La dette du Pays : 86,7 milliards

Au 1er août 2017, l’encours de la dette polynésienne s’élève à 84,9 milliards Fcfp. A la fin de l’année, cet encours est estimé à 86,7 milliards, affichant un désendettement annuel de 1,9 milliard. La politique de désendettement progressif initiée depuis 2015 par le gouvernement a permis de réduire l’encours de la dette de 7,5 milliards Fcfp de 2015 à 2017.
L’annuité de la dette en 2017 s’établit à 12,8 milliards Fcfp, dont 3,4 milliards pour les intérêts et 9,3 milliards pour le remboursement en capital. Au 1er janvier 2017, la durée de vie résiduelle de la dette est de 9 années et 9 mois.

Quelques indicateurs économiques

- Indicateur du climat des affaires (ICA) à en hausse à 110,4 au second semestre.
- Indice des prix à la consommation (IPC) en baisse de 0,7 % (hors tabac).
- Indice de l’emploi salarié marchand en hausse (+2,8 %) sur un an au mois de mai 2017.
- Nombre de demandeurs d’emploi en baisse (-3,9 %) au 3e trimestre
- Offres d’emplois : +17 % sur un an (en retranchant les 800 offres d’emplois exceptionnelles liées aux besoins de l’opération de recensement)
- Encours des crédits à accordés aux entreprises progresse : + 7,6 % sur un an
- Importations de biens de consommation et de biens d’équipement : + 4,1 % et + 7,4 %.
- Prêts immobiliers et encours des crédits à l’habitat : +3,5 % et + 3,9 % sur un an.
- Exportations de produits locaux : - 6,3 %
- Recettes d’exportations totales : - 0,7 %
- Montant des importations : + 5,8 %.
En projection, l'activité sur 2017 devrait permettre d'atteindre un niveau de croissance identique voire supérieur à celui de 2016 (1,8 %), positionnant le Pays dans une croissance du PIB en progression depuis 3 ans après 8 années de baisses successives.

Perspectives économiques 2018

Le rapport préparatoire au Débat d’orientation budgétaire (DOB) pour l’exercice 2018 souligne que "pour 2018, les indicateurs extérieurs sont orientés très favorablement. Les perspectives économiques mondiales sont propices : prix du pétrole, croissance mondiale stabilisée à 3,3 %, évolution positive du tourisme mondial. Les perspectives économiques de la Zone Euro et de la France sont également très positives. La progression continue de la croissance nationale, participe à la stabilisation des transferts publics. Malgré les retards constatés en 2017 sur les promesses d'autorisations d'engagement de l'Etat sur les partenariats financiers, le Pays poursuivra en 2018 sur ses moyens propres le lancement et le financement des opérations d'investissement, permettant de tenir les volumes d'activité de la collectivité.
L’objectif du gouvernement sur l'investissement est de stabiliser à un niveau supérieur le montant de liquidations des dépenses d’investissements entre 25 et 28 milliards Fcfp, quote-part de la commande publique à la relance et au maintien de l'activité.
En outre, l'investissement privé présente quelques signes de reprise. 2018 pourra bénéficier de son intensification. Pour le court terme, le projet de Hao entrera effectivement dans ses premières phases opérationnelles, l'ensemble des autorisations administratives étant acquises pour la réalisation des ouvrages à terre, apportant sa part d'activités et d’emploi.
Enfin, le projet de budget 2018 de la collectivité maintiendra ses niveaux d'intervention dans l'ensemble des secteurs clés (logement social, actions économiques, tourisme, soutien à l'emploi et à la solidarité, aménagements structurants).
Les efforts de la collectivité et la dynamique de la croissance économique retrouvée permettront sur 2018 de maintenir la tendance à la hausse, et ce, a minima sur les niveaux des années passées".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 13 Octobre 2017 à 14:17 | Lu 1275 fois