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Le Street Shop perquisitionné et placé sous scellés


PAPEETE, 28 mars 2018 - Le Street Shop a été perquisitionné mercredi matin puis placé sous scellé. De la marchandise et des équipements sont saisis. Les gérants sont entendus sous le régime de la garde à vue.

C’est la fin d’une aventure commerciale qui aura duré un peu plus d’un mois. Le "smoke shop" ouvert le 12 février dernier a fait l’objet d’une perquisition par les agents de la direction de la sécurité publique (DSP) sur réquisition du parquet de Papeete.

Quinze agents des forces de l’ordre ont participé à cette opération, avec le concours de Jipsy, la chienne de détection de stupéfiant de la police. Le magasin a été placé sous scellés en fin de matinée. La totalité de la marchandise est saisie pour inventaire, de même que de l'équipement informatique pour les besoins de l'enquête. Deux personnes sont actuellement en garde à vue. Une troisième pourrait les rejoindre dans la journée.

"Pour l'instant nous sommes uniquement sur le délit d'incitation à la consommation de produits stupéfiants qui est réprimé par le code pénal", a justifié le commissaire Mario Banner, mercredi matin.

Les enquêteurs de la DSP ont procédé ces derniers jours à des recherches, notamment sur la page Facebook de Street Shop Polynésie, à des observations de l'activité du commerce et à "des investigations" afin de "caractériser le délit", affirme aussi le patron de la DSP.

Le Street Shop de Papeete avait déjà fait l'objet d'un arrêté de fermeture administrative pour non-respect de la réglementation imposée aux établissements recevant du public (ERP). L'arrêté municipal 2018-111/DGS du 8 mars 2018, notifié le jour-même aux gérants du "smoke shop", constatait que les travaux mobiliers préalables à l'ouverture du commerce avaient été conduits sans autorisation, avant l'ouverture de la boutique faite sans l'aval de la commission de sécurité de Papeete. Il ordonnait en conséquence la fermeture administrative du magasin. Mais l'injonction était restée lettre morte depuis.

Dans le cadre d'une procédure parallèle, et à l'appui d'un possible délit d'incitation à la consommation de produits stupéfiants, l'opération coup-de-poing de ce mercredi aura visiblement mis un terme à ce commerce dont l'ouverture avait suscité une levée de bouclier des confessions religieuses et d'une partie de la société civile. Commerce pour lequel les gérants s'abritaient derrière un flou juridique en prétendant s'adresser à des "collectionneurs".

"Des messages sur Facebook appellent à la consommation (...) tous les produits qui sont mis en vente incitent à consommer du cannabis", conteste le commissaire Banner. "On a vu des mineurs pénétrer dans le magasin. Le soir de notre premier contrôle, le magasin était truffé de mineurs".

Début mars, un arrêté gouvernemental avait été pris par le conseil des ministres pour interdire l'importation de graines de cannabis. Le Street Shop se faisait en effet fort, auprès de ses "collectionneurs", de proposer un référencement rare en graines de cannabis issues de croisements, tout en reconnaissant que leur culture relevait de l'infraction pénale.

L'enquête préliminaire confiée aux agents de la DSP avait démarré peu après l'ouverture de la boutique, en février dernier. Elle semble avoir conduit, mercredi, vers l'épilogue d'un commerce avec pignon sur rue que les autorités ne souhaitaient pas voir prospérer plus longtemps à Tahiti.



Rédigé par JPV le Mercredi 28 Mars 2018 à 10:50 | Lu 8887 fois