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Le Nouveau mode électoral expliqué par le politologue Semir Al Wardi


L'hémicyclique de l'assemblée territoriale.
L'hémicyclique de l'assemblée territoriale.
La loi organique du 1er août 2011 ou loi Penchard, modifiant les conditions du scrutin en Polynésie française n’a rien d’un lifting léger. Au contraire, une vraie modification s’opère. Si le mode de scrutin retenu, avec une circonscription unique divisée en huit sections, s’apparente au mode électoral choisi pour les Régions en métropole, il a aussi ses particularités. Et surtout, ce sera aux hommes politiques Polynésiens de bien en comprendre les rouages, pour éviter les embûches. Car selon le politologue Sémir Al Wardi, enseignant chercheur à l’université de Polynésie française, qui tenait une conférence à la mairie de Papeete, jeudi soir, le nouveau mode électoral est un système couperet. Le parti politique ou la liste qui aura choisi la mauvaise stratégie se retrouvera tout simplement hors jeu, même si certains candidats dans les sections peuvent être crédités de scores excellents chez eux. Et ce sera surtout le cas pour les petites sections des archipels éloignés. De fait, l’élection se jouera essentiellement au sein des trois premières sections, les plus nombreuses en élus et en électeurs. «La stratégie électorale est extrêmement complexe» n’a cessé de dire le politologue durant son exposé.

En effet, le mode de scrutin joue à la fois sur la section et sur la circonscription unique. Aussi, un candidat très populaire chez lui dans sa section peut très bien ne pas être élu représentant si la liste sur laquelle il figure est créditée de moins de 5% des suffrages exprimés sur l’ensemble de la circonscription. «Cela va certainement générer des frustrations, des incompréhensions à l’issue des élections dans l’électorat des petites sections» explique Sémir Al Wardi. Le politologue ne croit guère à un report du calendrier des élections que rien ne pourrait réellement justifier. En revanche, le système de la parité tel que prévu dans la loi organique de 2011 pourrait être revu, pour reprendre le modèle de ce qui se fait pour les élections régionales en métropole. Encore faudra-t-il trouver un créneau disponible dans l’ordre du jour extrêmement chargé du Parlement.


Sémir Al Wardi.
Sémir Al Wardi.
Ce qu’il faut retenir dans ce nouveau mode de scrutin est avant tout le principe de la prime majoritaire de 19 sièges (sur 57) qui sera attribuée à la liste qui arrivera en tête. Ce qui devrait, enfin, assurer une stabilité politique à la Polynésie française. C’est ce qui s’est produit en tout cas pour les régionales en France depuis que ce mode de scrutin a été choisi. Contrairement à la France, il ne pourra pas y avoir de parachutage : les candidats des sections doivent être électeurs de la section dans laquelle ils se présentent ou au moins inscrits sur le registre des contributions locales. A l’issue du premier tour, seules les listes ayant obtenu au moins 12,5% des suffrages exprimés (sur l’ensemble de la circonscription) pourront se maintenir et celles ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés pourront négocier et fusionner avec une autre liste. C’est là, pointe le politologue, que des listes qui n’ont pas l’assise militante des deux partis principaux (Tavini et Tahoeraa) auront toutes leurs chances de s’immiscer sur les bancs de l’assemblée de Polynésie. A noter que ces panachages, ces négociations de l’entre deux-tours, ne peuvent être entrepris que par la tête de liste.

Mais pour Sémir Al Wardi, la vraie évolution de ce nouveau mode électoral est dans l’émergence d’une vraie indépendance de l’assemblée de Polynésie française vis-à-vis du pouvoir exécutif. Le président de l’assemblée et son bureau, à savoir les vice-présidents, sont élus pour cinq ans, jusqu’à la fin de leur mandat. « Ils sont inamovibles» alors que le président de Polynésie française peut toujours être visé par une motion de défiance. Ce qui fait dire au politologue que «l’assemblée va devenir un vrai contre-pouvoir et pourra contrôler les politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement (…) Vous verrez, l’assemblée de Polynésie française va prendre son indépendance par rapport à l’exécutif» prédit même Sémir Al Wardi.

Le Nouveau mode électoral expliqué par le politologue Semir Al Wardi
Les conférences de Te Ite No Ananahi

Créée le 10 mars 2009, l’Ecole de Formation Politique TE ITE NO ANANAHI a pour objet de :
• Sensibiliser, informer et former le public, notamment les jeunes cadres polynésiens, à l’histoire et au fonctionnement des institutions politiques de Polynésie française ;
• Mettre en place des programmes de formation spécifiques aux fonctions d’encadrement aux seins des institutions, collectivités et administrations ;
• De manière générale, mener toute action d’information ou de terrain (animations, visites, sorties éditions, rencontres et débats) permettant une meilleure approche pratique du monde politique en Polynésie française.

Pendant la mandature 2012/2013, le nouveau bureau de l’association a souhaité axer toutes ces conférences/débats sur des thèmes d’actualités.
L’association a choisi de mettre en place une formation sous forme de mini-conférences à destination de toute personne majeure quelque soit son appartenance politique, désireuse de s’informer sur le fonctionnement politique, voire de se « lancer » en politique.
L’association ne bénéficie d’aucune subvention publique. Elle supporte les coûts de gestion et d’organisation grâce aux adhésions et dons. L’adhésion est à 1000 Fcfp. Tous les intervenants sont bénévoles.
La prochaine conférence se tiendra le jeudi 25 octobre 2012 à 17h30 dans la salle polyvalente de la mairie de Pirae et aura comme thème : ‘’La Fonction Publique Communale’’. Plus de 4500 employés qui sont concernés par ce dossier.


Président : M. Olivier SUE
Tél : 77 69 40
E-mail : [email protected]



Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 28 Septembre 2012 à 14:38 | Lu 2705 fois