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Le Fonds vert pour le climat joue son avenir au sommet de New York


INCHEON, 21 septembre 2014 - Le Fonds vert pour le climat (FVC), mécanisme financier de l'ONU dépourvu de moyens, joue son avenir au sommet de New York où les pays les plus riches devront démontrer leur engagement à aider les plus pauvres sur la voie du développement durable.

Décidé à Copenhague fin 2009, le FVC, dont le siège est à Séoul, a été officiellement créé en 2010 par les accords de Cancun. Son conseil exécutif compte 24 membres, la moitié y représentant les pays développés et l'autre moitié les pays en développement.

Mais ses caisses sont quasiment vides alors que l'objectif est de mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020, engagement pris en 2009 par les pays industrialisés pour aider les pays vulnérables à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et à s'adapter aux effets du réchauffement.

Seule l'Allemagne a pour l'heure annoncé une contribution significative, 1 milliard de dollars.

"Nous attendons que d'autres pays profitent du sommet pour montrer l'exemple en annonçant leurs contributions au fonds", déclare sa directrice, la Tunisienne Hela Cheikhrouhou.

"Les premiers engagements, comme celui de l'Allemagne ou ceux (espérés) à New York, sont très importants pour créer la confiance", a-t-elle dit dans un entretien à l'AFP.

Il a fallu plus de trois ans pour fixer le mode de fonctionnement du fonds, des atermoiements qui ont suscité impatience et irritation, reconnaît Mme Cheikhrouhou.

Le FVC vise le transfert de fonds des pays les plus développés vers les pays les plus vulnérables afin de lutter contre les effets des changements climatiques et de soutenir les projets pouvant diminuer les émissions de gaz à effet de serre ou faire reculer la déforestation.

En clair, il s'agit de convaincre les pays pauvres ou émergents que les impératifs de préservation de l'environnement et de lutte contre le réchauffement climatique sont compatibles avec la croissance socio-économique.

"Il faut lancer ce changement de paradigme maintenant. Plus nous attendons, plus ce sera difficile et coûteux", prévient la directrice du fonds.

- Le sommet de Paris en 2015 -

Celui-ci dispose actuellement de 55 millions de dollars, une somme dérisoire alors que la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, avait escompté une capitalisation de départ de 10 milliards de dollars avant la fin de l'année. Les pays en voie de développement demandaient 15 milliards.

La pérennisation du fonds est cruciale pour la crédibilité de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) avant la réunion de Lima en décembre qui doit préparer la conférence de Paris l'an prochain.

La communauté internationale s'est en effet donné comme objectif de conclure en 2015 un accord universel, contraignant et ambitieux sur les réductions de GES.

"Le fonds doit servir à convaincre les pays qu'ils seront soutenus (financièrement) s'ils signent l'accord", souligne Hela Cheikhrouhou, et le sommet de New York est l'occasion d'exposer "l'urgence" de la situation.

"L'engagement allemand a fixé le curseur en permettant aux autres pays de réviser leur projet de contribution, dans la plupart des cas à la hausse", assure-t-elle, en précisant que la Norvège devrait annoncer "une contribution substantielle" au sommet.

In fine, ce n'est pas la crédibilité du fonds qui est en jeu mais "la crédibilité de ceux qui ont promis de l'argent", avertit Mme Cheikhrouhou.

Il reste par ailleurs beaucoup de points d'interrogation sur l'allocation des fonds, entre les projets destinés à atténuer les effets du réchauffement climatique en réduisant les émissions et ceux destinés à s'adapter à ces même effets.

Jusqu'ici, environ 85% des financements allaient aux mécanismes de réduction des émissions, 15% seulement à l'adaptation.

Rien d'anormal, selon Hela Cheikhrouhou. "Quand le bateau coule, il faut d'abord colmater les brèches. Ensuite seulement on peut commencer à écoper".

Rédigé par AFP le Samedi 20 Septembre 2014 à 20:02 | Lu 201 fois