Tahiti Infos

Le CESC adopte son rapport sur l’aménagement des plages publiques


Avant de rendre leur avis sur un projet de « loi du pays » relatif au Mahana Beach la semaine prochaine, les membres du Conseil économique, social et culturel ont tenu une séance plénière ce matin jeudi 31 octobre pour adopter le rapport de l’autosaisine « L’aménagement des plages publiques en Polynésie française : entre une indispensable exploitation et valorisation touristiques ».

Introduction

Les plages sont des espaces communs essentiels en Polynésie française, elles font partie du quotidien du polynésien. Elles constituent également un excellent attrait touristique pour notre économie locale et la mise en valeur de notre destination.

Ces plages représentent un facteur important de cohésion sociale pour la population locale qui doit pouvoir se retrouver sur ces lieux de baignade en toute sécurité, le plus facilement possible et en toute convivialité. Ces lieux représentent également un fort potentiel touristique et économique. Lorsque l’on parle de tourisme, on ne parle pas uniquement de tourisme international mais également de celui des résidents. Le polynésien a toujours été orienté vers la mer qui fait partie intégrante de sa culture et de son identité. Mais l’utilisation de ces espaces communs ne doit pas se faire au détriment de l’environnement.

Les plages de la Polynésie française font partie d’un vaste ensemble appelé zone côtière ou littoral. Territoire d’interface entre la terre et la mer, cet ensemble apparaît comme un des lieux où s’expriment au plus haut degré les enjeux d’un développement durable. Il apparaît donc incontournable d’élargir le sujet à la notion de littoral.

La préservation de la bande littorale est fondamentale puisque c’est la zone la plus soumise aux pressions liées à de multiples usages : baignade, nautisme, activité portuaire, de pêche et d’aquaculture, urbanisation.

Directement soumise au recul du trait de côte, cette bande littorale est l’espace susceptible d’être le plus affecté par les risques naturels liés notamment aux effets du changement climatique (élévation du niveau de la mer, augmentation de la force et de la fréquence des perturbations météorologiques, fortes houles, dépressions tropicales, cyclones, tsunamis, érosion…).

Ces enjeux économiques, sociaux et environnementaux se trouvent par ailleurs complexifiés du fait de l’interrelation entre la mer, la bande littorale et l’intérieur des îles de la Polynésie, et mettent en évidence l’exigence d’une gestion des conflits d’usage, dans le respect de l’environnement. En effet, « les sociétés littorales sont composées de ceux qui y vivent, ceux qui en vivent et ceux qui y viennent, avec des frontières de plus en plus floues entre ces catégories ».

Une autre spécificité du littoral polynésien consiste en la multiplicité des acteurs qui interviennent sur ce territoire à des niveaux très divers et souvent de façon disjointe entre les domaines terrestre et maritime : l’administration du Pays (direction des affaires foncières, direction de l’équipement, service de l’urbanisme, direction des ressources marines, direction de l’environnement, service du tourisme…), les communes, les services de l’État, les établissements publics, les professionnels et associations.

La bande côtière et les plages polynésiennes représentent donc une zone géographique particulièrement sensible et complexe qui présente incontestablement des enjeux.

Si ce fait est connu depuis quelques temps des autorités et institutions du Pays, les pressions croissantes que cette zone subit (et va continuer à subir) nécessitent aujourd’hui de trouver les conditions pour que le développement durable de ces espaces devienne une réalité.

Le présent rapport comportant diverses recommandations n’a pas vocation à se substituer aux actions ou initiatives existantes, mais il doit pouvoir être un complément et permettre de nourrir une réflexion liée au littoral Polynésien tout en constituant un outil de synthèse et de propositions.

Conclusion

Les plages de la Polynésie française et plus généralement le littoral de nos îles constituent indéniablement un patrimoine naturel inestimable, unique et « paradisiaque ». Cependant, ces espaces sont aujourd’hui fragilisés et menacés.

Les rivages, plages, récifs coralliens et lagons représentent autant de milieux qui assurent de nombreuses fonctions socio-écologiques. Leur importance et leur conservation ne sont plus à démontrer.
Pourtant, de plus en plus fréquentés, urbanisés et exploités, ces milieux sont devenus des espaces vitaux menacés.

Face à ces constats, le CESC souhaite qu’une véritable politique volontariste de valorisation et de protection de ce patrimoine naturel soit développée et mise en œuvre en Polynésie française.

La valorisation de nos plages et de notre littoral requiert :
•une organisation et une harmonisation de l’accès à la mer et de l’utilisation des espaces littoraux, vecteurs de cohésion sociale. Cela suppose que le Pays et les communes anticipent les besoins des populations.
•la promotion de l’identité culturelle et patrimoniale de ces espaces ;
•l’amélioration de la gouvernance de l’ensemble de ce patrimoine notamment par la mise en place d’une instance de pilotage, de réflexion et de concertation le tout dans une perspective de cohésion, de transversalité, de coordination et une mutualisation des moyens entre les différents acteurs (Etat, Pays, Communes).

Afin de protéger et de préserver les sites, les milieux et les paysages remarquables du littoral face à la hausse constante des pressions comme l’artificialisation, le CESC préconise que soit assurée une stricte application des textes en vigueur.

Le Pays doit par ailleurs être en mesure de maîtriser les pollutions marines et terrestres pour protéger les espèces naturelles notamment par une réglementation adaptée comportant un système répressif bien assimilé, telle que le Rahui.

Des objectifs et des priorités pour la protection et le développement équilibré du littoral, notamment dans le cadre d’une loi « littoral », doivent être définis afin de tendre vers une gestion cohérente, intégrée et planifiée des milieux littoraux et de la mer. La continuité écologique entre la terre et la mer doit en effet être mieux considérée.

L’aménagement et l’accès à ces espaces en fonction de nombreuses activités doivent s’effectuer dans le cadre d’une politique d’éco-conception au travers d’un texte cadre.

L’identification des espaces à protéger doit être poursuivie et leur prise en compte par les documents d’urbanisme effectuée. Les connaissances sur ce patrimoine naturel doivent être développées et systématisées.

Enfin, pour viser une prise de conscience, un véritable plan de communication et d’information est essentiel pour sensibiliser les générations actuelles et futures sur la nécessité de protéger nos espaces littoraux.

Présenté par messieurs Pascal Luciani et Toni Tereino en leur qualité de rapporteurs, le rapport d’autosaisine a été adopté à l’unanimité des 34 membres présents.


Rédigé par CESC le Jeudi 31 Octobre 2013 à 14:44 | Lu 1371 fois