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La famille du Français condamné à mort en Indonésie implore Hollande et l'UE de le sauver


Metz, France | AFP | mardi 21/04/2015 - La famille de Serge Atlaoui, un Français condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue et dont l'ultime recours a été rejeté mardi, a imploré François Hollande et l'Union européenne de "mettre tout en œuvre" pour le sauver.

"Notre famille en appelle au président de la République, M. François Hollande, et à l'Union européenne pour mettre tout en œuvre pour sauver Serge Atlaoui du peloton d'exécution", a déclaré à l'AFP l'un de ses frères, André Atlaoui, appelant aussi à une "mobilisation citoyenne" en France.

"Je ne vous cache pas notre énorme désarroi, notre incompréhension et notre souffrance sans réponse" face à la décision de la Cour suprême d'Indonésie, a-t-il ajouté, tout en soulignant que sa famille allait continuer à se battre et "ne pas baisser les bras".

Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a de son côté déclaré que la France continuait "à espérer un geste de clémence" de l'Indonésie. La condamnation de Serge Atlaoui, si elle était mise à exécution, "aurait évidemment des conséquences sur les relations entre ce pays et la France", a-t-il ajouté.

Serge Atlaoui, un artisan soudeur de 51 ans, originaire de la région de Metz et père de quatre enfants, est incarcéré depuis dix ans en Indonésie pour trafic de drogue. Mais il a toujours clamé son innocence, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique, qui abritait en réalité une fabrique clandestine d'ectasy.

Il pourrait être le premier Français à être exécuté depuis près de 40 ans.



Jakarta, Indonésie | AFP | mardi 21/04/2015 - 12:29 GMT | 701 mots

ajoute ministre français des Affaires étrangères et appel de la famille

par Benoit FINCK

La Cour suprême d'Indonésie a rejeté mardi l'ultime recours d'un Français condamné à mort pour trafic de drogue, qui risque d'être fusillé dans les prochaines semaines et de devenir le premier Français à être exécuté depuis près de 40 ans.

Incarcéré depuis dix ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est, dont la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde, Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy près de Jakarta et condamné deux ans plus tard à la peine capitale.

Cet artisan soudeur de 51 ans s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, et le président de l'époque s'était rendu sur place.

Le Français avait saisi la Cour suprême, espérant obtenir un procès en révision, car il estimait qu'il ne méritait pas la peine de mort. Mais son ultime recours a été rejeté en dépit de l'avis favorable émis par le tribunal de la banlieue Jakarta qui avait examiné le dossier avant de le transmettre à la Cour suprême.

"Il n'y a pas de nouveaux éléments, et les raisons avancées dans le recours ne peuvent pas effacer le crime commis par le condamné", a déclaré à l'AFP le juge Suhadi, indiquant que le recours avait été rejeté par une formation collégiale de trois magistrats dont il a fait partie.

La France "continue à espérer un geste de clémence", a toutefois réagi mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

"Ce qui nous choque dans cette affaire, c'est bien évidemment le sort de notre compatriote, mais aussi le fait que tout le monde reconnaît qu'il n'a joué qu'un rôle mineur, à supposer qu'il ait joué un rôle, et que ceux qui dirigeaient cette affaire de drogue, qui étaient des Indonésiens, n'ont pas été condamnés à la même peine", a poursuivi M. Fabius.

Parallèlement, l'un des frères de Serge Atlaoui, André, a appelé le président François Hollande et l'Union européenne à "mettre tout en œuvre" pour sauver ce Français qui pourrait être exécuté dans les semaines à venir, le parquet général indonésien ayant fait part de son empressement à procéder à une deuxième vague d'exécutions, après celle de janvier.

Six condamnés parmi lesquels cinq étrangers avaient alors été fusillés, pour la première fois depuis 2013.
- Toutes les demandes de grâce rejetées -

La France, farouchement opposée à la peine de mort abolie en 1981, a en outre à nouveau averti mardi, par la voix de M. Fabius, l'Indonésie qu'une exécution de Serge Atlaoui aurait des "conséquences" sur les relations bilatérales.

Si celui-ci était passé par les armes, il serait le premier Français à être exécuté en 38 ans, selon l’ONG Ensemble contre la peine de mort.

Marié et père de quatre enfants, il pourrait être exécuté en même temps que d'autres étrangers - d'Australie, des Philippines, du Brésil et du Nigeria - également condamnés à mort pour trafic de drogue.

Tous ont vu leur demande de grâce rejetée par le président Joko Widodo, qui a pris ses fonctions en octobre dernier. Il avait fait savoir qu'aucune clémence ne serait accordée aux condamnés à la peine capitale pour drogue, expliquant que la consommation de produits stupéfiants faisait des centaines de morts chaque année dans l'archipel.

Le parquet général à Jakarta avait fait savoir que la date d'exécution des prochains condamnés à mort serait annoncée après la fin des procédures en cours, celle du Français devant la Cour suprême étant l'avant-dernière avant le recours d'un Ghanéen, dont le résultat semble imminent.

Serge Atlaoui, originaire de Metz (nord-est de la France), avait raconté en février dans un entretien téléphonique avec l'AFP, de sa prison, qu'il était venu en Indonésie pour travailler dans une "usine d'acrylique" pour un très bon salaire versé au noir.

Il avait affirmé qu'il avait passé avant son arrestation moins de deux mois en Indonésie, et n'avait pas touché l'argent promis.

Le Français a été condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité et fait appel, avant de se voir infliger la peine de mort, comme huit autres hommes interpellés en même temps que lui.

Rédigé par () le Mardi 21 Avril 2015 à 04:07 | Lu 675 fois