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La délégation de service public accordée à la fédération de boxe anglaise


(Photo d'archives SB).
(Photo d'archives SB).
PAPEETE, le 27 octobre 2016 - Le ministère des Sports a attribué la délégation de service public pour la discipline de la boxe anglaise à la Fédération de boxe anglaise. Une décision justifiée par la direction de la jeunesse et des sports, décriée par la Fédération polynésienne de boxe et son avocat.

Le 18 octobre dernier, la délégation de service public pour la pratique de la boxe anglaise a été attribuée à la Fédération de boxe anglaise (FBA). Une décision administrative qui met fin au flou sportif qui régnait autour de cette discipline. En effet, en début d'année, la délégation de service public n'a pas été renouvelée à la Fédération polynésienne de boxe (FPB) qui la détenait depuis quatre ans. Pour la boxe comme pour les autres disciplines sportives, la qualité de délégataire de service public offre la capacité à la fédération reconnue pour tel d’organiser les championnats, de décerner les titres, de procéder aux sélections, de représenter la collectivité auprès des instances nationales ou océaniennes… en somme d’organiser la vie et le devenir de la pratique sportive. Cette DSP est octroyée tous les quatre ans.

La ministre des Sports a estimé que la fédération ne remplissait plus sa part du contrat pour l'obtenir de nouveau. La Fédération polynésienne de boxe conserve cependant son agrément et reste éligible à la subvention. En 2015, le Pays lui a accordé un total de 3,277 millions Fcfp. L’organisation rassemble 900 licenciés, selon l'estimation du service de la jeunesse et des sports, 1500 selon son président Tauhiti Nena. Un effectif considérablement réduit fin 2015, après la constitution de la Fédération de boxe anglaise, par d’anciens de la FPB. Cette nouvelle organisation compte 300 licenciés, selon la même source. En 2016, elle aussi a sollicité l'obtention d'une délégation de service public.

En attendant que la DSP soit accordée
à l’une des deux fédérations locales, la vie de la discipline sportive "boxe anglaise" a été gérée par une commission ad hoc. Finalement, c'est la fédération de boxe anglaise qui a été choisie pour recevoir la délégation de service public.

UN RECOURS DEVANT LA COUR ADMINISTRATIVE DE PARIS

"Nous avons traité ce dossier techniquement et pas politiquement, rassure le directeur du service des sports, Antony Pheu. Pour obtenir une DSP, il y a des critères à respecter, il faut tout faire dans les règles." Pour étudier les dossiers des deux fédérations, une commission a été créée. Elle a regroupé en son sein des cadres techniques du service de la jeunesse et des sports et de la mission aide et assistance technique (MAAT), entre autres. "Nous avons trouvé que le projet de la fédération polynésienne de boxe était plus tournée vers de la boxe événementielle. Le projet de la fédération de boxe anglaise était plus en accord avec la politique ministérielle. Il est plus tourné vers la formation, la boxe éducative…"

Du côté de la fédération polynésienne de boxe, le combat continue. Les cadres de la fédération ont saisi le tribunal administratif de Papeete pour demander l'annulation de cette décision. Déboutée, la FPB s'est pourvue devant la cour administrative de Paris, en métropole. "La décision rendue par le tribunal administratif est totalement illégale, c'est dramatique, s'insurge Maitre Eftimie-Spitz, avocate de la FPB. Le ministère reproche à la fédération polynésienne de ne pas développer le sport de masse mais il y a quand même 1500 adhérents. Elle doit prouver qu'elle a formé des cadres : 30 ont été formés en 2015 ! La FPB est présente dans les cinq archipels! Elle est partout, les résultats sont incontestables… Les arguments du ministère ne tiennent pas! Nous avons l'impression que cette décision est plus une décisions politique qu'autre chose…" L'avocate espère que ce dossier sera examiné rapidement et que la cour administrative annulera la décision du ministère des Sports.

La délégation de service public est accordée à la Fédération de boxe anglaise jusqu'au 31 décembre 2019.

"Je pense qu'on pourrait faire une économie en fermant les services des sports et en supprimant le ministère des Sports…"

Tauhiti Nena est le président de la fédération polynésienne de boxe et le président du comité olympique de Polynésie française.

"Je vois que la ministre, soutenue par le président, continue dans cette bêtise. Ce qu'il faut savoir sur la fédération polynésienne de boxe c'est que c'est une des fédérations où il y a plus de cadres sur les 39 fédérations affiliées. Nous sommes 1500 licenciés et nous sommes représentés dans tous les archipels. Nous sommes la seule fédération à avoir des officiels validés par la fédération internationale. Maintenant si la ministre a décidé de continuer dans la bêtise, c'est son droit. En ce qui nous concerne, nous continuons notre travail. Mais bon, c'est sûr que cela ne va pas être bien pour le mouvement sportif. Il faut savoir que nous n'avons aucune subvention, le problème n'est même pas là. Nous sommes capables de fonctionner avec rien du tout. Aujourd'hui, je pense qu'on pourrait faire une économie en fermant les services des sports, en supprimant le ministère des Sports."


Rédigé par Amelie David le Jeudi 27 Octobre 2016 à 16:13 | Lu 2491 fois