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La chasse au tigre se transforme en course au gros chat


FERRIERES-EN-BRIE, France | AFP | vendredi 14/11/2014 - Le tigre n'était sans doute qu'un gros chat: après plus de 24 heures de traque haletante et médiatisée, les autorités, qui avaient déployé de gros moyens pour retrouver le fauve présumé en région parisienne, ont reconnu vendredi qu'il s'agissait d'un félin a priori inoffensif.

Deux cents policiers et gendarmes mobilisés, un hélicoptère réquisitionné, des spécialistes des félins appelés à la rescousse... La chasse au tigre en Seine-et-Marne a pris fin vendredi midi, après de nouvelles analyses réalisées par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et le Parc des félins, un zoo spécialisé du département.

"Il n'y a pas de gros félin, donc pas de dangerosité pour la population", déclare la chef de la direction départementale de la sécurité publique, Chantal Baccanini. "C'est entre le chat domestique et un félin plus gros", renchérit Eric Hansen, responsable pour l'Ile-de-France de l'ONCFS, excluant aussi la piste du lynx.

Jusque-là, les autorités s'étaient pourtant montrées catégoriques, sur la foi des premières expertises. "Des spécialistes ont identifié les traces et confirmé qu'il s'agissait bien d'un tigre", avait déclaré jeudi une source préfectorale. "Aucun doute", avait abondé un responsable de la Louveterie, organe en charge de la régulation des nuisibles.

Mais patatras: des examens plus poussés des empreintes ont montré que l'animal, qui court toujours à une quarantaine de kilomètres à l'est de Paris, est un félin de petite taille, loin du fauve menaçant que les autorités pensaient traquer.

"Il peut s'agir d'un gros chat domestique d'une dizaine de kilos, ou bien d'un petit félin, de 20 à 30 kilos", explique Eric Hansen. Selon l'ONFCS, le seul félin présent à l'état sauvage en Seine-et-Marne est le "chat forestier", un animal "inoffensif" qui ressemble à un gros matou.

- 'Plus de battues' -

Pourquoi cette erreur d'appréciation? L'absence d'éléments de comparaison, sur la photo prise jeudi matin par une riveraine, pouvant permettre aux spécialistes de jauger la taille de la bête mais aussi une évaluation erronée des empreintes découvertes sur un terrain meuble et boueux près de l'endroit où le félin a été vu.

"L'empreinte d'un animal, ce n'est jamais facile à identifier", justifie Eric Hansen. "Après, il y a sans doute eu un emballement", convient ce responsable de l'ONCFS, pour qui "huit à dix témoignages" de personnes pensant avoir vu le tigre ont été rapportés aux autorités.

La traque dans les sous-bois de Seine-et-Marne a monopolisé l'attention des médias, venus en nombre suivre la progression des recherches. Et mobilisé de lourds moyens humains, sans compter un chien spécialisé dans la chasse à l'ours...

Tôt vendredi matin, une station Total sur l'aire de Ferrières-en-Brie, sur l'autoroute A4, avait même été fermée, après la découverte de nouvelles traces. Bison futé avait appelé les automobilistes à "la plus grande prudence" après le signalement de cet "animal errant" qui avait, selon toute vraisemblance, traversé l'autoroute.

"On parlait d'un tigre. C'est un animal qui est potentiellement extrêmement dangereux. Notre mission était de proportionner la riposte par rapport au risque potentiel", s'est défendu vendredi le sous-préfet de Torcy, Frédéric Mac Kain.

Par mesure de précaution, un dispositif de sécurité a été maintenu dans le secteur de Seine-et-Marne où le félin a été vu. "Des policiers et gendarmes sont toujours sur zone. Les écoles du périmètre font notamment l'objet d'une surveillance", dit-on de source préfectorale.

Mais le dispositif de recherche, pour sa part, a été suspendu. "Il n'y a plus de battues" et l'hélicoptère doté d'une caméra thermique, qui survolait la zone jour et nuit depuis jeudi, "est posé au sol", a précisé à l'AFP la préfecture, qui assure que les moyens restent "mobilisables" en cas de nouvelle alerte.

Plusieurs fausses alertes au félin ont déjà eu lieu en France. En août 2006, une "grosse bête noire" avait été vue sur la place de Wissant (Pas-de-Calais) et recherchée en vain par environ 80 gendarmes et un hélicoptère. Vingt ans plus tôt, c'est au Touquet qu'on avait cherché sans succès un "gros félin noir", vu mais jamais trouvé.

Rédigé par () le Vendredi 14 Novembre 2014 à 05:30 | Lu 2748 fois