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La célèbre moustache de Salvador Dali est intacte


Figueras, Espagne | AFP | vendredi 21/07/2017 - Le peintre espagnol Salvador Dali a fait vendredi une brève ré-apparition digne de sa vie excentrique, lors de son exhumation en vue de prélèvements ADN pour une recherche de paternité... qui a permis de constater que sa célèbre moustache était intacte.
"J'étais très anxieux à l'idée de ce que je verrais, et j'étais absolument ébahi, comme si c'était un miracle (...) quand est apparue la moustache", a témoigné vendredi le médecin légiste Narcis Bardalet, peu après l'exhumation.
"C'était Salvador Dali Domenech avec sa moustache à dix heures dix, et sa chevelure", a ajouté l'homme qui s'était chargé, il y a 28 ans, d'embaumer le cadavre.
"C'était un moment émouvant pour lui et pour nous aussi", a aussi déclaré à la presse le secrétaire général de la Fondation Dali, Lluis Peñuelas Reixach, en évoquant aussi cette moustache noire relevée "en croc", si caractéristique de Dali qui aimait s'en amuser en écarquillant les yeux.
Comme pour prolonger la rocambolesque vie du peintre surréaliste marié à une moscovite, Gala, l'ancienne femme de Paul Eluard, une cartomancienne de 61 ans, Pilar Abel, a déposé devant la justice une demande de reconnaissance de paternité.
Presque trente ans après la mort de Salvador Dali le 23 janvier 1989 à 84 ans, la juge chargée du dossier a ordonné l'exhumation demandée par la voyante, originaire de Figueras comme lui.
Jeudi soir, Figueras a revécu les accès de folie médiatique de Dali.
Un aréopage d'autorités, d'experts judiciaires et avocats a défilé, pour assister avec solennité à l'ouverture de la tombe du maître située sous la grande coupole du Théâtre-Musée Dali. L'exhumation a duré près de quatre heures à l'abri des regards. Les présents avaient dû déposer leur téléphone portable pour éviter toute photo volée du cadavre, a précisé Lluis Peñuelas.
Une lourde dalle de plus d'une tonne recouvrant sa tombe a été soulevé avant l'ouverture du cercueil en bois massif.
Les experts ont ensuite prélevé des échantillons de "cheveu, d'ongle, et deux os longs", a précisé Lluis Peñuelas en ajoutant qu'ils seront restitués à l'issue de la procédure.
 

- Héritage conséquent -

 
Si la filiation était démontrée, Pilar Abel, une femme aux grands yeux noirs et aux cheveux sombres, serait la seule descendante de Salvador Dali et pourrait prétendre à un quart de son héritage, entièrement légué à l'Etat espagnol.
Si en revanche elle était écartée, la cartomancienne pourrait s'attendre à de gros ennuis.
"Si Pilar Abel n’est pas la fille de Dali et bien nous devrons demander à cette dame le remboursement des coûts que l’exhumation a générés", a déclaré l'avocat de la Fondation, Albert Segura. 
La célérité de la justice dans cette affaire a surpris tout le monde, alors que la juge n'a même pas examiné le recours déposé pour suspendre l'exhumation.
Une source judiciaire avait expliqué à l'AFP que le recours de la Fondation n'était pas suspensif et avait été déposé trop tard pour permettre à toutes les parties de s'exprimer.
Pourtant, a assuré l'avocat, "la jurisprudence espagnole dit clairement que pour organiser un acte aussi invasif et agressif contre la mémoire d'un mort il est nécessaire, indispensable, que les indices soient suffisants" pour que la demande de paternité ait une chance d'aboutir, ce qui n'était pas le cas.
Selon lui, la demande n'était en effet fondée que sur la déclaration devant notaire "d'une amie de la mère de Pilar Abel, qui assure que celle-ci lui avait raconté avoir eu une fille avec Dali".
Le ministère de la Culture espagnol avait annoncé au moment de la mort que l'héritage comprenait plus de 700 oeuvres d'art dont 250 au moins signées de la main du peintre des horloges molles. Au moins quatre propriétés dans sa Catalogne natale y figuraient aussi.
Son avocat pour l'exécution testamentaire, Miguel Domenech, avait à l'époque évalué l'héritage à quelque 136 millions de dollars.  
Selon l'avocat de la Fondation, Pilar Abel n'aurait droit qu'à une part de l'héritage tel qu'il était à l'époque, et pas aux revenus qu'il a générés.
La Fondation Salvador Dali administre aujourd'hui trois sites largement bénéficiaires, le "théâtre musée" où il est enterré, qui a reçu 1,1 million de visiteurs en 2016, la "maison musée château Gala Dali" et la "maison musée Salvador Dali" à Cadaquès. 

le Vendredi 21 Juillet 2017 à 06:24 | Lu 889 fois