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La Nouvelle-Calédonie souhaite créer une "Opep" du nickel avec l'Indonésie et les Philippines


NOUMÉA, 25 novembre 2013 (AFP) - La Nouvelle-Calédonie souhaiterait créer une "Opep" du nickel avec l'Indonésie et les Philippines, pour tenter d'éviter les chutes de cours comme celle que connaît aujourd'hui ce métal non-ferreux, a expliqué lundi le gouvernement calédonien.

Pour la première fois la semaine dernière, une importante délégation, conduite par le président du Congrès et le vice-président du gouvernement calédonien, tous deux indépendantistes, s'est rendue en Indonésie "pour planter une graine".

"Nous avons proposé de créer entre l'Indonésie, les Philippines et la Nouvelle-Calédonie, une organisation des pays producteurs et exportateurs pour mieux maîtriser les prix du marché", a déclaré Gilbert Tyuienon, vice-président de l'exécutif.

Il a précisé que cette offre avait suscité "un vif intérêt" auprès des interlocuteurs du gouvernement de Jakarta, prêts "à ouvrir des discussions". Le cadre de régulation en place pour l'étain et le caoutchouc pourrait servir de référence, ont-ils proposé.

Le marché du nickel, dont 80% des ressources mondiales d'une teneur supérieure à 1,8% se trouvent en Indonésie et en Nouvelle-Calédonie, traverse une crise sévère, essentiellement due à un excédent de production.

L'Indonésie joue un rôle central dans cette situation car elle exporte massivement du minerai vers la Chine, dont la production de fonte de nickel, alliage à base de nickel à basse teneur, va cette année atteindre 450.000 tonnes.

"Les Chinois pilotent les cours, ils produisent à bas coût en dehors de toutes normes sociales et environnementales", a fait valoir un industriel du Caillou.

Aussi, durant leur séjour, les élus calédoniens ont insisté auprès de leurs interlocuteurs pour qu'ils mettent en application la loi n°4 de 2009, qui prévoit une interdiction des exportations de minerai brut à compter du 12 janvier 2014.

Compte tenu de l'impact économique et social d'une mesure "brutale", l'Indonésie s'achemine plutôt vers l'instauration de "quotas d'exportation", selon Roch Wamytan, chef du Congrès calédonien,

"C'est une mission historique dont le but était de poser les fondements de nos futures relations bilatérales. Nous avons une proximité géographique, culturelle et historique avec cet immense pays en croissance", a également déclaré M. Wamytan.

"Nous nous sommes présentés comme un pays frère", a ajouté le leader kanak, rappelant que l'Indonésie comptait 15 millions de Mélanésiens.

En vertu de l'accord de Nouméa, qui octroie une très large autonomie à ce territoire français du Pacifique, le gouvernement calédonien a le pouvoir de nouer des accords avec les pays de la région, "dans ses domaines de compétences". "Cela se fera avec l'accord de la France", a indiqué M. Tyuienon.

Rédigé par () le Lundi 25 Novembre 2013 à 05:03 | Lu 738 fois