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L'exposition "Kanak, l'art est une parole" ouvre ses portes samedi à Nouméa


NOUMÉA, 13 mars 2014 (AFP) - L'exposition "Kanak, l'art est une parole", présentée d'octobre à janvier au Musée du Quai Branly à Paris, investit à partir de samedi et jusqu'au 15 juin les salles du Centre culturel Tjibaou à Nouméa.

Sur les 360 objets exceptionnels présentés à Paris, seuls 160 ont fait le voyage jusqu'à Nouméa, où ils ont été distribués dans trois salles du Centre Tjibaou sur 700 mètres carrés.

"Les objets viennent se ressourcer sur leur terre", a déclaré Henri Gama, coordinateur général.

Puisés dans les collections des grands musées européens et de Nouvelle-Calédonie et dans des collections privées, tous ces objets sont le fruit de vingt ans d'inventaire du patrimoine kanak dispersé à travers le monde.

L'exposition rend hommage à l'impressionnante production artistique de ce petit peuple d'Océanie de tradition orale dont les objets ne prennent sens que portés par une parole.

"Aucun de ces objets ne fonctionne en dehors d'un discours ou d'une parole", a déclaré à l'AFP Roger Boulay, ethnologue et l'un des deux commissaires de l'exposition.

Haches-ostensoirs à lame de jade, objets de prestige et d'échange entre grandes chefferies, sculptures monumentales liées à la case (flèches faîtières de plusieurs mètres de haut, chambranles sculptés, etc.), masques, coiffes, colliers, casse-tête phallique témoignent de la variété des expression.

Construit autour de la thématique "du visage et des reflets", l'évènement relate par des dessins, des sculptures ou des affiches le regard porté par les Européens sur le monde kanak, après la prise de possession française en 1853.

Une salle est entièrement consacrée à Ataï, chef kanak meneur en 1878 d'une rebellion historique contre les spoliations foncières de l'administration coloniale.

Au moulage post-mortem de la tête de ce guerrier, tué par des supplétifs kanaks puis décapité, et au casse-tête lui ayant appartenu font écho des tee-shirts, des casquettes ou des sacs à dos à son effigie, aujourd'hui prisés par les jeunes indépendantistes.

"La culture kanak existe, elle est vivante. Cette exposition explique comment les objets s'inscrivent dans l'histoire du pays", a indiqué Roger Boulay, soulignant que des oeuvres d'artistes contemporains figurent dans l'exposition.

A l'appui de cette exposition, un documentaire intitulé "Le souffle des ancêtres" est présenté cette semaine au Centre culturel Tjibaou.

Dernier des grands travaux de François Mitterrand, inauguré en 1998, ce centre aux lignes futuristes porte le nom du leader charismatique des indépendantistes kanaks, assassiné en 1989, Jean-Marie Tjibaou.

cw/dpn

Rédigé par () le Jeudi 13 Mars 2014 à 05:20 | Lu 387 fois